Au gouvernement, aucune femme n’a été nommée directrice-générale d’un ministère
Sur 31 ministères composant le cabinet, 23 ont été dotés de directeurs et seuls quelques postes restent encore vacants ; un groupe féministe menace de faire appel à la justice
Tous les directeurs-généraux des ministères qui ont été nommés par le nouveau gouvernement ont, jusqu’à présent, été des hommes – ce qui a entraîné la colère des groupes de défense des droits des femmes et remis en question l’engagement de la coalition actuelle en faveur de l’égalité des sexes.
Sur les 31 ministères que compte le gouvernement, pas un seul ministre n’a nommé une femme au poste de directrice-générale. Vingt-trois postes ont été confiés à des hommes. Il reste six directeurs-généraux à désigner et ces fonctions devraient être pourvues dans les prochaines semaines. Deux nominations de directeurs-généraux – des hommes – n’ont pas été approuvées mais ce sont des hommes, encore une fois, qui ont assumé le poste par intérim.
Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, aurait indiqué qu’il chargerait Jordana Cutler, directrice de la politique publique de Facebook pour Israël, de diriger son ministère même si aucune désignation n’a été officiellement présentée au cabinet.
Le ministre des Sciences et des Technologies, Ofer Akunis, avait bien l’intention de nommer Osnat Mark comme directrice de son ministère mais cette dernière a retiré sa candidature suite aux critiques émises sur son manque d’expérience.
Le groupe Israel Women’s Network a envoyé un courrier, la semaine dernière, au Premier ministre Benjamin Netanyahu, lui demandant de régler le problème de l’absence des femmes à la tête des ministères.
« Une représentation si faible des femmes parmi les directrices des ministères gouvernementaux est une violation flagrante de votre obligation de mettre en place une représentation équitable », a écrit l’organisation dans la lettre dont le contenu a été diffusé par le site d’information Walla.
Le groupe de défense des droits des femmes a demandé une réponse de Netanyahu « de manière à ce que nous puissions réfléchir aux prochaines étapes à suivre et nous tourner, si nécessaire, vers les tribunaux ».
Sur les 32 ministres qui officient dans le gouvernement actuel (certains ministères comptent plusieurs ministres et certains ministres ont plus d’un portefeuille), six sont des femmes : Miri Regev, ministre des Transports ; Idit Silman, ministre de la Protection environnementale ; Galit Distel Atbaryan, ministre de la Diplomatie publique ; Gila Gamliel, ministre des Renseignements ; Orit Strock, ministre des missions nationales et May Golan, ministre au sein du bureau du Premier ministre.
Il y avait neuf femmes au sein du dernier gouvernement, dans un cabinet de 27 ministres. Il y avait aussi neuf directrices-générales dans la dernière coalition – un chiffre sans précédent.
Les deux partis ultra-orthodoxes de la coalition, Shas et Yahadout HaTorah, n’ont pas de femmes sur leur liste électorale tandis que la faction d’extrême-droite Otzma Yehudit n’en compte qu’une. Sur les 64 députés appartenant à la coalition, au moment de son investiture, neuf seulement étaient des femmes.
Dans une étude publiée en 2021, l’Institut de la démocratie israélien avait noté que l’augmentation du nombre de femmes au parlement et au gouvernement correspondait à un renforcement des législations adoptées en soutien aux intérêts et aux besoins des femmes. L’Institut avait fait remarquer qu’au cours des années précédentes, « les activités de la Knesset visant à soutenir le statut des femmes dans la société ont été principalement menées par des législatrices ».
Plus d’une dizaine d’organisations féministes ont participé à un mouvement de protestation qui avait placé les femmes à sa tête et qui a dénoncé les politiques mises en œuvre par le gouvernement à Tel Aviv, dans la journée de dimanche. Parmi les groupes présents, l’Israel Women’s Network, WIZO et Naamat.
« Nous nous inquiétons de la disparition des femmes de la sphère publique – avec neuf femmes seulement dans la coalition et zéro femme directrice-générale dans les ministères gouvernementaux » a fait savoir Naamat, citant l’une des raisons ayant motivé l’organisation à participer à la manifestation. « Et il y a encore de nombreux autres exemples ».