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Affaire des sous-marins : la police recommande d’inculper l’ancien témoin d’Etat

Miki Ganor, qui représentait l'armateur allemand et aurait payé des officiels de la défense et des proches de Netanyahu, a perdu son immunité après être revenu sur son témoignage

L'homme d'affaire israélien Miki Ganor, arrêté dans l'affaire du sous-marin connue comme "l'Affaire 3000", à l'audience de la Cour suprême à Jérusalem le 22 mars 2019. 
(Yonatan Sindel/Flash90)
L'homme d'affaire israélien Miki Ganor, arrêté dans l'affaire du sous-marin connue comme "l'Affaire 3000", à l'audience de la Cour suprême à Jérusalem le 22 mars 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

La police aurait recommandé aux procureurs de l’Etat que le lobbyiste Miki Ganor soit inculpé pour corruption, après qu’il est revenu sur des éléments clefs de son témoignage, perdant ainsi son statut de témoin de l’accusation dans une enquête majeure sur des soupçons de corruption dans l’achat de sous-marins à l’Allemagne.

La police pense que des fonctionnaires israéliens ont reçu des pots-de-vin pour soutenir un énorme contrat d’achat de sous-marins militaires à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars, dans ce que certains ont qualifié du plus grand scandale de corruption de l’histoire du pays. L’affaire implique de nombreux associés du Premier ministre Benjamin Netanyahu, mais pas le Premier ministre lui-même, qui est visé par des accusations de corruption dans trois autres affaires.

Miki Ganor, un ancien employé en Israël de l’armateur allemand ThyssenKrupp, était le témoin clef de l’accusation dans l’Affaire 3000, l’enquête pour corruption dans l’achat de sous-marins. Il avait conclu un accord avec les procureurs en juillet 2017 pour devenir témoin de l’accusation et coopérer dans l’enquête, qui se focalisait sur la période où il a travaillé pour l’entreprise entre 2009 et 2017. Il a reconnu avoir corrompu une série d’officiels haut placés pour l’aider à obtenir des contrats pour Thyssenkrupp avec le ministère de la Défense d’Israël.

Pourtant, dans un retournement de situation en mars, il avait informé la police qu’il souhaitait modifier des éléments clefs de son témoignage dans l’enquête. Miki Ganor a affirmé que s’il maintenait bien les faits qu’il avait reconnus à la police, les paiements qu’il avait effectués étaient en fait des frais de conseil et non pas des pots-de-vin. Il a déclaré que les enquêteurs avaient fait pression sur lui pour qu’il décrive les circonstances afin qu’elles aillent dans le sens de l’accusation, à savoir qu’il avait agi pour corrompre des fonctionnaires de l’état.

Photo prise le 1 décembre 2012, au siège du géant allemand de l’industrie ThyssenKrupp AG à Essen, en Allemagne. (Crédit : AFP PHOTO/PATRIK STOLLARZ)

La décision serait intervenue après que l’intéressé aurait découvert que signer un accord pour devenir témoin d’Etat avait placé son nom sur une liste noire de banques internationales, bloquant ainsi son accès à des dizaines de millions de shekels détenus dans des banques à Chypre et en Australie.

En mai, les procureurs l’ont informé que son accord avec l’Etat était annulé, lui retirant son immunité contre des poursuites.

La brigade anti-fraude Lahav 433 de la police israélienne a depuis mené une série d’enquêtes sur l’affaire, qui ont récemment conduit à recommander aux procureurs d’inculper Ganor pour six chefs d’inculpation pour corruption et un autre pour avoir accepté un cadeau illégal, en plus des six autres pour blanchiment d’argent, a annoncé mercredi le quotidien Yedioth Ahronoth.

Malgré les récents rebondissements, toutes les recommandations contre les autres suspects dans l’affaire sont restées inchangées, selon l’article.

La police a présenté les détails de l’affaire quand elle a conclu l’enquête en novembre 2018 et les a remis aux procureurs avec des recommandations pour de nombreuses inculpations contre des personnalités importantes du milieu de la défense israélienne, mais aussi plusieurs proches du Premier ministre.

Les officiels de la défense suspectés d’avoir reçu des paiements illégaux de la part de Miki Ganor sont David Shimron, l’avocat personnel et cousin de Netanyahu ; l’ancien directeur du bureau de Netanyahu, David Sharan ; ancien chef de la marine israélienne, Eliezer Marom ; le général Shay Brosh, ancien commandant de l’unité commando d’élite de la marine Shayetet 13 ; le général Avriel Bar-Yosef, ancien assistant à la sécurité nationale ; et l’ancien ministre Eliezer Sandberg.

Selon les conclusions de la police, Eliezer Marom et Avriel Bar-Yosef ont aidé Miki Ganor a être nommé représentant de Thyssenkrupp. Ce dernier est suspecté d’avoir ensuite versé 600 000 shekels (147 000 euros) à Eliezer Marom, sous la forme déguisée d’honoraires de conseil.

(De gauche à droite) L’avocat personnel du Premier ministre Benjamin Netanyahu, David Shimron, son ancien envoyé diplomatique Yitzhak Molcho, son ancien chef de bureau David Sharan, l’ancien vice-président à la sécurité nationale Avriel Bar-Yosef et l’ancien commandant de la marine israélienne Eliezer Marom (Crédit : Flash90)

Miki Ganor est soupçonné d’avoir payé David Shimron un total de 270 000 shekels (66 000 euros) pour utiliser le lien de ce dernier avec Netanyahu afin de promouvoir les achats par la marine israélienne chez Thyssenkrupp. Il aurait aussi versé à Eliezer Sandberg plus de 100 000 shekels (24 000 euros) pour avoir défendu les intérêts de Miki Ganor en tant que représentant de l’armateur en Israël.

En outre, l’ancien témoin aurait versé un total de 130 000 shekels (32 000 euros) à David Sharan en échange de son aide pour défendre ses intérêts dans les contrats, à travers des intermédiaires comme Brosh qui devaient maquiller les pots-de-vin.

Les procureurs avaient accepté, dans le cadre de l’accord d’octroi du statut de témoin d’Etat désormais caduc, d’écarter les principales accusations de corruption contre Miki Garnor et de ne le sanctionner que pour ses fraudes fiscales dans l’affaire. La peine comprenait une condamnation à 12 mois de prison et une amende de 10 millions de shekels (environ 2,4 millions d’euros).

Confirmant l’information de mercredi, son avocat, Meir Ehrenfeld, a déclaré : « Je ne suis pas surpris par les conclusions, et je crois que les choses seront bientôt clarifiées ».

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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