Après une impasse, un diplomate arabe fait état de progrès dans les négociations sur les otages
Selon le diplomate, le groupe terroriste a accepté une version modifiée de l'accord-cadre validé par Israël
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Les médiateurs qataris et égyptiens estiment que des progrès significatifs ont été réalisés cette semaine en vue d’obtenir une trêve entre Israël et le Hamas après une longue période d’impasse dans les négociations, a déclaré un diplomate arabe de haut rang au Times of Israel.
Ces progrès ont été réalisés à la suite de pressions importantes exercées par Doha sur le Hamas, qui a averti le groupe terroriste que ses dirigeants résidant au Qatar seraient expulsés du pays s’ils ne changeaient pas leur approche dans les négociations.
Cette possible avancée raviverait les espoirs de parvenir à un accord, suite à l’évocation informelle d’une date butoir cette semaine : Israël et le Hamas sont manifestement à couteaux tirés sur des questions de fond et s’accusent l’un l’autre de ne pas vouloir d’accord en vue d’un cessez-le-feu et d’une libération des otages enlevés en Israël le 7 octobre dernier.
Un haut responsable du Hamas a déclaré à Al Arabiya plus tôt dans la journée que le groupe avait accepté une version modifiée de la dernière proposition américaine, basée sur un cadre accepté par Israël lors d’une réunion à Paris le mois dernier. Le Hamas a ensuite publié un communiqué démentant cette information.
L’accord en trois phases prévoit la libération d’une quarantaine d’otages féminins, âgés et blessés au cours d’une première phase de six semaines, la libération de soldats au cours d’une deuxième phase et la libération des corps des otages au cours d’une troisième phase, selon le diplomate arabe.
Au cours de ces dernières phases, les parties discuteraient d’un cessez-le-feu permanent, selon le diplomate.
Dans un premier temps, les médiateurs cherchent à convaincre le Hamas d’accepter un ratio de 10 prisonniers incarcérés pour délits liés à la sécurité nationale libérés par Israël pour chaque otage, selon le diplomate, qui précise que le groupe terroriste avait fait pression pour une asymétrie encore plus prononcée, mais qu’il semble être revenu sur ses premières exigences.
Selon de précédentes informations sur les négociations, les otages masculins non âgés seraient considérés par le Hamas comme des soldats. Les pourparlers en vue d’un accord s’organisent autour d’un cessez-le-feu de plusieurs semaines destiné à permettre aux otages de quitter Gaza et à l’aide humanitaire de pénétrer en plus grand nombre dans l’enclave.
Bien qu’Israël ait accepté à Paris un cadre initial sur lequel se fonde la proposition actuelle, le cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ainsi que le Hamas, devront encore approuver l’offre finale, et le diplomate arabe indique qu’il n’est pas certain que cela se produise.
Le Wall Street Journal indiquait samedi que le Qatar avait accru la pression sur les autorités du Hamas hébergées par l’État du Golfe pour qu’ils acceptent un accord, menaçant de les expulser de Doha s’ils ne revoyaient pas leurs exigences à la baisse.
Le responsable du Hamas, Husam Badran, avait démenti cette information et reproché à Netanyahu l’impasse dans laquelle se trouvaient les négociations, disant qu’il « refusait de parler de quoi que ce soit ».
« Netanyahu est la personne la plus dangereuse pour la stabilité de cette région. C’est lui qui met le feu aux poudres. »
Contrairement à ses habitudes, l’agence d’espionnage israélienne du Mossad a fait savoir samedi soir que le Hamas avait durci sa position, rendant tout accord impossible. Néanmoins, les pourparlers se sont poursuivis cette semaine sous la médiation de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 253 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
On estime que 130 des 253 otages enlevés par le Hamas et ses complices le 7 octobre sont encore à Gaza, mais certains ne sont plus en vie. 105 civils ont été libérés lors d’une trêve d’une semaine fin novembre.
Quatre otages avaient été libérées avant cela et une soldate avait été secourue. Les corps de huit otages ont également été récupérés et trois otages ont été tués par erreur par l’armée lors d’un incident tragique en décembre. Deux autres otages ont été secourus grâce à une opération conjointe de l’armée et du Shin Bet. Une autre personne est portée disparue depuis le 7 octobre.
L’armée israélienne a confirmé la mort de 32 des personnes toujours détenues par le Hamas et ses complices, sur la base de nouvelles informations et des découvertes obtenues par les troupes opérant à Gaza.
Les espoirs de conclusion d’un accord avant le début du Ramadan, qui a commencé en début de semaine, ont été anéantis jeudi dernier lorsque le Hamas s’est retiré des négociations au Caire, rappelant sa volonté qu’Israël accepte un cessez-le-feu permanent et un retrait complet de Gaza.
Selon certaines sources, le Hamas souhaiterait obtenir la libération de plusieurs chefs terroristes détenus dans les prisons israéliennes, dont ceux responsables de dizaines d’attentats meurtriers.
Israël a fait de la libération des otages l’un des principaux objectifs de la guerre, même si Netanyahu et les membres de son gouvernement sont d’avis que la pression militaire est le meilleur moyen d’y parvenir, sur fond d’intenses pressions nationales et internationales pour les faire libérer à la faveur de négociations.
Les médiateurs espéraient parvenir à un accord avant qu’Israël ne lance son offensive à Rafah, où près d’1 million de Gazaouis déplacés ont trouvé refuge, sur fond d’aggravation de la crise humanitaire.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 31 000 personnes auraient jusqu’alors trouvé la mort lors des combats dans la bande de Gaza, chiffre invérifiable de manière indépendante. Ce chiffre pourrait comprendre à la fois des terroristes et des civils, y compris ceux tués par des tirs égarés de roquettes du Hamas.
L’armée israélienne revendique pour sa part la mort de quelque 13 000 terroristes du Hamas, auxquels s’ajoutent un millier d’hommes armés sur le territoire israélien le 7 octobre dernier.
Toujours selon Tsahal, 249 soldats ont été tués à Gaza depuis le début de l’offensive terrestre fin octobre.
Outre les personnes enlevées le 7 octobre, le Hamas détient également la dépouille des soldats Oron Shaul et Hadar Goldin, tués en 2014, ainsi que des deux civils israéliens Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, entrés dans la bande de Gaza respectivement en 2014 et 2015. Tous deux pourraient être vivants.