Avner Borochov, de Walla, raconte les interventions « inhabituelles » de Netanyahu
Témoignant lors du procès du Premier ministre, l'assistant du chef du bureau des informations du site a dit que les articles devaient être expurgés de toute critique
Un ancien membre du bureau d’information du site Walla a pris la parole, mardi, lors d’une audience du procès pour corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il a raconté les interventions, selon lui, « inhabituelles » et « systématiques » de la direction du journal pour le compte du Premier ministre et de sa famille.
Avner Borochov, assistant du chef du bureau des informations pour le site Walla, a témoigné dans l’Affaire 4000, qui est considérée comme la plus graves des trois affaires impliquant Netanyahu.
Borochov a indiqué à la Cour de district de Jérusalem qu’ « aucune couverture médiatique, au sein de Walla, n’a bénéficié du traitement reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et par sa famille ».
« C’était inhabituel parce que c’était systématique », a-t-il ajouté. « Un rédacteur en chef peut demander d’effectuer un travail mais il y a toujours une discussion. Ici, c’était ‘parce que c’est nécessaire’, sans apporter de réflexion professionnelle ».
Il a indiqué que lorsqu’il prenait la tête du bureau des informations, c’était à lui que revenait la tâche de décider des informations à traiter.
« Il faut savoir si l’information est exclusive ou non, déterminer si elle va dans l’intérêt du public – ce sont les éléments d’évaluation », a-t-il expliqué. « Ce ne sont pas, bien sûr, les seuls éléments à prendre en considération. »
Toutefois, s’agissant de Netanyahu, « il y avait une censure des critiques portant sur le Premier ministre et sur les membres de sa famille ; une mise en avant des sujets relatifs à l’épouse du Premier ministre, sans que je puisse m’y opposer et sans justification journalistique. Sans aucun facteur qui puisse le justifier ».
Il a ajouté que tous les articles devaient passer devant le rédacteur-en-chef, même les informations les plus déterminantes, en contradiction avec la règle qui était celle du bureau et qui était de diffuser les « nouvelles actualités aussi rapidement que possible ».
« La liberté de la presse était absolue sauf en ce qui concernait le Premier ministre et les membres de sa famille », a-t-il dit.
Borochov a raconté la première fois qu’il avait assisté à une intervention directe qui avait eu lieu en faveur de Netanyahu – lorsque le parti du Likud du Premier ministre avait lancé sa campagne électorale en 2013. Selon Borochov, les journalistes avaient reçu l’ordre de ne pas publier un article consacré à un rapport sur la pauvreté qui avait été réalisé par une organisation à but non-lucratif.
Il a indiqué que l’équipe avait été ouvertement avertie que « le Likud a lancé une campagne de publicité sur Walla ; il s’agit de beaucoup d’argent et nous devons faire preuve de délicatesse. »
Dans l’Affaire 4000, Netanyahu aurait fait avancer des décisions réglementaires en tant que ministre des Communications et Premier ministre qui ont énormément profité à Bezeq et à son propriétaire Elovitch, malgré l’opposition des responsables du ministère des Communications. En échange, il aurait reçu une sorte de contrôle éditorial sur le site d’information Walla, appartenant à Elovitch.
Outre l’affaire 4000, Netanyahu est également accusé pour deux autres chefs d’accusation de fraude et d’abus de confiance dans l’affaire 1000, qui porte sur des soupçons selon lesquels Netanyahu aurait illégalement accepté des cadeaux de valeur de la part de bienfaiteurs milliardaires, et dans l’affaire 2000, dans laquelle l’ancien Premier ministre aurait négocié pour obtenir une couverture médiatique positive dans un journal en échange de la réduction du nombre de ses concurrents.
Netanyahu n’a cessé de clamer son innocence, disant être la victime d’un complot et que les accusations lancées à son encontre n’ont aucun fondement.
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