Israël en guerre - Jour 469

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'Si je critique l'endroit où je vis, je le fais par amour'

A Venise, un film nourri par les traumatismes du service militaire israélien

Samuel Maoz raconte dans “Foxtrot” deux générations issues des survivants de la Shoah, dans un appartement de Tel Aviv et à un checkpoint du désert

Samuel Maoz, réalisateur, avec son épouse Laura, en novembre 2009. (Crédit : Moshe Shai/Flash90)
Samuel Maoz, réalisateur, avec son épouse Laura, en novembre 2009. (Crédit : Moshe Shai/Flash90)

Déjà sacré à Venise en 2009 avec son film « Lebanon », l’Israélien Samuel Maoz tente huit ans plus tard de décrocher un deuxième Lion d’Or avec « Foxtrot », une histoire de deuil avec pour toile de fond deux générations traumatisées par le service militaire israélien.

Le film se déroule dans deux univers en vase clos. Un père est dans son appartement très dépouillé à Tel Aviv. Son fils, un jeune militaire, surveille avec trois soldats un barrage sur une route boueuse perdue dans un paysage désertique, davantage empruntée par les chameaux que par les hommes.

« Mon but n’est pas de faire un film réaliste sur un barrage routier. De mon point du vue, le barrage routier est un microcosme de la société, une société apathique et anxieuse, avec des perceptions déformées venant d’un terrible passé traumatique », explique Samuel Maoz, 55 ans.

Dans ce « désert des tartares » stylisé, le jeune soldat trompe son ennui en dessinant et fait des pas de foxtrot sur l’asphalte, contrôlant très épisodiquement des voitures d’arabes figés dans un silence humiliant. Une routine froide qui va conduire à une bavure.

La police des frontières au checkpoint de Qalandiya, le 23 octobre 2012. Illustration. (Crédit : Oren Nahshon/Flash90)
La police des frontières au checkpoint de Qalandiya, le 23 octobre 2012. Illustration. (Crédit : Oren Nahshon/Flash90)

« J’ai choisi ce cadre grotesque et théâtral parce que je veux que les gens aient une vision plus large pour les aider à comprendre le monde arabe », indique le réalisateur.

« Si je critique l’endroit où je vis, je le fais parce que je me fais du souci, parce que je veux le protéger, je le fais par amour », précise-t-il en écho aux premières critiques d’une ministre dans son pays.

‘Puzzle philosophique’

Nous sommes loin néanmoins du film politique et le réalisateur préfère parler d’un « puzzle philosophique » avec une forte dimension visuelle.

« Je ne veux pas faire du cinéma sur l’actualité, je crois que mon cinéma cherche à faire vivre des expériences et pénètre dans l’âme des personnages », souligne-t-il.

Le scénario complexe met en parallèle deux générations, la première issue des survivants de la Shoah et la deuxième.

« Chacune a fait l’expérience du traumatisme pendant son service militaire, c’est une situation traumatique sans fin qui nous est en partie imposée, mais dont une autre partie aurait pu être évitée », note le cinéaste et scénariste.

Le père, en apparence impassible lorsque des militaires viennent lui annoncer la mort de son fils alors que son épouse s’écroule, affiche une colère qui l’incite à donner des coups de pieds à son chien.

Il garde en lui un secret de son service, événement qui lui a évité la mort et qui va résonner avec le destin aléatoire de son fils.

Ce dernier semble l’avoir compris et le dessine avec un X noir sur le visage. « Il y a beaucoup de personnes dans mon pays avec un X sur le visage », constate Samuel Maoz.

En 2009, il avait triomphé à Venise avec « Lebanon », son premier film autobiographique « écrit avec ses tripes », qui montre les horreurs de la guerre à travers le viseur d’un tank lors de la première guerre du Liban en 1982.

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