Affaire des sous-marins: une structure anti-Netanyahu érigée à Tel Aviv
Des manifestants de l'Union sioniste ont monté une installation ressemblant à un sous-matin sur la place Habima, un "rappel" des accusations de corruption
Des activistes ont monté une structure rappelant un sous-marin à Tel Aviv samedi pour protester contre le lien présumé du Premier ministre Benjamin Netanyahu à un scandale de corruption surnommé « l’affaire des sous-marins » en Israël.
Les manifestants de l’Union sioniste, un parti d’opposition, ont dressé la structure place Habima, dans le centre de Tel Aviv, avec une pancarte disant que « avec Bibi [Netanyahu], le pays est en train de couler ».
Les passants ont ainsi reçu un « rappel d’une grave affaire de corruption dans laquelle les accusés sont des personnalités déterminantes du cercle de Netanyahu », ont noté les activistes de l’Union sioniste dans une déclaration reprise par les médias en hébreu.
Jeudi, la police a fait savoir qu’elle avait suffisamment de preuves pour inculper David Shimron, avocat et cousin de Netanyahu, pour pots-de-vin et blanchiment d’argent suite à son rôle tenu dans ce qui serait l’un des plus importants dossiers de corruption de l’histoire du pays, impliquant l’achat de sous-marins allemands pour un montant de deux milliards de dollars.
Shimron avait représenté le fabricant naval allemand ThyssenKrupp dans la vente et il a été soupçonné d’avoir usé de son influence sur le Premier ministre en échange d’une très confortable commission.
Si Netanyahu a été interrogé en tant que témoin dans cette affaire, il ne figure pas parmi les suspects.
En plus de Shimron, la police a fait savoir qu’il y avait également suffisamment de preuves pour inculper l’ancien chef-adjoint du conseil de sécurité nationale, le général de brigade (réserviste) Avriel Bar-Yosef; l’ancien dirigeant de la marine, Eliezer Marom ; David Sharan, ancien chef de cabinet de Netanyahu ; le général de brigade Shay Brosh ainsi que l’ancien ministre Eliezer Sandberg.
La police a déclaré qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour recommander l’inculpation de l’ancien conseiller et confident de Netanyahu, Yitzhak Molcho, le partenaire de Shimron, qui est également lié au dossier.
Cette annonce de la police survient alors que cette dernière vient de conclure l’enquête de longue haleine consacrée à l’acquisition par l’Etat juif de ces sous-marins fabriqués par le géant industriel allemand ThyssenKrupp.
Autre personnalité de haut-rang dans ce dossier, Miki Ganor, qui représentait au moment de l’accord le géant ThyssenKrupp en Israël et qui a accepté de devenir témoin de l’accusation au mois de juin 2017. Ganor devrait écoper d’une peine de 12 mois de prison et d’une amende de 10 millions de shekels pour délits fiscaux dans le cadre de son arrangement avec l’Etat, ont fait savoir les enquêteurs.
Les conclusions de la police ont été remises au procureur-général Avichai Mandelblit, qui décidera de l’éventuelle inculpation des suspects. Lors d’une conférence juridique qui a eu lieu jeudi à Haïfa, Mandelblit a refusé de donner un calendrier pour rendre sa décision, mais il a qualifié de « grave » l’affaire et indiqué que les preuves seraient minutieusement étudiées.
Suite à l’annonce des enquêteurs, un certain nombre de personnalités issues de l’opposition ont réclamé la démission de Netanyahu.
Dans une vidéo publiée en ligne, le chef du parti travailliste, Avi Gabbay, a déclaré que les soupçons dirigés contre plusieurs hommes de confiance du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans le dossier des sous-marins étaient une « trahison », et que les milliards de dollars ayant financé cette acquisition auraient dû être utilisés pour moderniser les équipements de l’armée israélienne.
« Avec cet argent, nous aurions pu acheter des véhicules blindés de transport de troupes pour remplacer les véhicules vieillissants que nos soldats utilisaient pour entrer à Gaza il y a quatre ans », a-t-il dit dans la vidéo. « Si le Premier ministre savait que ces hommes étaient impliqués, alors il doit démissionner. Et s’il ne le savait pas, il doit également quitter ses fonctions car il a montré qu’il était inapte à diriger notre défense ».
Le leader de Yesh Atid, Yair Lapid, a également estimé que Netanyahu était incapable de diriger le pays au vu du dossier, même s’il en ignorait l’existence.
“Netanyahu doit une explication au public », a écrit Lapid sur Twitter. « Qu’y a-t-il d’autre qu’il ne sache pas ? Comment est-il possible que ceux qui sont le plus proches de lui soient parvenus à se saisir apparemment de dizaines de millions de dollars en dessous de table grâce à des accords d’armement sensibles [que le Premier ministre] était supposé gérer personnellement ? »
L’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon, qui a accusé le Premier ministre d’être impliqué dans cette affaire de corruption, a déclaré après que la police a fait connaître ses recommandations qu’il « est impossible que Netanyahu n’ait pas été au courant ». Il a affirmé que le fait que les policiers ne considèrent pas Netanyahu comme un suspect malgré l’implication de son avocat David Shimron soulevait de sérieuses questions au sujet de l’enquête.
Le parti du Likud au pouvoir, formation de Netanyahu, a riposté à Gabbay et Lapid, disant dans un communiqué que « les tentatives de la gauche pour associer ‘l’affaire des sous-marins’ au Premier ministre Netanyahu se sont effondrées face à la réalité ».
« Nous présentons nos condoléances à Yair Lapid, chef du Yesh Atid, et à Avi Gabbay, chef du Parti travailliste, qui ont de nouveau vu leurs espoirs de remplacer le Premier ministre Netanyahu grâce à de fausses accusations s’effondrer ».
Même si Netanyahu lui-même n’est pas suspect dans le dossier des sous-marins, la police a recommandé son inculpation pour pots-de-vins, fraude et abus de confiance dans d’autres affaires de corruption.
L’AFP a contribué à cet article.