Allemagne: la controverse sur les tracts nazis pèse lourd dans les élections locales
Le vice-premier ministre de Bavière, accusé d'avoir été un "admirateur des nazis", est pris dans un scandale qui pourrait affecter plusieurs élections à venir
JTA – Le vice-Premier ministre de Bavière, l’État allemand où se trouve Munich, est pris au piège d’un scandale qui implique un pamphlet nazi datant de ses années de lycée et qui pourrait affecter plusieurs élections à venir.
Selon le journal Süddeutsche Zeitung, Hubert Aiwanger, aujourd’hui à la tête du parti populiste des Électeurs libres, a distribué une brochure qui se moque des victimes de la Shoah lorsqu’il avait 17 ans.
Aiwanger a déclaré qu’il n’avait pas écrit cette brochure, qu’il a qualifiée de « dégoûtante et inhumaine », mais il a admis en avoir eu des exemplaires dans son cartable à un moment donné. Le pamphlet qualifie Auschwitz de « quartier de divertissement » et propose un quiz intitulé « Qui est le plus grand traître à la patrie ? ».
Le Süddeutsche Zeitung avait cité plusieurs témoins dans son article, qui affirmait qu’Aiwanger était autrefois un « admirateur des nazis ».
Cet épisode a un impact sur le Premier ministre de Bavière, Markus Söder, qui dirige une coalition gouvernementale comprenant le parti d’Aiwanger. Les analystes estiment que Söder, un personnage effronté qui ressemble à Donald Trump et qui dirige le parti bavarois de l’Union chrétienne-socialiste (CSU), légèrement différent du parti de centre-droit de l’Union chrétienne-démocrate de l’ancienne chancelière Angela Merkel, mais affilié à ce dernier, ambitionne de devenir chancelier, c’est-à-dire chef du gouvernement du pays.
Söder a qualifié d’insuffisante la réponse de son adjoint à la controverse et a exigé mardi qu’Aiwanger réponde à une série de 25 questions sur l’affaire et son point de vue sur l’antisémitisme.
Les rivaux politiques de Söder se sont emparés de l’incident. Le chancelier Olaf Scholz a menacé de « conséquences politiques » si la question n’était pas « éclaircie de manière complète et immédiate ».
En Allemagne, l’héritage de la Shoah joue un rôle central dans le discours politique, et de nombreux articles affirment que les ambitions de Söder pourraient être fortement ébranlées s’il n’exclut pas Aiwanger de sa coalition. La controverse survient à la veille des élections locales d’octobre, pour lesquelles la CSU de Söder recueille 39 % des voix et le parti des électeurs libres d’Aiwanger, qui arrive en deuxième position derrière la CSU, avec 12 à 14 % des voix. Les élections nationales sont prévues pour 2025.