Avec une hausse de 66 % du boycott académique, les universités israéliennes préparent la riposte
Les boycotts des institutions et des chercheurs israéliens ne sont pas près de cesser et Israël doit s'adapter à la situation, selon un rapport

Selon un rapport qui a été publié lundi, les boycotts universitaires contre les institutions israéliennes continuent de prendre de l’ampleur – et ils ne montrent aucun signe de ralentissement.
Environ 500 incidents de boycotts académiques ont été signalés au cours du dernier semestre et jusqu’au début du mois de février 2025 – soit 66 % de plus qu’au cours des six mois qui avaient suivi le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre 2023, selon le groupe de travail de l’Association des directeurs d’université pour la lutte contre le boycott universitaire.
Les États-Unis, la Belgique, l’Espagne et l’Angleterre sont les pays où le plus grand nombre de boycotts a été enregistré. Ils sont suivis par les Pays-Bas, par l’Italie et par le Canada, selon le rapport.
« Suite à ce rapport, notre principale conclusion est que ces boycotts ne cesseront pas dans un avenir proche et qu’ils continueront probablement pendant des années », confie Emmanuel Nahshon, chef du groupe de travail, au Times of Israel. « Israël doit apprendre à s’adapter à cette situation et développer de meilleurs outils pour y faire face ».
Il s’agit notamment de créer des réseaux plus solides avec les communautés juives locales et avec les universités, et d’établir une équipe qui sera chargée de lutter contre les boycotts, précise Nahshon. L’Association des chefs d’université exploite d’ores et déjà ses liens avec les grandes organisations juives à l’étranger dans le cadre de sa riposte contre les boycotts, et des efforts sont livrés pour obtenir l’aide du gouvernement israélien. Mais il faudra du temps, ajoute-t-il.
Entre autres choses, le groupe de travail surveille les activités, sur les réseaux sociaux, qui sont menées par les organisations pro-palestiniennes sur les campus, afin de recueillir des informations et de préparer les événements à venir en matière de boycott.

De plus, une collaboration avec un cabinet d’avocats de premier plan à Bruxelles a donné des résultats positifs en défiant les décisions prises par certaines institutions européennes et en créant des alliances avec des universitaires et avec des communautés à l’étranger, fait savoir le groupe de travail.
Le milieu universitaire israélien fait l’objet de boycotts depuis des décennies – en particulier depuis 2004, quand la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) avait fait du monde académique, au sein de l’État juif, une cible qui se trouve dorénavant au cœur de sa stratégie anti-israélienne. Mais les pressions exercées en faveur de l’isolement institutionnel des universités et des intellectuels israéliens se sont considérablement accrues depuis que le Hamas a lancé sa guerre contre Israël, le 7 octobre 2023.
Selon le rapport, les boycotts universitaires d’Israël sont mis en œuvre pour nuire aux collaborations – que ce soit pour les institutions ou pour les individus – et pour empêcher les chercheurs israéliens de prendre part à des conférences universitaires. La participation des universitaires étrangers aux conférences qui sont organisées en Israël a baissé et les scientifiques israéliens disent rencontrer des difficultés lorsqu’ils souhaitent publier des articles à l’international, affirme le rapport.
« Les boycotts universitaires contreviennent aux principes fondamentaux de la liberté académique et de la liberté de la recherche scientifique », déclare Daniel Haimowitz, président de l’université Ben-Gurion et président de la commission des présidents d’université. « La science et la recherche universitaire doivent combler les fossés culturels et politiques. Ils ne doivent pas les creuser ».
Le rapport du groupe de travail fait état de plusieurs cas de boycott importants, dont certains qui ont été annulés partiellement grâce à ses interventions :
• L’Université de Gand, en Belgique, avait décidé, au mois de mai 2024, de rompre ses liens académiques avec toutes les universités israéliennes, et elle avait fait appel à la Commission européenne, lui demandant de refuser la possibilité, pour les établissements d’enseignement supérieur israéliens, de participer aux projets Horizon Europe et Erasmus. Après le rejet de son appel, Gand s’était retirée, de manière indépendante, des projets impliquant des partenaires israéliens.
• À l’été 2024, la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine avait décidé de suspendre ses relations avec sa branche israélienne, portant atteinte aux bourses universitaires et aux programmes de recherche et d’échanges cliniques. Le groupe de travail s’est efforcé d’annuler cette décision.
• L’Association irlandaise des étudiants en soins infirmiers avait demandé à l’Union européenne d’expulser son pendant israélien – une requête qui avait finalement été rejetée, en partie grâce à l’action en justice qui avait été entreprise par le groupe de travail.
• Une campagne lancée par des mathématiciens originaires de France et d’Afrique du Nord, avec pour objectif de boycotter l’Union mathématique d’Israël au sein d’une instance internationale, n’avait pas atteint tous ses objectifs, ne causant pas réellement de dommages à l’organisation israélienne.

• Une initiative prise par les étudiants qui voulaient exercer des pressions sur les administrateurs de la Sorbonne, en France, avait été rejetée suite à un recours en justice et suite également aux efforts livrés par la communauté juive.
• Au mois de janvier 2025, lorsqu’une université privée indienne avait annulé son invitation lancée à un universitaire israélien de premier plan qui devait prendre la parole lors d’une conférence, l’ambassadeur d’Israël en Inde était parvenu à recruter l’un des hommes d’affaires les plus riches de l’Inde pour réussir à inverser le boycott.
« En fin de compte, cela va affecter tout le monde », s’exclame Nahshon. « Ceux qui cherchent à détruire Israël savent que nos universités doivent interagir avec le monde académique dans son ensemble, et ils considèrent ça comme un point faible. Nous devons nous assurer qu’ils n’y parviendront pas ».