Les citoyens libanais ont été informés lundi d’une série de nouvelles restrictions visant à stopper la propagation du COVID-19, dont la plus importante est un confinement. Jusqu’au 10 août, les mosquées, les cinémas et les boîtes de nuit seront fermés, les manifestations sportives seront annulées et les marchés seront fermés. Les entreprises privées, les banques et le système éducatif doivent fermer à partir de jeudi, également jusqu’au 10 août. Tout ceci entre en vigueur avant l’Aïd al-Adha, la fête du sacrifice, qui aura lieu ce week-end.
Hamad Hassan, le ministre libanais de la Santé affilié au Hezbollah, a expliqué : « Nous devons revenir en arrière et faire face à la situation comme si la pandémie ne faisait que commencer ». En effet, le COVID-19 a fait une nouvelle apparition au Liban ces derniers jours, avec 132 nouveaux patients et huit décès – des chiffres élevés selon les normes libanaises – dans les 24 heures précédant l’annonce du bouclage. Cette année, l’Aïd al-Adha sera un peu comme la nuit de Pessah en Israël, une célébration singulièrement limitée.
Tout cela exacerbe les profonds problèmes économiques actuels du Liban. L’inflation est hors de contrôle, augmentant fortement les prix des fournitures de base. Un sac de riz coûte trois fois plus cher que l’année dernière. L’économie nationale est au bord de la faillite, les investisseurs étrangers et les entreprises ne sont pas prêts à mettre de l’argent dans l’État. Les populations locales n’ont même pas les moyens de se faire soigner à l’hôpital quand elles en ont besoin.
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Le groupe terroriste du Hezbollah, ces derniers mois, a tenté de combler ce vide. Il a été accusé d’avoir introduit le coronavirus au Liban par le biais de ses diverses transactions avec l’Iran. Pour détourner ces accusations, il a mis en place un réseau de cliniques et d’hôpitaux pour les patients atteints de COVID-19. Les cliniques se trouvent principalement dans les zones chiites, mais elles fournissent des services à tous les secteurs, gratuitement. Le Hezbollah a également fourni des colis alimentaires à des familles particulièrement démunies. Il gère même une ligne d’assistance téléphonique offrant une aide psychologique.
Des partisans du Hezbollah brandissent des photos de son chef terroriste Hassan Nasrallah et des pancartes anti-américaines alors qu’ils protestent contre une déclaration de l’ambassadrice américaine critiquant le groupe lors d’un rassemblement dans la banlieue sud de la capitale Beyrouth, le 28 juin 2020. (Anwar Amro/AFP)
Ces mesures ont apaisé une grande partie des critiques concernant son rôle dans la propagation du virus et l’effondrement économique général. Le Hezbollah est désormais perçu comme une sorte de messie. En faisant du coronavirus le grand ennemi de la nation libanaise, le Hezbollah s’est présenté comme un élément central de la lutte contre ce virus.
Ce qui nous amène à l’incident frontalier de lundi avec Israël. La question qu’il faut se poser est de savoir si le Hezbollah, qui reçoit actuellement un financement réduit de la part de l’Iran dans le contexte de la pandémie, du bouclage et de la fête qui sera tout sauf festive, se permettrait un aventurisme militaire contre Israël ?
Le secrétaire général Hassan Nasrallah a promis que le Hezbollah répondrait à toute atteinte à ses combattants, en Syrie ou au Liban. Et donc si la tentative d’attaque de lundi – s’il s’agissait vraiment d’une tentative d’attaque – n’a rien donné, la logique voudrait que le Hezbollah « doive » toujours à Israël une réponse militaire au meurtre d’un de ses combattants dans une frappe près de Damas la semaine dernière, attribué à Israël.
Et pourtant, le sentiment est qu’une telle logique peut être inappropriée et que le Hezbollah ne peut se permettre un enchevêtrement militaire majeur avec Israël – certainement pas maintenant, et pas au Liban. Cela n’exclut pas une nouvelle réaction du Hezbollah, mais elle viserait à éviter une détérioration de la situation de guerre. Alternativement, le Hezbollah pourrait essayer de cibler Israël depuis le plateau du Golan syrien, ou simplement attendre que la fête et le bouclage s’achèvent.
Des manifestants anti-Hezbollah brandissent des banderoles avec la résolution 1559 des Nations unies, adoptée en septembre 2004, qui appelle au désarmement de toutes les milices libanaises et non libanaises, lors d’un sit-in contre le Hezbollah et l’Iran devant le siège des Nations unies, à Beyrouth, au Liban, le 24 juillet 2020. (AP Photo/Hussein Malla)
Il convient de souligner que les événements de lundi dans la région du mont Dov soulignent à quel point les deux parties, Israël et le Hezbollah, font preuve de prudence sur le terrain.
Au niveau déclaratif, le Hezbollah fait preuve de mépris et de dérision à l’égard d’Israël. Mardi matin, son média Al-Ahbar a consacré une page entière à ce qu’il a appelé « Israël combattant les ombres des résistants » – ce qui implique que l’incident de lundi s’est produit principalement dans l’imaginaire israélien. De leur côté, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Benny Gantz ont menacé à plusieurs reprises de viser le Liban, mais en pratique, Israël a tiré lundi des coups de semonce sur les combattants du Hezbollah.
Le ministre de la Défense Benny Gantz (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’un point de presse à la suite d’un incident à la frontière israélo-libanaise au cours duquel Israël a déclaré avoir déjoué une attaque du Hezbollah, le 27 juillet 2020. (Capture d’écran)
Lors d’incidents précédents, lorsque des convois du Hezbollah ont été pris pour cible en Syrie, Israël a, selon des rapports étrangers, cherché à avertir les conducteurs et les passagers de ces convois avant de frapper les véhicules eux-mêmes. Le Hezbollah, lui aussi, comprend parfaitement l’importance que revêt le fait de toucher des soldats israéliens ou des civils israéliens.
Si tout cela n’avait pas été le cas, nous aurions assisté depuis longtemps à une escalade majeure dans le nord.
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