ADL : La chanson « Kill the Boer » peut être considérée comme un appel à la violence
Elon Musk avait précédemment accusé le politicien sud-africain Julius Malema, qui a une publié une vidéo interprétant cette chanson, de "pousser au génocide des Blancs"
JTA – L’Anti-Defamation League (ADL) a exprimé son inquiétude au sujet d’une chanson sud-africaine appelant au meurtre des « Boers » – « fermiers » en Afrikaans – après qu’Elon Musk a incité à plusieurs reprises le groupe à s’exprimer – le dernier épisode en date d’une querelle entre le groupe juif de défense des droits civiques et le milliardaire.
À la fin du mois dernier, une vidéo d’un politicien sud-africain de gauche interprétant cette chanson vieille de plusieurs décennies a été diffusée sur le réseau social de Musk, X, anciennement connu sous le nom de Twitter. Les paroles de la chanson, qui est à l’origine un chant anti-apartheid, comprennent les mots « Kill the Boer, the farmer » (« tuer le Boer, le fermier »), une référence aux Blancs sud-africains. La foule s’est jointe à l’homme politique, Julius Malema, qui a scandé ces paroles au micro lors d’un grand rassemblement, en pointant son doigt comme une arme.
Depuis, Malema a publié des messages sur le réseau social, affirmant que ce chant était une « chanson de lutte » et ne devait pas être pris au pied de la lettre, une position reprise par les historiens spécialistes de l’apartheid. Mais des voix de droite en Afrique du Sud, entre autres – dont celle de Musk, qui est né dans ce pays et y a vécu jusqu’à l’âge de 17 ans, peu après la fin de l’apartheid – ont appelé à la condamnation de la chanson.
« Ils poussent ouvertement au génocide des Blancs en Afrique du Sud », a posté Musk le 31 juillet. S’adressant au président sud-africain, il a écrit : « @CyrilRamaphosa, pourquoi ne dites-vous rien ? »
Les militants d’extrême-droite affirment depuis des années que les fermiers sud-africains blancs sont tués en grand nombre. Les spécialistes affirment que cette affirmation est fausse, mais en 2018, elle a été appuyée par Tucker Carlson, alors animateur de Fox News, et, par la suite, par le président américain de l’époque, Donald Trump.
Ces affirmations ont refait surface dans les jours qui ont suivi la publication de la vidéo de Malema. Musk s’est alors tourné vers l’ADL, demandant à plusieurs reprises au groupe de condamner publiquement Malema.
« Pourquoi ne dites-vous rien, @ADL ? », a-t-il a posté le 4 août. « Il ne fait aucun doute qu’ils parle littéralement d’un génocide. Pourquoi les organisations comme @ADL restent-elles silencieuses ? », a-t-il écrit quatre jours plus tard. Puis mercredi, il a écrit qu’il « interpellait tout particulièrement le New York Times et l’ADL » pour le racisme présumé dans les médias américains à l’encontre des Blancs et des Asiatiques.
Alors que l’ADL se concentre généralement sur la lutte contre l’antisémitisme et les préjugés de manière plus générale aux États-Unis, l’attaque de Musk contre le groupe intervient après des mois au cours desquels l’ADL a condamné ses tweets dénigrant le financier et philanthrope juif George Soros, ainsi que ce qu’elle appelle son manque d’attention à l’égard des discours à caractère haineux sur la plateforme. Musk avait riposté en écrivant en mai que « l’ADL devrait simplement laisser tomber le ‘A' », ce qui en ferait la « Ligue de la diffamation ». Le groupe avait également appelé à un boycott temporaire des publicités sur Twitter, bien qu’il ait récemment recommencé à acheter des publicités sur la plateforme, selon le Forward.
Mercredi, l’ADL a réagi en publiant une déclaration sur la chanson, attribuée à son PDG, Jonathan Greenblatt. « Bien qu’il s’agisse d’une chanson de protestation historique qui appelait au démantèlement du système raciste de l’apartheid en Afrique du Sud, ses paroles crues pourraient être interprétées comme un appel à la violence », a déclaré Greenblatt.
La déclaration poursuit en disant que « les mots sont importants, et les gens, en particulier ceux qui sont dans la vie publique, devraient s’abstenir d’utiliser des expressions qui invoquent la menace de la violence ».
Il a toutefois ajouté que la discussion autour de la chanson a donné lieu à des allégations de « génocide blanc », un terme favorisé par les suprémacistes blancs qui prétendent à tort qu’il existe un complot de la part des personnes non-blanches pour tuer les Blancs. Les allégations selon lesquelles les Juifs veulent détruire les Blancs ont alimenté les attaques antisémites, notamment les fusillades dans les synagogues de Pittsburgh et de Poway, en Californie.
« Ces accusations farfelues ont été utilisées pour excuser la haine, justifier le harcèlement et rationaliser la violence », a déclaré Greenblatt dans son communiqué.