A Strasbourg, manifestation contre un jumelage avec un camp palestinien
Un rassemblement est prévu à l'initiative du Crif Alsace, du Consistoire israélite du Bas-Rhin et du FSJU, qui réclament de la part des élus de "véritables initiatives de paix"

Le projet de jumelage de la ville de Strasbourg avec le camp palestinien d’Aïda, qui sera soumis au vote du Conseil municipal lundi, sème la zizanie, l’opposition accusant la maire d' »importer le conflit ».
Juste avant ce conseil qui débutera à 09H00, un rassemblement est prévu à l’initiative du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Alsace, du Consistoire israélite du Bas-Rhin et du Fonds social juif unifié (FSJU).
Avant même le début du conseil, une cinquantaine de membres de la communauté juive de Strasbourg se sont réunis en début de matinée devant le centre administratif pour manifester contre ce projet de jumelage, à l’appel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Alsace, du Consistoire israélite du Bas-Rhin et du Fonds social juif unifié (FSJU).
Ces organisations entendaient manifester leur soutien à Israël et réclament de la part des élus de « véritables initiatives de paix ». Elles demandent aussi la reprise du jumelage de Strasbourg avec la ville israélienne de Ramat Gan.
Ce jumelage, qui date de plus de 30 ans, est « gelé », car les « conditions ne sont pas réunies », avait précisé en mai à l’AFP la maire écologiste, Jeanne Barseghian. Elle avait annoncé parallèlement sa volonté de nouer un jumelage avec le camp d’Aïda, situé près de Bethléem, en « soutien au peuple palestinien ».
Benjammin « Netanyahou, il passera, la guerre finira, bientôt j’espère. Mais l’existence d’Israël, c’est-à-dire le sionisme, on ne peut pas le remettre en question sous prétexte que le dirigeant actuel et que la guerre actuelle on les réprouve », a déclaré Dalia Adjedj, l’une des manifestantes.

Sur les pancartes brandies, des slogans tels que « la paix au Proche-Orient et à Strasbourg », ou « Soutien à la ville de Ramat Gan sous les bombes« .
La ville de Ramat Gan a effectivement était la cible de missiles iraniens meurtriers la semaine dernière.
A quelques mètres, une poignée de manifestants ont scandé des slogans de soutien à la Palestine, remettant en cause le gouvernement Netanyahou et appelant les « juifs à (les) rejoindre contre le sionisme, pas contre le judaïsme ».
Keffieh
Le mois dernier, le Crif avait exprimé sa « consternation » puis critiqué le keffieh porté par Jeanne Barseghian lors de la visite à Strasbourg d’une délégation du camp d’Aïda ainsi que le cadeau reçu: une « carte d’Israël couverte de drapeaux palestiniens sur tout le territoire sur lequel Israël a disparu« .
« Accepter un tel cadeau tout en portant le keffieh quand on représente la ville de Strasbourg est un choix politique grave et lourd de sens », avait déploré le Crif.

« Accepter un tel cadeau tout en portant le keffieh quand on représente la ville de Strasbourg est un choix politique grave et lourd de sens », a déploré le Crif.
« Huile sur le feu »
La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) a de son côté annulé une action éducative prévue début juin en partenariat avec la mairie de Strasbourg, déplorant un « militantisme aux accents antisionistes ».
Quant à l’opposition, elle a reproché à Jeanne Barseghian d’avoir « contribué à importer ce conflit dans notre ville, jetant de l’huile sur le feu et provoquant l’incompréhension – voire l’indignation – de nombreux Strasbourgeois, de toutes origines et de toutes convictions, légitimement inquiets face à l’escalade dramatique au Proche-Orient ».
Dans une missive commune, Pierre Jakubowicz (Centristes et progressistes), Catherine Trautmann (Faire ensemble Strasbourg) et Jean-Philippe Vetter (Union de la droite et du centre) ont réclamé le dégel du jumelage avec Ramat Gan, en Israël.
A l’inverse, plusieurs partis (PCF, NPA, La France insoumise) et syndicats de gauche (FSU, Solidaires, CGT) ont soutenu la maire EELV.
Le jumelage avec Aïda vise à renforcer les échanges et la coopération dans les domaines de la jeunesse, selon la municipalité.

Tags antisémites
La délibération présentée en Conseil municipal précise que Strasbourg « réitère son appel à une paix juste et durable, à un cessez-le-feu immédiat et à la fin du siège de Gaza, ainsi qu’à la libération immédiate et sans condition des prisonniers et otages, dans le respect des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations unies »
Ces derniers mois, un autre partenariat, celui de Sciences Po Strasbourg avec une université israélienne, avait déjà été une source de dissensions et la cause de blocages répétés du bâtiment universitaire par des étudiants.
Avec la mobilisation de lundi, le Crif Alsace, le Consistoire israélite du Bas-Rhin et le FSJU veulent aussi alerter les élus « sur les discours de haines antisionistes qui se développent dans notre ville à travers les graffitis, les affiches et les manifestations radicales ».
Depuis le 7 octobre, date des attaques sans précédent du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas contre Israël, des tags antisémites ont été retrouvés à Strasbourg, notamment sur le campus universitaire et près d’un lieu de mémoire de la Shoah.
Mme Barseghian a « condamné fermement » cette recrudescence d’actes antisémites.