Attaques en mer Rouge: le français CMA CGM suspend la traversée « jusqu’à nouvel ordre »
Vendredi, le mastodonte danois Maersk et l'allemand Hapag-Lloyd avaient annoncé une mesure similaire
Le géant CMA CGM, premier transporteur maritime français, a annoncé samedi qu’il suspendait, comme les groupes Maersk et Hapag-Lloyd, la traversée de la mer Rouge par ses porte-conteneurs après des attaques perpétrées contre des navires par des rebelles Houthis du Yémen.
Le groupe a « décidé d’ordonner à tous les porte-conteneurs de CMA CGM dans la région qui doivent passer par la mer Rouge, de rejoindre des zones sûres » ou de ne pas sortir des eaux jugées sûres, « avec effet immédiat et jusqu’à nouvel ordre », selon un communiqué.
« La situation continue de se détériorer et les inquiétudes en matière de sécurité augmentent », affirme CMA CGM pour justifier sa décision.
Vendredi, le mastodonte danois Maersk et l’allemand Hapag-Lloyd avaient annoncé une mesure similaire, le premier « jusqu’à nouvel ordre » et le second au moins jusqu’à lundi.
Ces dernières semaines, les Houthis ont multiplié les attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandab, qui sépare la péninsule arabique de l’Afrique et par lequel transite 40 % du commerce international.
Plusieurs missiles et drones ont été abattus par des navires de guerre américains et français qui patrouillent dans la zone.
Le ministre de la Défense du Royaume-Uni Grant Shapps a annoncé samedi que le destroyer britannique HMS Diamond avait abattu dans la nuit de vendredi à samedi un « drone d’attaque présumé qui visait la marine marchande en mer Rouge ».
Les rebelles yéménites, proches de l’Iran, ont prévenu qu’ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du Yémen ayant des liens avec Israël, en soutien au mouvement islamiste palestinien Hamas.
Ils ont affirmé vendredi que les bateaux ne seraient pas visés au large du Yémen s’ils répondaient à leurs directives, mais que les navires à destination des ports israéliens seraient « empêchés de naviguer en mer d’Arabie et mer Rouge jusqu’à l’entrée de la nourriture et des médicaments dont nos frères de la bande de Gaza ont besoin ».
Ce mouvement politico-militaire, qui contrôle une grande partie du Yémen, appartient, comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, à ce qu’ils nomment « l’axe de la résistance » contre Israël, soutenu par l’Iran.
La mer Rouge est surveillée comme le lait sur le feu par la communauté internationale depuis des années : cette « autoroute de la mer » reliant la Méditerranée à l’océan Indien, sur laquelle circulent chaque année quelque 20 000 navires, est une zone géopolitique et commerciale majeure.
Pour éviter la mer Rouge, des navires contournent l’Afrique par le Cap de Bonne Espérance, rallongeant leur voyage de deux semaines, soulignait dans une note le 7 décembre la chercheuse Noam Raydan, du Washington institute.
Dans un communiqué, la Chambre internationale de la marine marchande (ICS) appelle « les Etats ayant une influence dans la région » à s’efforcer « de toute urgence de mettre un terme aux actions des Houthis qui attaquent les marins et les navires marchands, et de désamorcer ce qui constitue désormais une menace extrêmement grave pour le commerce international ».
Selon l’ICS, basée à Londres, 12 % du commerce mondial passe normalement par la mer Rouge.
L’organisation ajoute que l’évitement de la mer Rouge implique des surcoûts et des retards qui pénalisent le secteur et la marche du commerce.
Selon S&P, de plus en plus de transporteurs demandent désormais aussi des primes de risque supplémentaires pour ces trajets.