Au-delà des divisions, les familles des otages à Gaza unies pour ramener leurs proches
"On doit trouver un terrain d'entente. L'objectif commun est le retour des otages. Chacun se bat à sa manière, et je ne sais pas quelle est la bonne", explique Dani Miran
Divisées sur la forme des combats à mener pour la libération des otages du Hamas, les familles des captifs détenus à Gaza restent unies dans l’exigence de voir leurs proches rentrer à la maison.
« Il n’y a pas d’homogénéité parmi les familles. Il y a des gens de gauche, de droite, des religieux, des laïcs et des Bédouins », détaille Dani Miran. Son fils Omri, 47 ans, a été capturé le 7 octobre au kibboutz Nahal Oz (sud) dans l’attaque du Hamas ayant déclenché la guerre à Gaza.
« On doit trouver un terrain d’entente. L’objectif commun est le retour des otages. Chacun se bat à sa manière, et je ne sais pas quelle est la bonne », ajoute-t-il.
Le 7 octobre, le groupe terroriste islamiste palestinien lance à partir de Gaza une attaque sanglante sur le sud d’Israël.
Sur les 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues dans la bande de Gaza, dont 42 déclarées mortes par l’armée israélienne.
Depuis neuf mois, les familles d’otages manifestent au moins uns fois par semaine pour exiger leur retour.
Un nouveau cycle de négociations indirectes entre le Hamas et Israël en vue d’un cessez-le-feu assorti d’un accord pour la libération des otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël a repris au début du mois sous la médiation du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis.
A l’approche du départ pour Washington du Premier ministre Benjamin Netanyahu, héraut de la droite israélienne, une manifestation a réuni mercredi soir plusieurs centaines de proches d’otages et leurs soutiens aux cris de « Pas de voyage sans accord préalable » et « un accord maintenant ».
« Décision morale »
Figure de la mobilisation, M. Miran, regard triste mais voix déterminée, appelle au micro M. Netanyahu à « rejoindre [les familles] et annoncer que l’accord est conclu ».
Reconnaissable à la longue barbe blanche qu’il laisse pousser jusqu’au retour de son fils, M. Miran, 79 ans, explique à l’AFP vouloir pousser M. Netanyahu à signer un accord avant de partir aux Etats-Unis, où il doit s’exprimer le 24 juillet devant le Congrès.
Reflétant l’avis majoritaire au sein du Forum des familles, Omri Shtivi, dont le frère Idan est captif à Gaza, affirme que leur combat est « apolitique ».
« Nous exigeons le retour de nos proches, nous ne voulons pas démanteler le gouvernement » explique-t-il. Selon lui, leur libération ne relève pas de la politique mais d’une « décision morale ».
Toutes les familles ne partagent pas cette approche.
A quelques centaines de mètres, d’autres manifestent devant le ministère de la Défense pour exiger la démission de l’exécutif.
« Ce gouvernement et son chef n’ont pas réussi à les ramener chez eux depuis neuf mois. Cela n’a pas de sens », déclare Yifat Calderon, dont le cousin Ofer Calderon, Franco-israélien de 50 ans, est toujours captif.
« Netanyahu les a abandonnés, Netanyahu ne les ramène pas », scandent les manifestants.
« Jusqu’à la victoire »
« Nous exigeons l’arrêt de la guerre, maintenant, immédiatement, et la conclusion d’un accord tout de suite. C’est le seul moyen de les ramener à la maison », explique Mme Calderon à l’AFP. « Aucune opération héroïque ne les ramènera tous. En neuf mois, les opérations militaires n’ont sauvé que sept personnes. »
A l’inverse, plus de 100 otages ont été libérés durant la trêve d’une semaine observée fin novembre. Mais depuis lors, les espoirs d’un nouveau cessez-le-feu ont été régulièrement déçus.
L’attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1 195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 38 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 15 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Devant le ministère de la Défense, Yaron Or, tient une pancarte « On combat jusqu’à la victoire et on ramène Avinatan« , son fils, capturé au festival de musique Nova avec son amie Noa Argamani, libérée début juin par l’armée.
« Nous ne croyons pas à un accord », dit M. Or. C’est seulement si « le Hamas est vaincu qu’ils libéreront les otages », affirme ce représentant d’un groupe minoritaire de familles opposées par principe à un accord avec le Hamas au motif qu’il mettrait immanquablement « en péril » l’avenir du pays.
Les divisions entre « apolitiques », opposants au gouvernement, ou partisans de l’option militaire à tout crin se retrouvent parfois au sein même des familles.
Mais ce mercredi soir, les différents groupes se rejoignent, et la rue résonne de leurs cris pour la libération de leurs proches, « ahchav »: « maintenant ».