Michaeli s’engage à ce que le tramway de Tel Aviv circule pendant Shabbat dès 2023
La ministre des Transports a annoncé la mise en place d'un système de transport public fonctionnant sept jours sur sept dans la région du Gush Dan à partir de l'année prochaine
La ministre des Transports Merav Michaeli a annoncé ce week-end son intention de faire fonctionner le système de tramway dans la région de Tel Aviv et ses environs pendant Shabbat, à partir de l’année prochaine.
« C’est ma décision et je l’ai prise en tenant compte de toutes les implications importantes qui découlent d’une telle décision », a déclaré Michaeli à la Douzième chaîne vendredi.
Après plus d’une décennie de travaux et plusieurs retards, la première des trois lignes du nouveau système de tramway devrait ouvrir en novembre. La « Ligne Rouge » reliera Bat Yam à Petah Tikva via Tel Aviv-Jaffa, Ramat Gan et Bnei Brak, une banlieue ultra-orthodoxe où même les voitures sont généralement interdites le jour du Shabbat.
La décision de Michaeli, cheffe du parti progressiste Avoda, bouleverserait les normes de longue date qui interdisent les transports publics le jour du repos juif dans la quasi-totalité des villes à majorité juive, mais elle intervient après des années de plaintes formulées par des résidents laïcs et libéraux, qui estiment que ces fermetures hebdomadaires sont une forme de coercition religieuse.
Il n’est pas encore certain que la simple annonce de Michaeli suffise à faire bouger les choses en matière de transports publics le jour du Shabbat. Les Israéliens doivent de nouveau se rendre aux urnes le 1er novembre, pour la cinquième élection législatives en moins de quatre ans, et le parti Avoda de Michaeli fait partie du bloc de centre-gauche dirigé par le Premier ministre Yair Lapid.
En août, Michaeli avait ordonné à l’entreprise publique chargée de superviser les nouvelles lignes de tramway de Tel Aviv, actuellement en construction, d’examiner un possible fonctionnement à Shabbat, touchant une corde politique très sensible et entraînant un tollé de la part des leaders ultra-orthodoxes.
« Les citoyens méritent de ne plus être assiégés le week-end », avait-elle déclaré à l’époque dans un communiqué, notant que cette initiative permettrait de laisser les voitures dans les garages et qu’elle mettrait un terme aux restrictions injustes subies par les Israéliens qui souhaitent se déplacer le samedi, mais qui se retrouvent piégés par l’absence de transports publics.
« Aujourd’hui, de plus en plus d’Israéliens ont besoin de transports publics pendant le week-end, ils le souhaitent ; et un grand nombre de ceux qui ne les utiliseront a priori pas, sont également favorables à cette idée. Il est de notre devoir de le faire », avait-elle ajouté, appelant le Premier ministre Yair Lapid à soutenir ce plan.
Les politiciens des partis religieux sont rapidement intervenus, critiquant le plan et accusant Michaeli d’utiliser cette question pour marquer des points auprès des électeurs. Bezalel Smotrich, député HaTzionout HaDatit et ancien ministre des Transports, l’a qualifiée de « ministre ratée » et le député Shas Moshe Arbel a déclaré que son parti allait déposer une une requête, contre Michaeli, devant la Commission centrale électorale.
Samedi soir, Smotrich a déclaré que « Merav Michaeli préfère répandre des slogans creux plutôt que de s’occuper de la situation catastrophique des transports dont souffrent tous les citoyens israéliens ».
Smotrich a déclaré que dans le futur gouvernement de droite, « ils veilleront à annuler toute décision qui porte atteinte au caractère juif du pays et que le Shabbat, et son caractère sacré en tant que jour de repos national, seront préservés ».
Aryeh Deri, chef du parti Shas, a qualifié la politique de Michaeli « d’échec pour tout ce qui est relatif aux transports et au fléau de la circulation en Israël ».
Il l’a accusée d’essayer de glaner des votes « tout en piétinant le Shabbat et l’identité juive du pays ». Lui aussi a juré de défaire toute décision de ce type dans le cadre d’un éventuel futur gouvernement de droite dirigé par le leader de l’opposition Benjamin Netanyahu.
« Nous maintiendrons le statu quo et le caractère sacré du Shabbat », a ajouté Deri.
Yitzhak Goldknopf, le nouveau leader de Yahadout HaTorah, a rejeté l’idée que ce serait un coup politique visant à aider Michaeli lors des prochaines élections mais a également qualifié les transports publics du samedi comme une « profanation » du Shabbat.
« Je proteste contre ces choses parce que le fait même de les envisager est une violation de l’honneur et de la sainteté du Shabbat. Le judaïsme de Yahadout HaTorah n’autorisera pas la profanation du Shabbat dans un État juif », a déclaré Goldknopf dans un communiqué publié par son bureau.
Goldknopf a décrit cette annonce comme une « tentative désespérée de passer le seuil électoral » pour le parti Avoda de Michaeli, qui semblerait n’obtenir que les quatre sièges minimum nécessaire pour entrer à la Knesset.
Dans un tweet, Michaeli a déclaré samedi que tous ces politiciens « ne lui font pas peur ».
« Si cela ne tenait qu’à vous, l’aéroport serait également fermé le Shabbat. Je continuerai à me battre pour la vérité et pour mes valeurs et celles de la majorité du peuple dans l’État d’Israël », a-t-elle écrit.
En Israël, les bus et les trains ne circulent généralement pas dans les villes à majorité juive le vendredi soir et le samedi jusqu’au coucher du soleil.
Cette pratique est née d’un accord conclu entre la communauté ultra-orthodoxe et le premier Premier ministre d’Israël, David Ben Gurion, avant la formation de l’État.
En 2019, la municipalité de Tel-Aviv avait lancé une initiative qui assurait le transport public pendant le Shabbat, offrant des services de minibus aux résidents de la ville et des environs. Ce projet a pris fin lorsque la pandémie de COVID-19 a commencé.
Un sondage réalisé par le groupe de défense Hiddush dans le sillage de l’initiative de Tel Aviv a révélé que, parmi les Israéliens juifs, 71 % étaient en faveur des transports le week-end, dont 94 % qui se disent laïques.
Les autres groupes qui soutiennent la mesure sont les Juifs traditionnels qui se disent « pas si religieux », à 82 %, et les Juifs traditionnels « proches de la religion », à 59 %.