Antisémitisme : résolution votée à 407 voix à la Chambre des représentants US
Le vote intervient après des propos très critiqués d'Ilhan Omar, démocrate musulmane pro-BDS, sur le soutien américain à Israël
La Chambre des représentants américaine a adopté jeudi à une très large majorité une résolution condamnant les discours de « haine », après des débats houleux au sein du parti démocrate sur l’antisémitisme, provoqués par les propos très controversés d’une élue musulmane concernant le soutien des Etats-Unis à Israël.
Le texte, qui ne mentionne pas la parlementaire démocrate en question, Ilhan Omar, a été adopté par 407 voix pour et 23 contre, toutes républicaines, ainsi qu’un vote « présent ».
Il « condamne l’antisémitisme comme une expression odieuse d’intolérance, contradictoire avec les valeurs et les aspirations qui définissent le peuple américain, et condamne les discriminations anti-musulmanes, ainsi que l’intolérance contre toute minorité ».
Le président américain Donald Trump avait vivement critiqué mercredi l’opposition démocrate, qui délibèrait depuis plusieurs jours de la meilleure façon de répondre aux propos controversés d’Omar sur le soutien à Israël.
« C’est une honte que les démocrates de la Chambre » des représentants « ne prennent pas une position plus ferme contre l’antisémitisme », avait tweeté le président républicain. « L’antisémitisme a poussé à commettre des atrocités tout au long de l’histoire et il est inconcevable qu’ils n’agissent pas pour le condamner ! »
Ilhan Omar, seule parlementaire à porter le voile islamique et l’une des deux premières femmes musulmanes à siéger au Congrès américain, a dénoncé la semaine dernière le fait que certains lobbies poussaient à faire « allégeance à un pays étranger » – l’un des tropes utilisés le plus souvent par les antisémites.
Elle faisait référence à Israël et à l’Aipac, un puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis.
Ces déclarations ont indigné des parlementaires des deux partis, qui ont estimé qu’elles rappelaient les vieilles accusations antisémites de « double loyauté ».
D’autant plus qu’en février, Ilhan Omar avait déjà provoqué un tollé en affirmant que l’Aipac finançait « les responsables politiques américains pour être pro-Israël ». Des propos qui piochaient dans « la rhétorique antisémite de ‘l’argent juif' », avait notamment dénoncé un démocrate, Eliot Engel.
Elle s’était alors excusée « sans équivoque ». Mais pas cette fois.
En réponse à la polémique, les chefs démocrates avaient prévu de soumettre au vote, en principe mercredi, une résolution dénonçant l’antisémitisme à la chambre basse, où ils détiennent la majorité.
Mais des parlementaires démocrates se sont indignés, estimant selon eux qu’Ilhan Omar était particulièrement critiquée parce que femme, noire et musulmane.
Pourquoi ne pas aussi condamner les insultes islamophobes dont a fait l’objet l’élue; ou encore Donald Trump, qui avait déclaré voir des gens biens « des deux côtés » après des manifestations anti-racistes et de néo-nazis à Charlottesville (Virginie) en 2017 ?, ont-il avancé.
Ilhan Omar et Rashida Tlaib, l’autre élue musulmane au Congrès, sont au centre d’une polémique depuis qu’elles ont annoncé leur soutien au mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). La campagne appelle au boycottage économique, culturel ou scientifique d’Israël pour protester contre l’occupation des territoires palestiniens. Certains accusent le BDS d’être une forme d’antisémitisme.