Avant Yom HaZikaron, les experts alertent sur la santé mentale des militaires
Les autorités ont enregistré une forte hausse des cas de TSPT et des suicides depuis le 7 octobre et la guerre : elles plaident en faveur d'une meilleure sensibilisation et d'un meilleur soutien

Avec Pessah et les grandes fêtes israéliennes en vue, les prochaines semaines pourraient s’avérer difficiles pour les membres de l’armée israélienne souffrant de syndrome de stress post-traumatique (TSPT), ont indiqué des experts en réadaptation lors d’une réunion, ce dimanche.
Selon la directrice générale adjointe du ministère de la Défense, Limor Luria, qui dirige le département de rééducation du ministère, les soldats souffrant de TSPT disent que les fêtes et journée du souvenir sont particulièrement éprouvantes, surtout en temps de guerre.
Cette année, Pessah, le Jour de commémoration de la Shoah, Yom HaZikaron et Yom HaAtsmaout tombent tous en avril, soit un facteur risque accru en termes de santé mentale.
Efrat Shaprot, présidente de NATAL, ONG israélienne qui apporte un soutien psychologique et émotionnel aux victimes de la guerre et du terrorisme, rappelle l’importance de la sensibilisation de la population avant les fêtes.
« Nous constatons toujours une augmentation des difficultés pendant cette période, particulièrement en temps de guerre », dit-elle.
Luria souligne pour sa part que les personnes sans liens familiaux solides sont particulièrement à risque et invite la population à leur tendre la main et leur offrir leur soutien.

Au cours de cette réunion, le ministère de la Défense a donné la liste des symptômes des personnes à risque, comme par exemple de soudaines sautes d’humeur, l’irritabilité ou encore une forme de négligence corporelle.
Selon le ministère, la meilleure façon d’aider les personnes en détresse émotionnelle est de les écouter sans les juger, de leur donner de l’espoir et d’être attentif aux comportements changeants. Les spécialistes ont également recommandé de leur poser des questions directes mais compatissantes, comme par exemple « Pensez-vous à la mort ? » pour engager la conversation tout en encourageant les personnes à risque à demander de l’aide professionnelle.
Le service de réadaptation offre toute une gamme de services, à commencer par un centre d’appels ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, l’accès à des spécialistes des soins psychologiques et une application baptisée « Le guide du TSPT », qui propose de nombreuses ressources dans le domaine de la santé mentale.
Depuis le pogrom commis par le Hamas le 7 octobre, le service a pris en charge 16 500 nouveaux soldats blessés, dont près de la moitié sont traités pour un TSPT. Avant le 7 octobre, il traitait 62 000 soldats blessés, dont 25 % souffraient de problèmes d’ordre psychologique.

« Nous avons grandement simplifié le processus d’orientation », ajoute Luria, tout en expliquant qu’il suffit désormais de se connecter au site Internet pour bénéficier de certains services.
Idan Kaliman, président de l’Organisation des anciens combattants handicapés de Tsahal, précise toutefois que le service et les organisations partenaires ont avant tout besoin d’argent et de ressources adaptées.
« Tant que le service de réadaptation continuera d’être en sous-effectif », il y aura des suicides évitables à cause d’un TSPT lié à l’armée.
En janvier dernier, en publiant les statistiques des décès enregistrés dans ses rangs entre 2023 et 2024, l’armée a signalé une augmentation des suicides présumés dans le cadre de la guerre.

Selon les chiffres publiés par Tsahal, le nombre de suicides présumés de soldats israéliens a fortement augmenté depuis le pogrom mené par le Hamas le 7 octobre et depuis le début de la guerre, 28 soldats se seraient suicidés. En 2023, avant l’attaque, il y en avait eu dix.
À titre de comparaison, l’armée israélienne a documenté 14 suicides présumés en 2022 et 11 en 2021, ce qui atteste du lourd bilan psychologique de la guerre.
L’armée israélienne a également noté que des milliers de réservistes avaient renoncé à des positions de combat à cause du stress, sans donner pour cela des chiffres ou détails supplémentaires.
Le mois dernier, Israël a tenu sa toute première conférence internationale sur la rééducation, intitulée « Partenariat à vie », au cours de laquelle des experts venus du monde entier ont évoqué les processus de rétablissement des militaires blessés.

Lors de son allocution, Luria a souligné que le service de réadaptation faisait passer les soins urgents avant les formalités, en apportant aux patients et à leurs proches un soutien en matière de santé mentale ou autre sans avoir besoin de passer par des comités médicaux.
Les besoins en matière de santé mentale ne cessent de croître : le service de réadaptation estime qu’il traitera environ 100 000 blessés d’ici 2030, dont la moitié sans doute souffrira de TSPT.
Selon les statistiques de Tsahal publiées en février 2024, sur près de 3 000 soldats en service obligatoire ou dans la réserve contrôlés par le système de santé mentale de l’armée depuis le 7 octobre, 82 % sont repartis au combat.