Alors que l’équipe israélienne part au Qatar, Smotrich s’oppose à l’accord et Netanyahu durcit sa position
Le Premier ministre insisterait pour que les prisonniers palestiniens condamnés pour les crimes les plus graves soient expulsés au Qatar et il demanderait une liste des otages encore en vie

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a indiqué dimanche qu’il s’opposait au projet « délirant » d’accord portant sur la remise en liberté des otages, une ébauche qu’une délégation de l’État juif doit encore négocier et peaufiner au Qatar. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, de son côté, aurait durci son positionnement face aux conditions présentées par Israël dans le cadre de cette proposition.
Selon cette dernière, qui a été formulée lors d’un sommet réunissant les États-Unis, Israël, l’Égypte et le Qatar à Paris, ce week-end, le Hamas accepterait de libérer 40 captifs – des femmes, des enfants, des soldates, des personnes âgées et des personnes malades – contre une trêve de six semaines dans les combats et contre la libération de centaines de Palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale au sein de l’État juif.
Le leader du Shas, Aryeh Deri, qui siège au cabinet de guerre avec le statut d’observateur, a expliqué au journal ultra-orthodoxe Kikar HaShabbat, dimanche, qu’il y avait « de bonnes chances » qu’un accord soit conclu – « même si nous en sommes encore loin », a-t-il ajouté.
« Nous voulons mettre en place un bon accord qui permettra d’atteindre plusieurs objectifs mais qui sera également accepté par les Israéliens », a-t-il dit en parlant des difficultés qui se posent dans le cadre des pourparlers. « Ce n’est pas un accord simple ; nous n’avons pas encore de retour de la part du Hamas ; tout ce que nous faisons, nous le faisons par le biais d’intermédiaires ».
Toutefois, Smotrich a indiqué lors d’une conférence qui était organisée à Jérusalem que selon lui, l’ébauche présentée n’était pas satisfaisante. Tout nouvel accord sur la libération des otages « doit être plus avantageux pour nous » que cela n’avait été le cas lors de la trêve qui avait été finalisée entre les deux parties au mois de novembre, a-t-il dit. Il a dénoncé principalement « le ratio régissant l’échange otages-terroristes, les jours de répit accordés pour chaque otage – cela ne peut très certainement pas être indéfiniment le plus mauvais ratio pour nous ».
Le ministre des Finances a ajouté que telle qu’elle se présente, la proposition actuelle est plus favorable au Hamas qu’elle ne l’est pour Israël. Il a précisé qu’il voterait contre, comme il voterait comme tout projet similaire.

Il a aussi défendu les propos très critiqués qu’il avait tenus la semaine dernière, lorsqu’il avait déclaré que la question des otages « n’est pas la plus importante » dans la guerre contre le Hamas.
« J’ai dit que la question des otages était importante mais qu’elle n’était pas la plus importante », a-t-il dit. « Voyez les nombreuses critiques que j’ai essuyées, la semaine dernière, simplement parce que j’ai osé dire ce qui était le plus logique et le plus juste ».
Une délégation israélienne doit s’envoler pour le Qatar dans la journée de lundi pour des pourparlers sur la proposition d’accord. L’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, doit pour sa part faire un déplacement à Paris, mardi et mercredi.
« Le Qatar travaille particulièrement sur la remise en liberté des otages, ce qui est une priorité pour nous », a dit un responsable de la présidence française. Trois ressortissants français figurent parmi les captifs qui avaient été enlevés en Israël, le 7 octobre, et qui se trouvent encore entre les mains du Hamas.
Les discussions se concentreront également « sur les efforts en cours visant à obtenir un cessez-le-feu… et à permettre à une aide massive d’arriver jusqu’à la population gazaouie », a ajouté l’officiel.
Pour leur part, des sources israéliennes de premier plan qui ont témoigné sous couvert d’anonymat ont confié à la Douzième chaîne, dimanche, qu’elles craignaient que Netanyahu ne sabote les négociations -« pour des raisons politiques, pour apaiser l’extrême-droite qui siège dans sa coalition » – en plaçant des conditions plus strictes et en restreignant la capacité des représentants israéliens à échanger sur les sujets qui seront abordés au Qatar.

Netanyahu aurait, selon la Douzième chaîne, établi une nouvelle condition dans le cadre d’un éventuel accord, prévoyant que les terroristes palestiniens qui ont été condamnés pour des crimes particulièrement graves et qui seraient amenés à quitter les prisons israéliennes seront expulsés vers le Qatar.
Une demande que le Premier ministre aurait émise pendant des discussions entre les membres du cabinet de guerre, samedi soir, lorsque la délégation israélienne qui était allée à Paris était revenue pour informer les ministres des progrès réalisés.
De plus, Ynet a fait savoir que Netanyahu a aussi déclaré, au cours de ces consultations téléphoniques qui ont eu lieu entre les membres du cabinet, samedi soir, qu’il n’était pas prêt à travailler sur les paramètres de l’accord si Israël ne recevait pas au préalable une liste précisant l’identité, parmi les 130 captifs, des otages qui sont encore en vie.
« Netanyahu n’est pas vraiment intéressé par l’accord », a commenté un responsable anonyme devant les caméras de la Douzième chaîne. « Il fait des choses pour torpiller les négociations et il dévoile des demandes de dernière minute. »
Selon l’officiel, les autres membres du cabinet de guerre – et notamment les observateurs Aryeh Deri et Ron Dermer – ont apporté leur soutien au projet d’accord et Netanyahu est donc le seul à s’y opposer.
La chaîne a aussi dit que Netanyahu avait demandé à la délégation israélienne de n’aborder que des sujets d’ordre humanitaires au Qatar – comme le nombre de camions autorisés à entrer dans la bande de Gaza ou les quantités de produits alimentaires qui pourront franchir la frontière.
La guerre a commencé le 7 octobre, lorsque le Hamas a lancé une attaque sans précédent en Israël. Des milliers de terroristes avaient semé la désolation dans les communautés du sud du pays, tuant environ 1200 personnes, des civils en majorité, et kidnappant 253 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza.
130 otages sont encore détenus à Gaza – 31 d’entre eux seraient morts – après la libération de 105 civils au cours d’une trêve qui a duré une semaine, à la fin du mois de novembre. Quatre otages avaient été relâchées avant cette pause. Trois ont été secourus par les soldats et les corps sans vie de onze captifs ont aussi été rapatriés, notamment ceux des trois Israéliens qui, étant parvenus à échapper à leurs ravisseurs, ont été accidentellement tués par les soldats israéliens. L’armée a bien confirmé la mort de 31 otages qui se trouvent encore dans la bande, citant de nouveaux renseignements et d’autres informations obtenues par les troupes, sur le terrain. Par ailleurs, une personne est encore considérée comme portée disparue depuis le 7 octobre, et son sort reste inconnu.
Au cours de la pause dans les combats du mois de novembre, 105 captifs, des femmes et des enfants en majorité, avaient été remis en liberté pendant une semaine, par groupe de 15 environ. Pour chaque groupe d’au-moins dix otages, Israël avait accordé un sursis dans le cessez-le-feu temporaire et relâché des prisonniers palestiniens – des femmes et des mineurs pour la plupart d’entre eux.

Depuis, les négociations sur un nouvel accord qui permettrait à un plus grand nombre d’otages de quitter les geôles du Hamas n’ont pas été fructueuses, le Hamas réclamant un cessez-le-feu permanent. Israël a indiqué, de manière répétée, que sa campagne militaire visant à détruire le groupe terroriste, au sein de l’enclave côtière, reprendrait à la fin de la trêve.
L’AFP a contribué à cet article.