Après des déclarations sur les “Juifs de cour”, la querelle entre Juifs polonais s’intensifie
Le président de Bnai Brith a fustigé les dirigeants qui ont rencontré le fondateur du parti Droit et Justice, dans un contexte de critiques sur la réponse à apporter à l'antisémitisme en hausse dans le pays
Alors que la querelle entre Juifs polonais sur la recrudescence des discours antisémites et le rôle tenu par le gouvernement dans son enrayement s’intensifie, un dirigeant communautaire a caractérisé les Juifs qui se se sont entretenus avec un politicien du parti au pouvoir de « Juifs de cour ».
La semaine dernière, Artur Hofman, président du groupe culturel TSKZ des Juifs polonais, et trois autres membres de la communauté ont rencontré Jaroslaw Kaczynski, fondateur du parti au pouvoir Droit et Justice. Au cours de l’entretien, Hofman a démenti les affirmations disant que l’antisémitisme croissant entrait dans le cadre d’une « guerre politique » menée contre Droit et Justice.
Lundi, Sergiusz Kowalski, qui avait alerté le gouvernement sur l’antisémitisme en tant que président de la branche polonaise de l’association juive Bnai Brith, a critiqué le groupe qui a rencontré Kaczynski.
Cette réunion a « envoyé un message qui a été transmis au monde : nous comptons un très grand nombre de membres de notre communauté juive qui adorent Droit et Justice », a déclaré Kowalski au site d’information NaTemat. « De tels Juifs de cour ont été utilisés pendant longtemps » par les autorités, a-t-il ajouté.
Kowalski est l’un des auteurs d’une lettre ouverte à Kaczynski, un courrier suppliant les responsables de lutter contre ce qu’il estime être un antisémitisme croissant.
Mais Hofman, dont l’association, forte de 1 200 membres, est la plus importante organisation juive polonaise, a rejeté pour sa part les allégations disant que le gouvernement tolérerait une rhétorique antisémite de plus en plus fréquente et a indiqué à JTA qu’elles étaient exagérées et politiquement motivées. Hofman a rencontré Kaczynski en compagnie de deux autres rabbins du mouvement Habad et de Jonny Daniels, fondateur From the Depths, association de commémoration de la Shoah.
Le conflit communautaire a placé le mouvement Habad, un mouvement de sensibilisation hassidique avec l’expérience d’une forte présence dans de nombreux anciens pays de l’Union soviétique, du côté de ceux qui affirment que les plaintes d’antisémitisme sont exagérées, et que le parti Droit et Justice a su écouter les inquiétudes des Juifs.
Après la rencontre avec Kaczynski, 14 associations juives polonaises, et Michael Schudrich, le grand rabbin de Pologne, ont signé un communiqué dimanche disant que les rabbins du mouvement Habad, Shalom Dov Ber Stambler et Eliezer Gurary, tout comme Daniels et Hofman, ne représentaient pas la communauté juive de Pologne mais plutôt « eux-mêmes et leurs propres organisations ».
Kowalski a également indiqué que les membres du mouvement Habad étaient « généralement très intolérants envers les autres Juifs et en particulier les non religieux. »
Le mouvement Habad de Pologne a rejeté cette critique.