Arabie Saoudite : un décret royal criminalise l’athéisme
Tout acte visant à « insulter la réputation de l'État », à « nuire à l'ordre public » ou à « ébranler la sécurité de la société » peut être qualifié de terroriste, selon le royaume
L’Arabie saoudite a adopté une nouvelle loi assimilant l’athéisme au terrorisme.
Cette loi a été votée dans la foulée d’une série de décrets royaux « assimilant presque toute critique ou association indépendante à des crimes terroristes », selon Human Rights Watch.
D’après l’organisation des droits de l’Homme, la campagne a pour objectif de réduire au « silence les militants pacifiques », et de créer un cadre légal criminalisant « presque toute pensée ou expression dissidente ».
« Les autorités saoudiennes n’ont jamais toléré la critique, mais ces derniers décrets et lois transforment la majeure partie des expressions critiques en crime terroriste », dénonce Joe Stork, directeur adjoint du pôle Moyen Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch.
Selon la loi du 31 janvier, dite « loi sur le terrorisme », un acte commis sur le territoire saoudien ne doit pas nécessairement être violent pour être considéré comme un acte de terrorisme.
Tout acte visant à « insulter la réputation de l’État », à « nuire à l’ordre public » ou à « ébranler la sécurité de la société » peut être qualifié de terroriste.
Le libellé de la loi est si vague qu’il ne définit pas clairement la nature d’un « acte terroriste ».
Parmi les groupes inscrits sur la liste des organisations terroristes établie par l’Arabie Saoudite, figurent les Frères musulmans, Al-Qaïda, l’Etat islamique d’Irak et du Levant (ISIL), Jabhat al-Nusra, et le Hezbollah, mais également des athées qui remettent en question « les principes fondamentaux de la religion islamique sur lequel ce pays est fondé ».
Toute personne qui aide correspond ou affiche une quelconque sympathie pour des organisations « terroristes », y compris désormais les athées, sur les médias sociaux, sites web ou toute autre plate-forme écopera d’une condamnation pour terrorisme.
Evoquant l’article 6 du décret, un militant a déclaré à Human Rights Watch : « Le simple fait de m’entretenir avec vous tout de suite est considéré comme un acte terroriste – je pourrais être poursuivi pour cette conversation ».