Appels à une enquête après des décès lors d’une distribution d’aide à Gaza
Washington a exigé des "réponses" du gouvernement de Benjamin Netanyahu après la tragédie et plaidé pour "un accord sur un cessez-le-feu temporaire (...)"
La communauté internationale a souligné l’urgence d’un cessez-le-feu humanitaire et réclamé une enquête après un incident pendant une distribution d’aide jeudi à Gaza, qui ont fait plus de 110 morts, selon le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas.
Un responsable de l’armée israélienne a confirmé des « tirs limités » de soldats se sentant « menacés » et évoqué « une bousculade durant laquelle des dizaines d’habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d’aide ».
Le Hamas a accusé l’armée israélienne d’être responsable des 104 morts recensés aux premières heures de la matinée. L’armée a déclaré qu’elle n’avait pas tiré sur les foules qui se précipitaient vers le principal convoi de camions d’aide qui est entré dans le nord de la bande de Gaza tôt jeudi matin.
Israël a diffusé des images de drone montrant ses troupes tentant de disperser la foule, niant toute responsabilité dans les nombreux décès, alors que son offensive à Gaza a fait l’objet de vives critiques de la part de la communauté internationale.
L’armée a reconnu que les troupes avaient ouvert le feu sur plusieurs habitants de Gaza qui se dirigeaient vers des soldats et un char à un point de contrôle de Tsahal, et représentaient un danger pour les soldats, après avoir foncé sur le dernier camion du convoi plus au sud. Elle a affirmé que la plupart des personnes avaient été tuées lors d’un mouvement de foule et que moins de 10 des victimes avaient été tuées par des tirs israéliens.
Aux yeux du président américain, Joe Biden, ce drame va compliquer les pourparlers en vue d’une trêve dans la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël à partir de la bande de Gaza, où le groupe terroriste a pris le pouvoir en 2007.
Fidèle allié d’Israël, Washington a exigé des « réponses » du gouvernement de Benjamin Netanyahu après la tragédie et plaidé pour « un accord sur un cessez-le-feu temporaire (…) ».
Pour Joe Biden, il n’y aura « probablement » pas d’accord de trêve avant le début du ramadan, mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence autour du 10 ou 11 mars.
L’Italie et l’Espagne ont souligné l’urgence d’un cessez-le-feu. La France a réclamé une « enquête indépendante » et l’Allemagne a appelé à une « trêve humanitaire ».
L’Union européenne a elle aussi appelé à une enquête et à un cessez-le-feu pour l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, soumise au feu vert d’Israël.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit poursuivre des discussions sur un projet de déclaration au sujet du drame de Gaza. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé « une enquête indépendante efficace ».
Embuscade
S’exprimant en anglais lors d’une conférence de presse jeudi soir, le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que les troupes avaient procédé à des coups de semonce pour tenter de disperser la foule de Palestiniens.
« Ce matin, l’armée israélienne a coordonné un convoi de 38 camions afin de fournir une aide humanitaire supplémentaire aux habitants du nord de la bande de Gaza. Cette aide humanitaire est venue d’Égypte, a subi un contrôle de sécurité au point de passage humanitaire de Kerem Shalom en Israël, puis est entrée à Gaza pour être distribuée par des entrepreneurs privés », a déclaré Hagari.
« Alors que ces fournitures humanitaires vitales étaient acheminées vers les habitants de Gaza dans le besoin, des milliers de Gazaouis se sont précipités sur les camions, certains ont commencé à pousser violemment et à piétiner d’autres Gazaouis jusqu’à ce que mort s’ensuive, et à piller les fournitures humanitaires.
« Voici les faits : À 4 h 40, le premier camion de secours du convoi humanitaire a commencé à se frayer un chemin dans le couloir humanitaire que nous étions en train de sécuriser », a poursuivi Hagari. « Nos chars étaient là pour sécuriser le corridor humanitaire pour le convoi d’aide. Nos drones étaient présents dans les airs pour donner à nos forces une image claire depuis le ciel ».
« À 4 h 45, une foule a tendu une embuscade aux camions d’aide, immobilisant le convoi », a-t-il déclaré en montrant une nouvelle vidéo de l’incident.
« Vous pouvez voir à quel point ils étaient prudents lorsqu’ils reculaient. Ils reculaient en toute sécurité, au péril de leur vie, sans tirer sur la foule », a-t-il poursuivi, insistant sur le fait que l’armée « opère conformément aux règles d’engagement et au droit international ».
« Aucune frappe de l’armée israélienne n’a été menée en direction du convoi humanitaire », a déclaré Hagari. « Au contraire, Tsahal était là pour effectuer une opération d’aide humanitaire, pour sécuriser le corridor humanitaire et permettre au convoi d’aide d’atteindre son point de distribution, afin que l’aide puisse atteindre les civils gazaouis dans le nord qui sont dans le besoin. »