Arno Klarsfeld revient sur le procès de Maurice Papon en 1998
Papon avait été condamné à dix ans de prison, peine réclamée par Arno Klarsfeld, tandis que les autres avocats réclamaient la perpétuité
L’avocat Arno Klarsfeld s’est exprimé lundi à l’antenne d’Europe 1 sur le procès de Maurice Papon, ancien haut fonctionnaire du régime de Vichy devenu préfet et ministre après la guerre. Lors du procès, en 1998, l’avocat représentait l’association des Fils et filles de déportés juifs de France.
Papon avait été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l’humanité, peine réclamée par Arno Klarsfeld, tandis que les autres avocats demandaient une condamnation à perpétuité.
« C’était un combat qui était difficile parce que tous les avocats des parties civiles voulaient que Papon soit condamné à la perpétuité et la défense voulait qu’il soit acquitté. Moi, j’étais au milieu tout seul, avec la presse contre moi, à demander dix ans de prison », explique Arno Klarsfeld.
Dix ans, « parce qu’il n’était pas le préfet, il était le secrétaire général [de la préfecture de Gironde]. Parce que tous les préfets ont accompli ce qu’il a accompli, parce qu’il n’a pas fait de zèle », ajoute-t-il. « Si on avait demandé la perpétuité, jamais le jury ne nous aurait suivi et Papon aurait été acquitté. En demandant une peine qui était une peine équitable par rapport à ses crimes, j’ai réussi à convaincre le jury et il a eu dix ans », s’est félicité Arno Klarsfeld. « Ou alors [sans avoir nécessairement convaincu le jury] ce que je disais était ce que pensait la majorité du jury », continue l’avocat.
« À la fin du procès, j’étais soulagé, parce que sinon, ça aurait signifié que l’administration qui avait arrêté des Juifs avait les mains propres. (…) Là, vous montrez [avec ce verdict] que l’administration doit réfléchir avant d’accomplir des actes qu’elle sait être des actes illégaux et inhumains », conclut-il.
En 1998, à l’annonce du verdict, après six mois de procès, il avait déclaré : « C’était un procès tourné vers l’avenir pour définir ce que devait être l’administration de demain. Elle ne doit pas être une administration comme celle de Maurice Papon, toujours prête à accomplir les pires ignominies du moment qu’elle se trouve couverte par les instructions de sa hiérarchie. L’administration de demain doit être une administration avec une conscience et avec une âme. »
Condamné en 1998, Maurice Papon a été libéré en 2002 pour raisons de santé. Il est mort en 2007 à l’âge de 96 ans.
Au début du mois, Arno Klarsfeld avait causé la polémique en comparant l’abattage d’animaux à la Shoah.