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Assassinat de Samuel Paty : un accusé reconnaît avoir commis « l’irréparable »

L'enquête a révélé qu'entre les 9 et 13 octobre il a eu neuf contacts téléphoniques avec Abdoullakh Anzorov, l'assassin de Samuel Paty

Ce croquis d'audience réalisé et publié le 4 novembre 2024 montre (de gauche à droite) les accusés Brahim Chnina, Nabil Boudaoud et Ismaël Gamaev assis lors du procès de huit adultes accusés d'avoir contribué au climat de haine qui a conduit un radical islamiste de 18 ans en 2020 à décapiter l'enseignant Samuel Paty, à la cour d'assises spéciale de Paris, à Paris, le 4 novembre 2024.Huit adultes, sept hommes et une femme, accusés d'avoir contribué à la campagne de haine qui a conduit à l'assassinat le 16 octobre 2020 de Samuel Paty, 47 ans, professeur d'histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine, sont jugés du 4 novembre 2024 au 20 décembre 2024, devant la cour d'assises spéciale de Paris. (Crédit : Benoit Peyrucq/AFP)
Ce croquis d'audience réalisé et publié le 4 novembre 2024 montre (de gauche à droite) les accusés Brahim Chnina, Nabil Boudaoud et Ismaël Gamaev assis lors du procès de huit adultes accusés d'avoir contribué au climat de haine qui a conduit un radical islamiste de 18 ans en 2020 à décapiter l'enseignant Samuel Paty, à la cour d'assises spéciale de Paris, à Paris, le 4 novembre 2024.Huit adultes, sept hommes et une femme, accusés d'avoir contribué à la campagne de haine qui a conduit à l'assassinat le 16 octobre 2020 de Samuel Paty, 47 ans, professeur d'histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine, sont jugés du 4 novembre 2024 au 20 décembre 2024, devant la cour d'assises spéciale de Paris. (Crédit : Benoit Peyrucq/AFP)

« Je ne suis pas un terroriste », a clamé lundi Brahim Chnina, l’auteur des premiers messages et des premières vidéos stigmatisant Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 en région parisienne par un jeune islamiste radical d’origine tchétchène.

Pour autant, « ce que j’ai fait est irréparable et impardonnable », a reconnu l’accusé, un Marocain de 52 ans, devant la cour d’assises spéciale de Paris qui juge depuis le 4 novembre huit adultes accusés d’avoir contribué à la campagne de haine ayant conduit à cet assassinat.

Brahim Chnina est le père de la collégienne de 13 ans qui avait affirmé de façon mensongère – elle était absente au cours – que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de quitter sa classe avant de montrer des caricatures de Mahomet,

Des dizaines de fois au cours de son interrogatoire, il dira : « je regrette ».

Des proches et collègues de Samuel Paty pendant la Marche Blanche à Conflans-Sainte-Honorine, le 20 octobre 2020. (Crédit : Bertrand Guay/AFP)

Il est poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste. Il encourt 30 ans de réclusion criminelle.

Les 7 et 8 octobre 2020, il a publié des messages et des vidéos dénonçant Samuel Paty comme un professeur « voyou ». Il n’a pas hésité à livrer le nom du professeur et l’adresse de son collège sur les réseaux sociaux suscitant des réactions violentes.

Il est jugé par une cour d’assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels.

Son président Franck Zientara lit quelques messages qu’il poste à l’époque : « Il faut le punir », « Il faut lui briser le dos », « Je peux avoir l’adresse de ce fils de pute »…

L’enquête a révélé qu’entre les 9 et 13 octobre il a eu neuf contacts téléphoniques avec Abdoullakh Anzorov, l’assassin de Samuel Paty. « Mais je ne l’ai jamais rencontré », insiste Chnina.

« Je regrette infiniment ce que j’ai fait. Je regrette beaucoup. Je ne suis pas un terroriste et je ne fais pas partie d’une association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme. C’est vrai que j’ai fait une vidéo et je regrette que ça a mal tourné », explique l’accusé.

« Ce n’était pas mon but »

« Je ne suis pas radicaliste [sic]. Ma pratique de l’islam est comme celle de tous les musulmans de France », assure Chnina, qui s’est pourtant associé avec le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, fondateur du collectif pro-Hamas Cheikh-Yassine (dissous le 21 octobre 2020), pour cyberharceler Samuel Paty.

Abdelhakim Sefrioui, président du collectif Cheikh Yassine, lors de son arrestation par des CRS après une manifestation anti-Israël non autorisée, à Paris, le 29 décembre 2012. (Crédit : Miguel Medina/AFP)

Egalement dans le box des accusés, Sefrioui doit être interrogé par la cour mardi.

« Sans Sefrioui ça ne se serait pas passé comme ça », estime Brahim Chnina, qui s’empresse d’ajouter « mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je suis responsable ».

« Pensez-vous avoir contribué à provoquer ce qui s’est passé ? », lui demande le président Zientara.

« Avec la vidéo et les messages que j’ai faits, oui », concède l’accusé.

« Je suis triste d’avoir mis M. Paty dans cette situation-là, ça n’était pas du tout mon but. Si j’avais su qu’il y avait des individus menaçants, peut-être que j’aurais pu faire quelque chose pour aider M. Paty, » explique-t-il d’une voix lasse.

« Tout s’est emballé »

« Je présente toutes mes excuses, sincères, du fond du cœur, à M. Paty […] Peu importe la sentence que vous allez me mettre. Je regrette du fond du coeur et je suis atteint à vie », poursuit-il.

L’assassin, Abdoullakh Anzorov, 18 ans, islamiste radical russe d’origine tchétchène, est absent du procès : il a été tué par la police peu après son acte.

Au-delà de l’affliction affichée, Chnina a aussi mis en cause la principale du collège de Conflans-Sainte-Honorine où travaillait Samuel Paty. « Si elle m’avait dit tout de suite que ma fille avait menti et n’était pas en cours, j’aurais peut-être fait marche arrière […] Si elle l’avait fait, M. Paty serait encore en vie », a-t-il dit avec aplomb.

La principale avait reçu Chnina et Sefrioui dans son bureau le 8 octobre. Les deux hommes, « énervés » comme l’a reconnu Chnina, avaient alors menacé d’organiser « une manifestation de musulmans » devant le collège pour dénoncer la prétendue « discrimination » subie par la fille de Chnina. Sefrioui avait trouvé « inadmissible » d’avoir dû attendre dehors avant d’être reçu par la principale. « Si on avait été juifs, ça ne se serait pas passé comme ça », lance-t-il à la principale.

Malgré ses appels répétés à la haine, « je n’ai pas cherché à faire une fatwa », soutient Chnina. « Malheureusement, tout s’est emballé et ça s’est mal passé », dit-il.

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