Au kibboutz Beeri, les familles de 13 victimes du 7 octobre réclament une enquête
Les proches réclament des réponses alors que leurs être chers, pris en otage dans une maison par des terroristes, ont pu être tués par l'armée au cours d'intenses échanges de tirs
Les familles de 13 civils israéliens qui ont été tués lors d’intenses échanges de tirs entre le Hamas et les troupes de Tsahal, le 7 octobre, au kibboutz Beeri réclament des investigations militaires sur les agissements et sur les décisions prises par les soldats, ce jour-là. Il est probable que certains de leurs êtres chers ont trouvé la mort sous les balles israéliennes dans l’habitation où ils étaient retenus contre leur gré par les terroristes du Hamas, estiment-elles.
Un char était aussi présent sur les lieux.
Dans un courrier daté du 4 janvier et qui a été publié dans les médias israéliens, ce week-end, les familles ont écrit qu’elles « demandent à l’armée de procéder à une enquête transparente, en profondeur, sur les décisions et sur les actions ayant entraîné cette issue tragique », ajoutant qu’un tel examen des faits ne pouvait pas attendre la fin de la guerre.
Le kibboutz Beeri a été la communauté la plus durement touchée lors du massacre commis par le Hamas, le 7 octobre – des milliers de terroristes avaient franchi la frontière séparant Israël et la bande de Gaza et ils avaient tué 1200 personnes. Des familles entières avaient été froidement exécutées dans leurs habitations et des jeunes avaient été massacrés lors d’une rave-party. Les hommes armés avaient aussi enlevé environ 240 personnes, prises en otage au sein de l’enclave côtière.
Pendant l’assaut meurtrier qui avait semé la désolation à Beeri, en ce Shabbat noir, des dizaines de terroristes avaient pris 15 civils israéliens en otage qu’ils avaient rassemblés dans l’habitation de Pessi Cohen, un résident du kibboutz.
Les hommes armés avaient utilisé leurs prisonniers pour réclamer de pouvoir retourner à Gaza en toute sécurité – avec l’intention d’emmener les civils avec eux. Ils avaient menacé de les tuer si l’armée devait ouvrir le feu. Selon les deux seuls survivants parmi les personnes qui se trouvaient dans la maison, ce jour-là, les terroristes avaient placé les otages entre eux et ils avaient avancé vers les soldats israéliens alors qu’une fusillade éclatait.
Un terroriste s’était rendu, utilisant comme bouclier humain Yasmin Porat alors qu’il quittait l’habitation pour déposer les armes.
Les échanges de coups de feu devaient durer plusieurs heures jusqu’à ce qu’au crépuscule, les terroristes ne lancent une roquette en direction des soldats, selon des informations.
Le général de brigade Barak Hiram, commandant de la 99e Division qui se trouvait sur les lieux, a déclaré au New York Times , le mois dernier, que lorsque c’était arrivé, il avait dit : « Les négociations sont terminées ».
Il s’était ensuite adressé à un chef de char : « Allez-y, entrez, même au prix de victimes civiles ».
Le tank avait tiré deux obus légers en direction de l’habitation et une seule personne avait survécu au carnage – Hadas Dagan. Les restes de 13 otages et de dizaines de terroristes avaient ensuite été retrouvés et identifiés. Selon les membres de sa famille, l’un des otages, Yitzhak Sitton, beau-frère de Pessi Cohen, avait été abattu par le Hamas avant l’arrivée de l’armée et le fils d’Yitzhak, Tal Sitton, avait été grièvement blessé par balle. Il est difficile de dire combien des autres captifs ont été tués ou par les terroristes, ou par les soldats israéliens.
Pessi Cohen, Hanna Sitton, Yitzhak Sitton, Tal Sitton, Tal Katz, Ayala, Liel et Yannai Hetzroni, Hava Ben-Ami, Zeev et Zehava Hacker, Adi Dagan et Suhaib Abu Amer Razeem avaient perdu la vie à l’intérieur de la maison. Abu Amer Razeem avait été capturé à la rave-party Supernova et les hommes armés l’avaient amené à Beeri pour qu’il serve de traducteur.
Le courrier écrit par l’armée a été signé par Hila Peled et Shaï Cohen, les enfants de Pessi Cohen; par Noa Sitton-Segal, fille de Hanna et Yitzhak Sitton et sœur de Tal Sitton; par Hagay Hacker, fils de Zehava et de Zeev Hacker; par Noam Ben-Ami et Nurit Levi, fils et belle-fille de Hava Ben-Ami; par Abed Amu Amer, frère de Suhaib Abu Amer Razeem; par Omri Shifroni, nièce d’Ayala Hetzroni et cousine de Liel et Yannai et par Yasmin Porat, survivante et conjointe de Tal Katz.
La missive, adressée au chef d’état-major Herzi Halevi et à plusieurs autres responsables militaires, cite les propos tenus par Hiram ainsi que des informations qui ont été ultérieurement divulguées concernant l’incident, faisant remarquer que « selon les éléments qui ont été recueillis, les obus de char ont été fatals et ils ont été à l’origine de la mort d’un grand nombre d’otages en plus des terroristes ».
« Il est important pour les familles et pour le grand public », continue la lettre, « de comprendre les circonstances qui ont entouré la prise de décision et de garantir que la confiance portée par le public, les valeurs de l’armée et la responsabilité de la hiérarchie de commandement resteront intactes, même en ces jours difficiles ».
Les familles notent dans le courrier qu’au vu « de la gravité de l’incident, nous ne pensons pas que ce soit une bonne chose d’attendre l’après-guerre pour procéder à l’enquête, » soulignant qu’il est difficile de dire quand le conflit se terminera et qu’il serait préférable de lancer des interrogatoires « alors que les souvenirs sont encore frais » – et avant aussi que l’habitation de Pessi Cohen ne soit définitivement rasée.
Les familles demandent également à Tsahal que les résultats des investigations soient présentés aux familles avant d’être révélés au grand public « pour apporter de la clarté aux familles touchées et pour leur permettre de tourner la page, et pour respecter aussi les principes de transparence et de redevabilité au sein de l’armée ».
Les militaires avaient déjà promis d’enquêter pleinement sur l’incident. Jeudi, des informations ont révélé que Tsahal a mis en place une équipe qui est chargée de mener des investigations, de manière générale, sur les actions des soldats, le 7 octobre, et sur la période qui avait précédé l’attaque du Hamas – même s’il est difficile de dire si le panel examinera l’incident survenu au kibboutz Beeri.