Avec un taux de rémission de 57%, l’immunothérapie israélienne commercialisée aux USA
85 % des patients ont vu leur état s'améliorer après avoir suivi la thérapie mise au point par le professeur Cyrille Cohen de l'université Bar Ilan
Une immunothérapie israélienne a réussi à « reprogrammer le système immunitaire » de patients atteints de cancer. Son inventeur a révélé mercredi qu’une société pharmaceutique américaine en avait obtenu la licence en vue de la commercialiser.
Le traitement consiste à prélever des globules blancs sains – les lymphocytes T – chez des patients cancéreux et à leur ajouter une molécule artificielle avant de les réinjecter dans l’organisme, a déclaré le professeur Cyrille Cohen de l’université Bar Ilan.
Cette molécule donne aux cellules T le pouvoir de reconnaître et de tuer les cellules responsables du myélome multiple qui se manifeste quand il y a une accumulation de nombreux plasmocytes anormaux (cellules myélomateuses) dans la moelle osseuse – en d’autres termes, quand il y a un cancer de la moelle osseuse.
L’hôpital Hadassah de Jérusalem a testé la thérapie avec différents niveaux de dose et a constaté que, lorsqu’elle était administrée à la plus forte dose, 57 % des patients atteints de myélome multiple étaient en rémission. Environ 85 % des patients ayant reçu la dose élevée ont vu leur état s’améliorer.
Les résultats partiels de l’étude en cours, qui a porté sur 50 patients atteints de cancer, ont été examinés.
Les services d’innovation des hôpitaux Bar Ilan et Hadassah ont annoncé mercredi qu’ils avaient signé un accord avec Immix BioPharma, firme basée à Los Angeles, pour la poursuite du développement et la commercialisation de la thérapie. Le produit s’appelle HBI0101, les trois premières lettres faisant référence à Hadassah et Bar Ilan.
« C’est très excitant et cela représente la première immunothérapie de ce type entièrement développée en Israël, un traitement contre le cancer en bleu et blanc », a déclaré le Pr. Cohen, l’inventeur du HBI0101, prédisant qu’il pourrait être démocratisé d’ici cinq ans.
« C’était un rêve et un espoir depuis que j’ai ouvert mon laboratoire, il y a 15 ans. Je crois que ce traitement aidera de nombreuses personnes et sauvera de nombreuses vies. Il fonctionne en reprogrammant le système immunitaire des patients et en lui permettant de cibler efficacement le cancer », a-t-il ajouté.
L’immunothérapie implique normalement des injections de cellules ou l’administration de médicaments qui bloquent certaines protéines que les patients produisent naturellement, afin que leur système immunitaire soit plus efficace pour cibler les cellules cancéreuses.
Une forme plus récente d’immunothérapie, appelée cellules CAR-T, implique l’utilisation de récepteurs – des molécules à l’intérieur ou à la surface d’une cellule qui se lient à une substance spécifique.
Ces récepteurs sont appelés récepteurs antigéniques chimériques, ou CAR. Ils ont deux fonctions. Ils se lient aux cellules cancéreuses, les identifiant comme une cible pour le système immunitaire, et ils renforcent le système immunitaire en activant les cellules T pour attaquer la cible.
L’immunothérapie par cellules CAR-T a été approuvée pour la première fois par la Food and Drug Administration (FDA) américaine en 2017, et elle a été largement limitée au traitement du lymphome. La thérapie du Pr. Cohen, qui est administrée par intraveineuse, est la première thérapie à cellules CAR-T entièrement israélienne.
« Il y a un grand besoin de différentes thérapies à cellules CAR-T qui ciblent différents cancers », a déclaré le Pr. Cohen, l’un des immunologistes les plus réputés d’Israël.
« La nôtre a nécessité de nombreux modèles différents pour trouver le bon récepteur pour cette thérapie. Après des tests in vitro, nous avons fait des expériences sur des souris présentant des tumeurs humaines, puis, après avoir identifié la molécule optimale, nous l’avons testée sur des humains. »
« 50 patients atteints de myélome multiple ont participé à l’essai de phase I/2 actuellement en cours. En plus de l’essai sur ces patients cancéreux, nous avons testé le traitement sur six patients atteints d’amyloïdose, une maladie rare causée par l’accumulation d’une protéine anormale. Dans ce cas, il s’agit de restreindre les cellules immunitaires qui causent le problème », a-t-il ajouté.
« 100 % des patients atteints d’amyloïdose sont en rémission, même s’il s’agit d’une maladie chronique très difficile à traiter. Et je suis fier qu’environ 85 % des patients atteints de myélome aient bénéficié de la thérapie. Ce sont de très bons résultats. »
L’essai se poursuit à Hadassah, où la Pre. Polina Stepensky, responsable de la transplantation de moelle osseuse et de l’immunothérapie du cancer, a déclaré : « Nous sommes très enthousiasmés par les résultats intermédiaires exceptionnels de notre étude en cours chez les patients atteints de myélome multiple et d’amyloïdose ».
« Cette étude a démontré le potentiel d’améliorer la vie de nombreux patients dans le monde. »