Au Festival de Jazz de Jérusalem, Barak Mori jouera ses blue notes en mémoire de son neveu tombé à Gaza
Après la mort sur le front du parachutiste Omri Ben Shachar, son oncle musicien a écrit un morceau pour lui rendre hommage
Lorsque le bassiste Barak Mori donnera un concert jeudi, à l’occasion du Festival de Jazz de Jérusalem, il reviendra sur le devant de la scène – une scène dont il a été absent depuis longtemps.
Mori et son quartet, avec Yuval Drabkin au saxophone, Katia Toobool au piano et Yali Shimoni à la batterie, joueront plusieurs titres et notamment « Omri, My Omri, » une composition originale que Mori a écrite en mémoire de son neveu, le sergent réserviste Omri Ben Shachar, qui était parachutiste au sein du 6623e Bataillon de la 55e Brigade. Il a été tué le 8 décembre 2023 à Gaza, pendant les combats qui ont déchiré Khan Younès.
Mori avait écrit le morceau pour la cérémonie qui était venue clore les 30 premiers jours du deuil de son neveu.
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« Les mots, ce n’est pas mon fort ; je suis meilleur avec les sons », explique Mori, qui ajoute qu’il a commencé à apprendre différents instruments de musique à l’école élémentaire.
La semaine qui avait précédé la cérémonie, Mori déclare avoir « perçu un bel accord » sur sa basse. Il a écrit la première partie du morceau en cinq minutes et la seconde en dix minutes.
« J’avais l’impression qu’Omri était avec moi et qu’on l’écrivait ensemble », dit-il. « Ce n’est jamais facile pour moi – mais quand quelque chose de pareil se produit alors ça va tout seul ».
Alors qu’il interprétait son morceau avec ses musiciens et amis, le trompettiste Avishaï Cohen et le saxophoniste Eli Degibri, devant un public intime, composé de membres de sa famille et de proches, « nous avons eu le sentiment que les portes du paradis s’étaient ouvertes et que son âme s’était élevée », explique Mori, la voix encore cassée par le chagrin.
Lorsque Cohen, qui est le directeur artistique du Festival de jazz de Jérusalem – ainsi qu’un ancien camarade de Mori, à l’école de musique, et l’ami du bassiste depuis 35 ans – lui a demandé de faire un concert lors du festival, Mori a eu la certitude qu’il voulait aussi jouer le morceau écrit en mémoire de son neveu.
« Je l’ai d’abord écrit sous la forme d’un hommage mais je l’ai ensuite consacré à sa vie, c’est ce qu’il aurait attendu de moi », note-t-il.
Mori, 48 ans et célibataire, était proche de son neveu, étudiant en génie électrique originaire de Givatayim qui était âgé de 25 ans.
« Omri était un petit gars étonnant – c’était le cas depuis le jour de sa naissance », déclare-t-il. « Cela ressemble un peu à ce que dit tout le monde, mais c’était quelqu’un de tellement positif ! »
La famille s’efforce, cahin-caha, de continuer d’avancer – tous savent que c’est ce qu’Omri aurait voulu. Mais c’est difficile, explique-t-il.
« Je n’avais jamais ressenti un tel chagrin auparavant, votre cœur est comme brisé », dit-il.
Mori ne souhaite pas apporter ce sentiment profond de deuil et de tristesse sur la scène, avec lui, lors de son concert du 20 juin qui débutera à 21 heures, mais il sait toutefois qu’il y aura une part de chagrin lorsque son quartet jouera, dans la galerie du musée d’Israël qui héberge actuellement l’exposition « L’aube de l’obscurité : L’élégie dans l’art contemporain » – une exposition qui est le propre hommage rendu par l’institution aux victimes de l’attaque du 7 octobre.
« Nous ajouterons des morceaux plus optimistes comme Omri aurait voulu que je le fasse », explique Mori. « Il n’entretenait pas un lien fort avec le jazz mais il venait toujours m’écouter à Eilat avec sa petite amie et avec ses amis ».
Ce sera aussi la première fois que le bassiste jouera le morceau devant un public qui ne sera pas composé de ses amis intimes – même si un grand nombre d’entre eux ont juré d’être présents.
« Ce sera un autre moment émouvant mais les gens vont comprendre », ajoute-t-il.
Mori s’est illustré à de nombreuses reprises sur la scène du festival de jazz de Jérusalem, souvent avec les quartets avec lesquels il a travaillé aux États-Unis et en Europe. Il a joué avec Madeleine Peyroux, Peter Cincotti, Eric Reed, Benny Green, Paula West, Keren Ann, Yoni Rechter, et ses vieux amis Cohen (ci-dessous) ou Eli Degibri.
Il a été en contact avec un grand nombre de ces musiciens et avec ses amis à l’étranger au cours des huit derniers mois, qui lui ont régulièrement demandé des nouvelles et qui lui ont présenté leurs condoléances à la mort de son neveu.
Après avoir vécu à New York pendant presque 20 ans, Mori était retourné en Israël en 2015 pour s’occuper de son père malade, faisant souvent le voyage vers l’Europe et vers les États-Unis pour y rejoindre Peyroux. La pandémie de COVID avait mis un terme à cette vie nomade.
Mori est dorénavant enseignant à l’Académie de musique et de danse de Jérusalem, travaillant avec des étudiants et donnant des concerts entouré de son quartet et de Cohen.
« Rester en Israël pour enseigner et pour monter sur scène n’est pas suffisant pour moi », reconnaît-il. « Il faut que les choses se remettent en place après le COVID et après cette guerre ».
Quoi qu’il en soit, il est heureux de prendre part au festival de jazz de Jérusalem qui, dit-il, offre un accès à toutes les musiques et à tous les publics.
L’événement, qui a été produit par le Festival d’Israël annuel, qui est multidisciplinaire et qui se déroule également à Jérusalem, aura lieu du mercredi 19 juin au vendredi 21 juin au Musée d’Israël et au club Yellow Submarine.
Parmi les autres artistes qui figurent au programme, Joseph E-Shine Mizrachi, Tamir Muskat et Marsh Dondurma du Balkan Beat Box, le quintet slovaque Oskar Torok, Sol Monk et d’autres.
Les billets sont actuellement proposés à la vente sur le site internet du festival de jazz de Jérusalem et au guichet qui se trouve à l’entrée du Musée d’Israël.
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