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Allemagne : un ancien gardien de camp s’attire les foudres d’une juge

Âgé de 93 ans, l'accusé Bruno Dey s'est exprimé pour la première fois directement au deuxième jour de son procès, l'un des tout derniers sur les crimes du IIIe Reich en Allemagne

L'ancien gardien SS Bruno Dey, 93 ans, couvre son visage dans le tribunal pendant son procès à Hamburg, le 21 octobre 2019. (Crédit : Daniel Bockwoldt / POOL / AFP
L'ancien gardien SS Bruno Dey, 93 ans, couvre son visage dans le tribunal pendant son procès à Hamburg, le 21 octobre 2019. (Crédit : Daniel Bockwoldt / POOL / AFP

Un ancien gardien de camp nazi a déploré lundi devant un tribunal de Hambourg que la tenue de son procès ravive en lui des douleurs du passé, s’attirant les foudres de la juge qui a dénoncé un affront fait aux victimes, selon les médias.

Âgé de 93 ans, l’accusé Bruno Dey s’est exprimé pour la première fois directement au deuxième jour de son procès, l’un des tout derniers sur les crimes du IIIe Reich en Allemagne.

Il est poursuivi pour complicité dans 5 230 meurtres lorsqu’il était gardien, entre le 9 août 1944 et le 26 avril 1945, au camp de Stutthof dans le nord de la Pologne, à 40 kilomètres de Gdansk.

« Avant que cette procédure (judiciaire) ne soit ouverte, j’étais heureux d’avoir pu à peu près digérer tout ça. Maintenant je suis de nouveau retourné. Je n’aurais pas imaginé cela à mon âge », a affirmé le nonagénaire, cité par le quotidien Bild.

Bruno Dey, 93 ans, ancien garde SS dans le camp de concentration de Stutthof près de Dantzig, au tribunal régional de Hambourg, en Allemagne, le 17 octobre 2019. (Daniel Bockwoldt/dpa via AP)

« J’ai vu beaucoup de cadavres », a-t-il ajouté, selon l’agence allemande DPA. « Les images de l’horreur et de la misère m’ont poursuivi toute ma vie », a poursuivi l’Allemand, qui s’était présenté à l’ouverture des débats jeudi en chaise roulante.

Expliquant qu’il avait dû se mettre nu devant les médecins militaires tout comme les prisonniers du camp, il s’est attiré les remarques cinglantes de la présidente du tribunal, Anne Meier-Göring, qui a souligné que c’était « une gifle » portée aux victimes de la barbarie nazie.

« Les victimes ont enduré toute leur vie » les traumatismes subis dans les camps, a-t-elle ajouté.

Bruno Dey, qui avait 17 ans au moment des faits, a assuré « avoir été contraint » de servir dans ce camp. « Je ne l’ai pas fait volontairement », a-t-il dit.

La principale entrée menant au camp de concentration nazi de Stutthof à Sztutowo, en Pologne, le 18 juillet 2017 (Crédit : AP Photo/Czarek Sokolowski)

Le nonagénaire était apparu le visage dissimulé par un dossier rouge et flanqué d’une assistante faisant office d’infirmière lors de l’ouverture de son procès prévu pour durer jusqu’à la mi-décembre.

Les audiences sont restreintes à deux heures par jour en raison du grand âge de l’accusé.

Environ 65 000 personnes sont mortes au camp de Stutthof, essentiellement des femmes juives des pays baltes et de Pologne. Il a été intégré au système d’extermination des Juifs en juin 1944.

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