Lapid : Israël, face à une crise économique en cas d’échec des négociations de paix
Le ministre des Finances affirme qu'un boycott européen frappera "chaque israélien", augmentera le coût de la vie et coupera les budgets
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
Un boycott des produits israéliens par les pays européens, si les pourparlers de paix venaient à échouer, constituerait un drame pour l’économie israélienne, prévient le ministre des Finances, Yair Lapid, lors de son discours donné à l’Institut d’Etudes de sécurité nationale.
Fondé sur une évaluation préparée par le chef économiste du ministère des Finances, Lapid signale, qu’à même à faible échelle, un boycott « frapperait la poche de chaque citoyen israélien. » Le cout de la vie augmenterait tandis que les budgets de l’éducation, de la sécurité, de la santé seraient sévèrement réduits, a-t-il poursuivi.
En outre, les exportations seraient confrontées à une perte de 20 milliards de shekels (soit, 4.25 milliards d’euros) et le PIB serait probablement réduit de 11 milliards de shekels par an. Sans compter quelques 9800 travailleurs qui seraient immédiatement licenciés.
« Nous devons avoir en tête que si les pourparlers de paix échouent – et le monde pensera que ce sera de notre faute – il y aura un prix à payer, et il vaut mieux que nous sachions à combien il s’élève, » précise Lapid.
Le ministre des Finances israélien a également rejeté les allégations portées par le ministre de l’Economie et du commerce, Naftali Bennett, à savoir qu’un Etat palestinien serait un fardeau économique pour Israël. Un accord de paix entraînerait une augmentation de 20 milliards de NIS par an pour le budget de l’Etat, et une croissance potentielle qui s’estime à 16 millions de NIS pour les exportations, a-t-il maintenu.
« Aujourd’hui, Israël est plus exposé économiquement qu’il n’est exposé au niveau de sa sécurité, a-t-il ajouté. La question sécuritaire nous fait oublier occasionnellement le fait que notre armée n’est pas un but, mais un outil. Un instrument censé nous permettre d’arriver à un accord, censé renforcer l’économie d’Israël et assurer son avenir en tant qu’Etat juif. »
Les remarques de Yair Lapid font écho à celles du secrétaire d’Etat américain, John Kerry la semaine dernière au Forum économique mondial de Davos, en Suisse. Kerry avait effectivement souligné les bénéfices économiques qu’Israël tirerait à la suite à un accord avec les Palestiniens. Il précise que l’Etat d’Israël aurait une reconnaissance diplomatique immédiate et entretiendrait des relations économiques avec le monde arabo-musulman. Son PIB augmenterait potentiellement de 6% par an.
Le discours de Lapid est intervenu quelques heures après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ait assisté à une réunion dont l’ordre du jour concernait le boycott des pays européens à l’égard des entreprises israéliennes.
C’était la première fois que le gouvernement de Netanyahu prenait le temps de se réunir pour discuter sérieusement des stratégies à adopter pour contrecarrer le boycott des pays européens.
Une source gouvernementale a déclaré à Haaretz que la réunion avait été motivée par l’annonce faite plus tôt ce mois-ci de la société néerlandaise PGGM, l’un des 20 premiers gestionnaires d’actifs de retraite à l’échelle mondiale – qui a dépossédé cinq banques israéliennes car étant impliquées dans le financement de la construction d’implantations juives.
De nombreux fonds de pension en Scandinavie et aux Pays-Bas ont déjà privé à l’entrepreneur de la défense israélienne Elbit Systems de préoccupations liées à ses activités dans les territoires occupés .
Jusqu’au mois dernier, l’Union européenne avait envisagé des mesures pour étiqueter les produits fabriqués dans les implantations, une décision qui pourrait gravement nuire à la vente.
Mais les discussions sur l’étiquetage ont été mises en attente pour le moment, parce que l’Europe travaille en étroite collaboration avec Kerry pour soutenir les négociations israélo-palestiniennes en cours.