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Processus de paix

Abbas : Tsahal pourra rester en Palestine pendant 5 ans

Mahmoud Abbas autorisera la présence temporaire de l'OTAN et de Tsahal dans le futur Etat palestinien. Une condition contestée par Israël

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à une réunion du Conseil révolutionnaire du Fatah à Ramallah (Crédit : Issam Rimawi/Flash90)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à une réunion du Conseil révolutionnaire du Fatah à Ramallah (Crédit : Issam Rimawi/Flash90)

Le président de l’Autorité palestinienne autorisera peut-être la présence de quelques troupes israéliennes dans le futur Etat de Palestine, dans un délai maximum de cinq ans. En revanche, les troupes de l’OTAN seront autorisées à stationner dans le pays aussi longtemps que nécessaire.

« D’ici cinq ans, il n’y aura plus d’occupation dans mon pays », a déclaré Mahmoud Abbas, dans une interview accordée au New York Times le 3 janvier.

Le président de l’Autorité palestinienne a ajouté que le délai ne serait pas décidé par le gouvernement israélien. « Cela serait une humiliation pour nous… Ce sera comme un test qu’ils nous feront passer et auquel nous échouerons, évidemment. »

Alors qu’il était résolu à refuser toute présence israélienne, Mahmoud Abbas a accepté l’intervention des troupes de l’OTAN, afin de satisfaire les exigences sécuritaires d’Israël. « Aussi longtemps qu’ils en auront besoin, où ils le souhaitent, à l’est et à l’ouest. Partout », a-t-il déclaré. « L’OTAN peut aller partout. Pourquoi pas chez nous? »

« D’ici cinq ans, il n’y aura plus d’occupation dans mon pays », Mahmoud Abbas

Les troupes de l’OTAN resteront « pour rassurer les Israéliens et pour nous [les Palestiniens] protéger. Notre Etat sera démilitarisé. Nous ne nous faisons pas d’illusions. Comment pouvons-nous être en sécurité si Israël ne se sent pas en sécurité ? »

Dans tous les cas, il ne souhaite pas l’avènement d’une troisième Intifada. « A l’avenir, je ne prônerai jamais un retour à la lutte armée. »

Dans le passé, les négociateurs palestiniens s’étaient montrés ouverts à la possibilité d’accueillir sur leur territoire une force internationale de maintien de la paix. Néanmoins, cela a été une source de désaccord avec les Israéliens. Benjamin Netanyahu insiste sur le fait qu’Israël a le droit d’assurer lui-même sa sécurité. Mais pour Mahmoud Abbas, cette question est non négociable.

Un haut responsable israélien, interviewé ce lundi par le Times of Israel sous couvert d’anonymat, a déclaré qu’une présence israélienne maintenue pendant 5 ans « posait un certain nombre de problèmes ».

« Nous vivons dans une région très imprévisible, où les challenges en terme de sécurité sont constants. Fixer un délai pour cadrer cette présence militaire se révèle très problématique. Nous devons nous fonder sur la réalité du quotidien sur le terrain, sur les faits. Etablir un calendrier artificiel est une erreur. Et évidemment, Israël doit en avoir la responsabilité. »

Concernant le déploiement d’une force multinationale, ce dernier a déclaré qu’Israël était « extrêmement sceptique ». « Israël doit avoir la capacité de se défendre par ses propres moyens. Nous ne pouvons pas nous permettre de déléguer nos exigences sécuritaires les plus fondamentales. Dans le passé – au Liban, sur le plateau du Golan et à Gaza – les forces multinationales ont prouvé que, sous pression, elles n’étaient pas à la hauteur de ce type de challenges.

« Nous n’avons jamais demandé aux Américains d’envoyer des troupes », a-t-il ajouté. « Dans les années 80, lorsque les Américains ont été attaqués au Liban, ils se sont retirés. Ceci est arrivé pendant le mandat de Reagan. Ainsi, il n’y a pas de substitut à une présence militaire israélienne. »

Si les négociations venaient à échouer, Mahmoud Abbas a averti qu’il ferait appel à diverses organismes et tribunaux internationaux.

D’après le New York Times, Mahmoud Abbas a déclaré qu’il résistait à la pression de l’establishment et de la rue palestinienne – y compris celle de l’OLP et du Fatah.

« Je n’aime pas aller au tribunal. Ce n’est pas un lieu que j’affectionne. Je préfère résoudre les problèmes que nous avons avec les parties concernées. Mais si je n’y parviens pas, mettez-vous à ma place… Que dois-je faire ? »

Comme il l’a déjà fait dans le passé, Mahmoud Abbas refuse de céder à la demande du gouvernement Netanyahu et de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif.

« C’est hors de question », a-t-il répondu, en précisant que les accords de paix avec la Jordanie et l’Egypte n’avaient pas comporté une telle clause.

En réaction aux propos de Mahmoud Abbas, le responsable israélien s’interroge : « Comment peut-on mettre fin à un conflit, obtenir la paix et une réconciliation en bonne et due forme si les Palestiniens ne reconnaissent pas Israël comme Etat juif ? Israël est-il un Etat légitime, à l’intérieur de ses frontières ? Tant que les Palestiniens ne répondent pas à cette question de manière univoque, la paix sera hors de notre portée. »

Israël fait face à une pression croissante de la part des Américains pour négocier un accord de paix avec les Palestiniens.

Martin Indyk, l’émissaire du département d’Etat américain au Proche-Orient, a annoncé la semaine dernière qu’un accord-cadre serait vite présenté aux deux parties et que ces derniers pourraient émettre des réserves. Ce document constituerait une base en attendant la signature d’un accord final d’ici la fin de l’année 2014.

Il prévoit la création d’un Etat palestinien sur la base des frontières d’avant 1967, un échange de territoires qui permettrait à 75-80% des colons de passer sous administration israélienne. Par ailleurs, l’accord définit Israël comme un Etat juif. Il prévoit des indemnités financières pour les réfugiés palestiniens mais exclut la notion de droit au retour. Quant au statut de Jérusalem, il reste encore à être précisé.

Pendant ce temps, des responsables politiques israéliens ont déclaré au Times of Israel que l’accord-cadre ne provoquerait pas de crise au sein de la coalition gouvernementale. Tant que celui-ci n’est pas définitif et qu’il n’est pas soumis à un vote, le ministre de l’Economie Naftali Bennett ne risquera pas de fragiliser l’équilibre de la coalition.

Ces dernières semaines, quelques sources palestiniennes – non confirmées – ont sous-entendu que l’accord serait rejeté par l’équipe de négociation palestinienne.

Durant le weekend, Saeb Erekat, chef des négociations, a exclu la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif.

Lors d’un discours à la Conférence sur la Sécurité à Munich, il a déclaré que cette demande était inacceptable. « Quand vous me demandez d’accepter Israël en tant qu’Etat juif, vous me demandez de changer ma vision de l’Histoire », a-t-il ajouté.

Le ministre des Finances israélien Yair Lapid et le secrétaire d’Etat américain John Kerry ont tous les deux mis en garde les deux parties : en cas d’échec des négociations, Israël devra faire face à une nouvelle vague de contestation et de boycotts sur la scène internationale. Par ailleurs, ces déclarations ont suscité de fortes réactions de la part de la droite israélienne.

A Munich, le ministre de la Défense Moshe Yaalon a réitéré la position israélienne : « Sans une reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif, l’abandon du droit au retour et une réponse à nos exigences sécuritaires », il n’y aura pas d’accord.

« Si nous ne parvenons pas à un accord, nous nous débrouillerons », a-t-il conclu, malgré les conséquences néfastes qu’un échec pourrait avoir sur l’économie israélienne et l’image du pays sur la scène internationale.

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