Allemagne : Un critique d’Israël, qui se disait juif, revient sur ses déclarations
Proche du BDS, Fabian Wolff a expliqué que sa mère lui avait donné des éléments qui lui ont fait croire qu'il était juif, alors qu'il n'en est rien
JTA – La gauche disait de lui qu’il était un éminent critique juif d’Israël.
Mais Fabian Wolff, ressortissant allemand versé dans le journalisme et l’enseignement, vient de signaler qu’il n’est pas juif, ce qui lui vaut aujourd’hui des critiques pour ses positions politiques.
Dans un texte publié dimanche dans Zeit Online, Wolff explique n’avoir appris la vérité que très récemment, alors qu’il a écrit des chroniques pour le Juedische Allgemeine, le principal journal juif d’Allemagne, pendant des années.
Âgé de 33 ans, Fabian Wolff dit, dans cette tribune intitulée « Ma vie de fils » que sa mère lui a un jour laissé entendre que son arrière-grand-mère maternelle était juive orthodoxe, ce qui l’a décidé à se faire circoncire et pratiquer le judaïsme. Mais sa mère, décédée en 2017, s’était trompée.
« Je ne parlerai pas comme un Juif d’Allemagne : je ne le peux pas car je ne le suis pas », écrit-il.
Wolff est connu pour son soutien au mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël et son rejet de la définition de l’antisémitisme donnée par The International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA), qui englobe certaines critiques envers Israël.
Or, selon les critiques, il aurait utilisé son identité juive pour se prémunir des réactions négatives des organisations communautaires juives.
Il y a de cela quelques années, après avoir signé une lettre ouverte de soutien à un journaliste germano-palestinien, les autres signataires et membres de la communauté juive avaient été informés « sur la base d’informations privées » qu’il n’était pas juif, écrit Wolff. Il affirme avoir dès lors cessé de parler publiquement de son identité juive et même d’écrire « si j’avais le sentiment qu’on me le demandait en ma qualité de juif ».
De longues recherches lui ont permis de conclure qu’il n’y avait rien de vrai dans l’histoire de sa mère.
« Dans les cercles journalistiques, la question n’était pas de savoir quand le prétendu judaïsme de Fabian Wolff serait révélé, mais qui le ferait en premier », a écrit le journaliste Philipp Peyman Engel de la Juedische Allgemeine. « Dès septembre 2021, des journalistes berlinois avaient reçu des informations détaillées sur la réalité de l’identité de Wolff. »
L’épisode a suscité un vif débat en ligne sur les positions politiques de Wolff.
Le fait que Wolff ne soit pas juif « ne change rien à sa critique justifiée et pertinente de l’Allemagne et d’Israël », a écrit un de ses amis sur Facebook, là où un autre a dit : « Il a menti, s’est inventé toute une histoire familiale et a fait carrière avec ».
En 2019, l’historienne et blogueuse allemande Marie Sophie Hingst, qui se faisait passer pour une descendante de survivants de la Shoah, s’était suicidée après la révélation de la vérité.