Au milieu des huées, Netanyahu inaugure le tramway de Tel Aviv
Le Premier ministre a coupé le ruban lors de la cérémonie d'ouverture du terminus de la ligne rouge à Petah Tikva ; le maire de Tel Aviv a boycotté l'événement
Un jour avant que le métro de Tel Aviv, tant attendu, ne commence à desservir la plus grande métropole d’Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a cérémonieusement lancé le premier tronçon du projet jeudi, accompagné par les cris de manifestants anti-refonte judiciaire à proximité et au milieu d’importants blocages de la circulation à travers Tel Aviv et les villes environnantes.
Le Premier ministre a coupé le cordon lors de la cérémonie d’ouverture à l’un des terminus de la ligne rouge à Petah Tikva, en déclarant : « Cette ligne servira à tout le monde, à ceux qui nous soutiennent comme à ceux qui s’opposent à nous. C’est un jour de fête pour Israël. »
La ligne rouge, qui s’étend sur 34 stations de Bat Yam à Petah Tikva, sera officiellement ouverte au public vendredi. Le NTA Metropolitan Mass Transit System, la société en charge du tramway – connu en hébreu sous le nom de Neta – a supervisé les travaux sur cette ligne de 24 kilomètres, en construction depuis 2015.
Le metro sera payant à partir de samedi soir mais il sera gratuit ce vendredi. Les trajets à l’intérieur de Tel Aviv coûteront 5,50 shekels, soit environ 1,20 euro, et les trajets plus longs coûteront un peu moins de 3 euros.
Des centaines de manifestants opposés au projet de refonte judiciaire du gouvernement se sont rassemblés devant le lieu de la cérémonie avec des drapeaux israéliens – leurs cris, leurs huées et leurs coups de klaxon ont été entendus pendant que le Premier ministre s’exprimait, ce qui l’a obligé à hausser la voix.
« Il y a toujours des obstacles. Il faut les surmonter. Lorsque des gens, dont certains se trouvent derrière nous, nous ont dit de ne pas ouvrir l’économie, nous l’avons ouverte et nous avons réussi », a déclaré Netanyahu, faisant probablement référence aux manifestants et à ses rivaux politiques. « Ils nous ont dit de ne pas extraire le gaz de la mer. Nous l’avons extrait et nous avons réussi. Ils nous ont dit de ne pas construire la clôture de la frontière égyptienne. Nous l’avons construite et nous avons sauvé le pays [d’un afflux de migrants économiques]. Ils nous ont dit qu’il était impossible de parvenir à la paix avec les États arabes sans résoudre la [question] des Palestiniens. Nous l’avons fait et nous résoudrons le problème des Palestiniens. Cela aussi. »
« Nous avons fait tout cela et aujourd’hui nous connectons le pays – entre les villes, à l’intérieur des villes et entre les États », a-t-il déclaré, faisant allusion à un projet dont il a parlé le mois dernier et qui consiste à mettre en place un jour une voie ferrée rapide vers l’Arabie saoudite.
Des manifestants s’étaient également rassemblés plus tôt dans la journée à divers endroits le long du trajet, alors que Netanyahu et son épouse Sara faisaient un tour d’essai à bord du nouveau train. Un millier de policiers ont participé à la sécurisation de l’itinéraire, ont rapporté les médias israéliens.
Les dirigeants du mouvement de protestation ont affirmé que les nombreuses fermetures de routes étaient dues aux efforts de la police pour empêcher les manifestants de perturber la visite. Ils ont adressé une pétition à la police mercredi pour empêcher « la paralysie de tout Tel Aviv au profit du dictateur qui prend le métro », déclarant que les fermetures étaient « déraisonnables » et « toquées ». Jeudi matin, ils ont fait appel à la Haute Cour de justice contre ce mouvement, mais la Cour n’est pas intervenue.
Les organisateurs de manifestations anti-gouvernement ont annoncé leur intention de perturber le lancement de vendredi et de bloquer l’itinéraire de la ligne.
La ministre des Transports Miri Regev (Likud) s’est également exprimée lors de la cérémonie, omettant de mentionner son prédécesseur Merav Michaeli, aujourd’hui dans l’opposition, qui n’avait pas été invitée à la cérémonie. Regev a remercié tous les maires des villes traversées par la ligne, à l’exception du maire de Tel Aviv, Ron Huldaï, qui avait boycotté la cérémonie.
Mercredi, Huldaï a déclaré qu’il ne participerait pas à l’événement, citant son soutien aux transports publics à Shabbat. « C’est ma protestation », a-t-il déclaré dans une vidéo. « Le métro doit également fonctionner et servir le peuple le week-end, comme il se doit dans un pays libéral et démocratique. »
L’ancienne ministre des Transports, Michaeli, avait assuré que la ligne fonctionnerait à Shabbat, mais cette promesse – discutable au départ, la ligne traversant la ville haredi de Bnei Brak – n’a pas été tenue par le nouveau gouvernement, arrivé au pouvoir en décembre.
Mercredi, Regev a été huée par des manifestants anti-gouvernement et a été accueillie par des cris de « honte » lors d’une cérémonie de lancement. Regev, et certains des cadres impliqués dans le projet en cours de construction depuis 2015, ont assisté à l’événement qui s’est déroulé à Jaffa.
Dans son discours lors de la cérémonie de jeudi, Regev a plaisanté. « Monsieur le Premier ministre, vous n’avez pas idée de la gratitude de certains habitants – ils m’ont attendue en soufflant dans des klaxons, j’ai vu l’excitation dans leurs yeux. »
Elle a remercié les maires des villes traversées par la ligne rouge, tout en notant que « l’un d’entre eux n’est pas venu à cause de la petite politique » – une référence à Huldaï. Elle a fait l’éloge du leadership de Netanyahu. « C’est vous qui dirigez Israël et qui le reliez au monde. »
Le ministre de l’Énergie, Israël Katz, ancien ministre des Transports, ainsi que le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, également ancien ministre des Transports, ainsi que des députés de la coalition et des maires, ont également assisté à la cérémonie.
Les projets du gouvernement visant à remanier radicalement le système judiciaire ont été accueillis par des mois de protestations de masse. Les opposants ont traqué les ministres du gouvernement, organisant des manifestations dans les lieux où ils font des apparitions publiques. En début de semaine, des manifestants ont protesté devant le moshav Ramot, près du lac de Tibériade, où Netanyahu passait des vacances en famille. La semaine dernière, les vacances précédentes de Netanyahu dans le moshav de Neve Ativ, dans le Golan, ont également donné lieu à des manifestations.
Au-delà des protestations contre Netanyahu et les membres du cabinet, un nombre croissant d’opposants s’en est pris au métro lui-même, avec des appels au boycott de la ligne en raison du refus du gouvernement de la faire fonctionner durant Shabbat.
Bien que la plupart des transports publics soient à l’arrêt pendant le jour de repos juif, l’ouverture de ce projet, qui a pris des années, a recentré l’attention sur le manque d’options de transport pour les Israéliens laïcs qui ne possèdent pas de voiture, alors que la colère de ces derniers à l’égard des limitations religieuses dans la sphère publique s’accroît dans le cadre des grandes manifestations.
La JTA a contribué à cet article.