Adam Teva VDin prône une zone frontalière de Gaza transformée en modèle écologique
Le groupe de défense de l'environnement a présenté une feuille de route de reconstruction plus verte et plus durable, alors que le gouvernement va approuver un cadre de réhabilitation du secteur
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Alors que le gouvernement doit approuver, dimanche, un cadre pour un plan stratégique s’étendant sur cinq ans qui permettra de réhabiliter et de développer la zone frontière de Gaza, dévastée lors de l’assaut terroriste du 7 octobre, l’organisation de défense de l’environnement Adam Teva VDin a présenté des propositions visant à transformer le secteur en exemple national de développement durable.
Dans un document partagé avec les responsables du gouvernement, l’organisation appelle à renforcer l’économie de la région – rebaptisée Hevel Tekuma, « zone de renaissance » en hébreu – en privilégiant l’agriculture durable, avec des produits qui seraient largement commercialisés en Israël ; en intégrant des codes de construction écologiques stricts de manière à s’assurer que les habitations seront adaptées au changement climatique dans cet environnement désertique et en mettant en place un système d’assainissement local circulaire où les déchets d’un individu deviennent la ressource d’un autre, et où les déchets qui ne peuvent pas être recyclés sont utilisés pour fournir de l’énergie.
La région a été très endommagée après que des terroristes du Hamas ont envahi le sol israélien le 7 octobre, assassinant 1 200 personnes, des civils en majorité, dans des circonstances barbares ; incendiant les habitations, les voitures et autres biens, laissant la désolation dans leur sillage. Le même jour, 240 personnes ont été prises en otage et ramenées en captivité au sein de l’enclave côtière.
Les dégâts environnementaux ont ensuite été exacerbés par la présence et les mouvements des véhicules lourds de l’armée et des équipements militaires.
La vaste majorité des résidents des communautés frontalières ont été évacués et ils vivent dans des logements temporaires, notamment dans des hôtels.
Le secteur, qui se trouve dans un périmètre de sept kilomètres de la frontière avec Gaza, qui s’appelait précédemment Otef Aza ou Enveloppe de Gaza, comprend la ville de Sderot et les conseils régionaux d’Eshkol, Hof Ashkelon, Sdot Negev et Shaar Hanegev. Ces conseils fournissent des services à des dizaines de communautés qui sont rurales dans leur majorité.
La reconstruction sera une tâche colossale.
En ce qui concerne l’agriculture, Adam Teva VDin propose d’octroyer un statut particulier à la production, dans la région frontalière de Gaza, en s’assurant que les produits intégreront les plans d’approvisionnement du gouvernement (à hauteur de dizaines de millions de shekels) en les étiquetant de manière à encourager les Israéliens à les acheter – une initiative qui pourrait augmenter les ventes de 10 %, affirme le groupe.
Le groupe déclare que les produits locaux sont plus frais et que lorsqu’ils sont produits sans molécules chimiques nuisibles, ils sont aussi meilleurs pour la santé. Des études récentes montrent que les coûts peuvent également baisser d’un dixième. De plus, les produits cultivés par le biais de l’agriculture durable se vendent mieux à l’étranger.
La guerre contre le Hamas a aussi révélé l’ampleur de la vulnérabilité d’Israël dans sa dépendance au gaz naturel – un gaz fossile. La plateforme gazière Tamar a été fermée pendant les premiers jours des hostilités par crainte d’une attaque et le gouvernement a approuvé l’importation de davantage de carburant et de charbon, permettant même à la compagnie pétrolière d’État – la Europe Asia Pipeline Company — de débarquer de plus grandes quantités de carburant des pétroliers qui s’amarraient au port d’Eilat, sur la mer Rouge, dans le sud du pays, dans la mesure où la ressource serait utilisée par Israël.
Adam Teva V’Din a pour sa part expliqué que la région, une fois réhabilitée, devra être équipée en matière d’énergie solaire et de stockage énergétique. Ce qui rendra plus difficile, pour un ennemi potentiel, de pousser le pays dans l’impasse énergétique en détruisant quelques installations déterminantes. Et ce qui réduira aussi la nécessité de construire des centrales, très chères et très polluantes, abaissant les coûts de l’électricité pour l’industrie et pour les ménages et réduisant la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre.
Mais pour garantir de réelles avancées vers les énergies renouvelables, le gouvernement doit initier des projets, rendre plus attractifs les investissements privés dans les panneaux solaires, prévoir des exemptions fiscales pour les autorités locales et moderniser encore le réseau électrique de manière à s’assurer qu’il est en capacité d’absorber plus d’énergie solaire, a dit le groupe.
De l’argent pourra être prélevé dans ces objectifs sur le fonds souverain qui a été créé pour réaffecter une part des bénéfices réalisés par les compagnies gazières privées, et ce au bénéfice des futures générations.
L’organisation a également remarqué que dans la mesure où l’industrie aura encore besoin de gaz naturel, des efforts devront être livrés pour s’assurer que toutes les usines sont bien reliées au réseau de gaz.
Le document a aussi attiré l’attention sur la fragilité de ce secteur du pays, qui est particulièrement sec, à un moment où le climat se dérègle, et il a proposé de renforcer les obligations légales actuelles qui encadrent les constructions écologiques pour les bâtiments publics ou privés de manière à mieux préparer la population à un climat plus chaud et à abaisser les frais de fonctionnement pour certains équipements, comme les climatiseurs.
Il a aussi souligné la nécessité d’impliquer les communautés dans toutes les étapes de la planification, de leur donner un sentiment de contrôle dans un pays où « le planning et le développement partagés sont quasiment non-existants ».
L’élimination des déchets provenant des dégâts énormes essuyés par les biens, le 7 octobre – les maisons, les véhicules, entre autres- devra se faire en plusieurs étapes, en commençant par l’étude de ces déchets et leur tri, a recommandé l’organisation.
Le métal devra être envoyé au recyclage. Les autres matériaux pourront être vendus. Le reste pourra être broyé là où il se trouve, et utilisé comme sous-couche pour de nouvelles routes ou pour de nouveaux chemins – ce qui évitera de devoir utiliser de nouveaux matériaux.
Les déchets broyés pourront aussi alimenter des structures de gazéification, qui les transformeront en énergie.
Adam Teva VDin a suggéré avec insistance de revoir tout le système de transport public, dans le secteur frontalier de Gaza, en le rendant à 100% électrique, avec de nombreuses aires de recharge.
Certaines de ces recommandations ont été retenues dans le document qui devrait être approuvé dimanche par le gouvernement.
Le mois dernier, le gouvernement avait annoncé l’établissement d’une administration, l’Administration Tekuma, qui serait dirigée par l’ancien général de brigade Moshe Edri.
Le plan sur cinq ans devrait être totalement développé dans les 120 prochains jours et il sera ensuite présenté au gouvernement pour approbation définitive.