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Azaria a eu raison de tirer, selon un responsable civil de la sécurité

Pour Eliyahu Libman, Elor Azaria n’a pas été le premier à tirer sur des attaquants palestiniens désarmés ; il accuse les commandants d’avoir échoué

Elor Azaria devant la cour militaire de Jaffa, le 28 août 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Elor Azaria devant la cour militaire de Jaffa, le 28 août 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Le procès pour homicide d’Elor Azaria, le soldat israélien qui a abattu un terroriste palestinien désarmé à Hébron en mars, a repris dimanche. Les juges ont commencé à entendre les témoins de la défense.

Eliyahu Libman, chef de la sécurité civile des habitants juifs de Hébron, a déclaré à la cour militaire de Jaffa qu’il n’y avait aucune justification aux accusations contre Azaria. Il a affirmé que dans d’autres affaires, des soldats qui avaient tué des attaquants n’avaient pas été jugés.

« Dans les incidents terroristes dont j’ai été témoin, j’ai vu de mes propres yeux que dans chaque cas dans lequel un terroriste a attaqué, les soldats tiraient sur lui au centre du corps jusqu’à ce qu’il soit neutralisé… et [tiraient] une balle dans la tête pour assurer que le terroriste ne pourrait pas déclencher une ceinture d’explosifs ou continuer l’attaque. Ces soldats n’ont jamais été jugés », a-t-il témoigné.

Azaria a tué Abdel Fattah al-Sharif d’une balle dans la tête près de 15 minutes après que Sharif avait été neutralisé par des soldats qu’il tentait de poignarder à Hébron, alors qu’il était allongé au sol et désarmé. Azaria a été inculpé pour homicide. Sa défense principale est d’affirmer qu’il a tiré sur Sharif parce qu’il l’avait vu bouger et craignait que le Palestinien ne porte une ceinture explosive et ne tente de la déclencher, mettant en danger les soldats proches de lui.

Aucun explosif n’a été retrouvé sur Sharif.

Eliyahu Libman, responsable de la sécurité civile des habitants juifs de Hébron, pendant le procès d'Elor Azaria devant la cour militaire de Jaffa, le 28 août 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Eliyahu Libman, responsable de la sécurité civile des habitants juifs de Hébron, pendant le procès d’Elor Azaria devant la cour militaire de Jaffa, le 28 août 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Libman a réfuté l’affirmation selon laquelle Sharif était neutralisé et n’était donc plus une menace, affirmant que le mot « neutralisé » ne s’appliquait qu’à un assaillant qui avait été tué ou avait été inspecté par les démineurs et était déjà en menottes. Aucune de ces caractéristiques ne s’appliquait à Sharif, a-t-il déclaré.

Il a soutenu l’affirmation d’Azaria disant que le fait que Sharif portait un manteau pendant un jour chaud faisait de lui une menace. « Quiconque avec de l’expérience sait […] que c’est une préoccupation sérieuse pour une bombe » dans de tels cas, a déclaré Libman.

Même si Azaria a témoigné qu’il avait l’impression qu’il faisait 30°C ce jour-là à Hébron, les enregistrements météorologiques montrent que la température était en fait de 19°C.

Le commandant de compagnie d’Azaria, Tom Naaman, a témoigné contre lui pendant le procès, déclarant que Sharif ne posait aucune menace quand il a été abattu, et qu’après lui avoir tiré dessus, Azaria lui avait dit que « ce terroriste était vivant, et il devait mourir. »

Libman a déclaré que Naaman, quoiqu’un « homme charmant » qui faisait généralement du bon travail à Hébron, avait dans ce cas « échoué », et qu’il n’en avait pas fait assez pour sécuriser la scène.

Elor Azaria devant la cour militaire de Jaffa, le 28 août 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Elor Azaria devant la cour militaire de Jaffa, le 28 août 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Il a également critiqué le commandant de bataillon, qui est d’après lui, « arrivé tard sur les lieux », et le commandant de brigade régional, qu’il a accusé d’abandonner Azaria.

Libman a de plus accusé l’establishment sécuritaire de tenter d’imposer sa version des évènements à toutes les personnes impliquées, et de rejeter ceux qui ne suivaient pas la ligne.

« Il existait un climat de pression sur quiconque pensait différemment. Ils ont marqué leur cible, a-t-il déclaré. Pendant longtemps, je faisais partie de l’enquête dans beaucoup d’évènements similaires. Cette fois, cela a été fait à huis clos, et ils ne voulaient pas entendre ce que moi et d’autres avaient à dire. Je suis préoccupé que ce ne soit pas par hasard que nous n’ayons pas été convoqués [par les responsables sécuritaires de l’enquête], mais que cela fasse partie du programme » pour démolir Azaria.

Il a également affirmé que les responsables de la sécurité avaient tenté de placer des mots dans sa bouche. Il a déclaré avoir été informé par un employé du ministère de la Défense que le ministre d’alors Moshe Yaalon l’avait cité à tort, lui faisant dire que le tir d’Azaria n’était pas justifié.

« Je l’ai bien précisé à cet employé : mensonge total. Le contraire est vrai », a-t-il déclaré.

En 2005, Libman avait reçu une citation de Yaalon, alors chef d’Etat-major, pour son rôle dans la réponse défensive après une attaque de 2002 qui avait tué 12 soldats à Hébron.

Le procès d’Azaria avait été suspendu pendant quelques semaines, afin de donner à ses avocats le temps de présenter des témoins.

Eyal Besserglick, avocat de la défense, a déclaré dimanche matin que « les témoins qui étaient dans la zone ou à côté témoigneront, certains d’entre eux n’ont pas été interrogés par la police militaire. Nous avons toutes sortes de témoins experts. »

« Il y aura beaucoup de surprises », a-t-il prédit pendant un entretien avec la radio militaire.

Trois anciens généraux de l’armée soutiendront Azaria par leur témoignage, le général de brigade Shmuel Zakai, le général Dan Biton, et le général Uzi Dayan.

Zakai a été le commandement de la division de Gaza de l’armée israélienne avant qu’il ne démissionne en 2004 pour des accusations selon lesquelles il aurait transmis aux médias israéliens un rapport sur les différences d’opinion entre l’armée israélienne et les dirigeants politiques. Il a ensuite dû démissionner de l’armée israélienne.

Biton a été à la tête de la direction logistique et technologique de l’armée israélienne jusqu’à 2012.

Uzi Dayan, ancien général et neveu de Moshe Dayan. (Crédit : Moshe Shai/Flash 90)
Uzi Dayan, ancien général et neveu de Moshe Dayan. (Crédit : Moshe Shai/Flash 90)

Dayan est le neveu de l’ancien ministre et chef d’Etat-major Moshe Dayan. Il a été directeur du commandement central de l’armée israélienne, vice-chef d’Etat-major, puis a dirigé le conseil de sécurité nationale d’Israël avant de commencer une brève carrière politique.

La mort de Sharif, qui a été filmée, a fait les gros titres de la presse internationale, et le procès d’Azaria a attisé les tensions politiques en Israël. Les partisans d’extrême-droite et certains politiciens ont accusé l’establishment de la Défense d’abandonner l’un des siens.

Le mois prochain, la défense devrait appeler 25 témoins à la barre, selon le site d’informations Ynet.

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