Bateau pour Gaza intercepté: la France veut « faciliter » le « retour rapide » de ses ressortissants
Plusieurs responsables de la gauche française avaient dénoncé le "silence" des dirigeants européens après l'interception dans la nuit par les autorités israéliennes du Madleen

L’Elysée a déclaré lundi qu’Emmanuel Macron avait « demandé de permettre, dans les plus brefs délais, le retour en France » des six ressortissants français à bord d’un bateau intercepté au large de Gaza par les autorités israéliennes, une manœuvre qualifiée « d’arrestation illégale » par La France insoumise.
« Depuis que nous avons eu connaissance de leur projet, contre les risques duquel nous les avons mis en garde, nous avons été en lien avec les autorités israéliennes pour prévenir tout incident », a également affirmé le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, dans une déclaration transmise à la presse quelques minutes avant la communication de l’Elysée.
« Dès l’arraisonnement du navire, nous avons demandé à pouvoir exercer notre protection consulaire à leur égard » et à leur « rendre visite » dès qu’ils auront rejoint le territoire israélien, « en vue de s’assurer de leur situation et de faciliter leur retour rapide en France », a dit le chef de la diplomatie.
Plusieurs responsables de la gauche française avaient auparavant dénoncé le « silence » des dirigeants européens dont le président français, après l’interception dans la nuit par les autorités israéliennes du bateau Madleen qui tentait de rallier Gaza. L’eurodéputée française Rima Hassan et la militante Greta Thunberg étaient à bord.
Le chef de file de la France insoumise – parti de gauche radicale auquel appartient Rima Hassan – Jean-Luc Mélenchon a dénoncé lundi une « arrestation illégale ».
La réaction d’Emmanuel Macron n’a pas suscité l’enthousiasme des Insoumis:
« C’est tout ? Donc le président de la République n’a rien d’autre à dire face au blocage illégal d’un bateau d’aide humanitaire et au kidnapping de son équipage ? Rendez-vous ce soir (lundi) dans la rue partout en France », a écrit sur X Manuel Bompard, coordinateur du mouvement.
Plusieurs rassemblements sont prévus dans l’Hexagone en fin d’après-midi, dont un à 18H00 place de la République à Paris, pour demander la « libération » de l’équipage et la poursuite de la mission humanitaire.
Autre voix de la gauche française à s’exprimer, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a appelé à « une mobilisation populaire internationale » pour « amener les États à s’engager pour leur protection et leur libération ».
« L’équipage a atteint son but. Il doit maintenant faire l’objet d’un soutien des états européens. Le silence des gouvernements serait une faute », a réagi le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure sur X.
« Le gouvernement israélien ajoute l’indignité à l’inhumanité », a ajouté le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel.
La mission militante organisée par la Freedom Flotilla Coalition, une organisation anti-Israël, avait pour objectif de contester les restrictions sécuritaires imposées par Israël sur la bande de Gaza et de sensibiliser l’opinion publique à la crise humanitaire provoquée par la guerre qui oppose depuis vingt mois Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas. Elle avait prévu de livrer une aide symbolique à l’enclave.
Le groupe d’activistes – parmi lesquels figurent la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg, l’activiste brésilien Thiago Avila et l’eurodéputée d’origine syrienne et membre du mouvement d’extrême-gauche radicale anti-Israël, La France Insoumise (LFI), Rima Hassan – sera déféré à la police en vue de son expulsion dès son arrivée au port d’Ashdod.
Le voilier avait ignoré les avertissements répétés d’Israël lui enjoignant de faire demi-tour depuis son départ de Sicile dimanche dernier. Il a été dérouté dans la nuit de dimanche à lundi par les autorités israéliennes, qui ont invité ses passagers à « retourner dans leurs pays ».

Avant son arraisonnement, le ministère des Affaires étrangères et la marine lui ont donné une dernière chance de changer de cap, mais il a de nouveau refusé.
« Ce que vient de faire le gouvernement israélien est illégal au regard du droit international à plusieurs égards. D’abord parce qu’ils ont été arrêtés en eaux internationales (…) Ensuite, parce que ma collègue Rima Hassan bénéficie de l’immunité parlementaire », a développé l’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry sur BFMTV et RMC.
« Toutes les communications ont été coupées », a noté Manon Aubry, affirmant n’avoir eu aucun contact avec sa collègue parlementaire depuis le milieu de la nuit.
Elle a appelé le président français Emmanuel Macron, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola et celle de la Commission européenne Ursula von der Leyen à passer à « l’action » pour « demander la libération la plus rapide possible de l’équipage de la Flottille de la liberté, faute de quoi ils auront aussi à rendre des comptes de leur complicité ». Elle a également fustigé « le silence complice et lâche de ceux qui ne font rien face à ce génocide, face à cette arrestation illégale ».
LFI a appelé à une manifestation à Paris lundi à 18H00, place de la République, pour demander la « libération » de l’équipage et la poursuite de la mission humanitaire.
Le chef de file de La Francee insoumise Jean-Luc Mélenchon a lundi l’ »arrestation illégale » par Israël de « 12 humanitaires et activistes pacifistes », dont celle de l’eurodéputée Rima Hassan, issue du parti.
« Nous exprimons notre plus vive indignation suite à l’interception, cette nuit, par les autorités israéliennes, du navire Freedom Flotilla », a écrit MMélenchon dans un communiqué signé la France insoumise, appelant à des mobilisations « partout en France » lundi.
« Même sans images et en brouillant Internet, le monde entier regarde ce que le suprémaciste Netanyahu fait à l’équipage en toute illégalité », a pour sa part réagi sur X Mathilde Panot, la cheffe des députés Insoumis à l’Assemblée nationale, tout en interpellant Emmanuel Macron et le Premier ministre François Bayrou.
Autre voix de la gauche française à s’exprimer, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a appelé à « une mobilisation populaire internationale » pour « amener les États à s’engager pour leur protection et leur libération ».
« L’équipage a atteint son but. Il doit maintenant faire l’objet d’un soutien des états européens. Le silence des gouvernements serait une faute », a réagi pour sa part le patron du Parti socialiste Olivier Faure sur X.
« Le gouvernement israélien ajoute l’indignité à l’inhumanité », a ajouté le chef du Parti communiste Fabien Roussel.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a assuré que le voilier faisait route « en toute sécurité vers les côtes d’Israël », et a publié des images montrant une distribution de sandwiches et d’eau aux passagers du bateau, équipés de gilets de sauvetage.
All the passengers of the ‘selfie yacht’ are safe and unharmed. They were provided with sandwiches and water. The show is over. pic.twitter.com/tLZZYcspJO
— Israel Foreign Ministry (@IsraelMFA) June 9, 2025
« La zone maritime de Gaza reste une zone de conflit actif, et le Hamas a déjà exploité les routes maritimes pour mener des attaques terroristes, notamment les massacres du 7 octobre », a averti le ministère des Affaires étrangères, qui a fourni des informations régulières en anglais tout au long de la nuit de dimanche à lundi matin.
« Les tentatives non autorisées de briser le blocus sont dangereuses, illégales et compromettent les efforts humanitaires en cours », a déclaré le ministère.
Il a appelé « tous les acteurs à agir de manière responsable et à acheminer l’aide humanitaire par le biais de mécanismes légitimes et coordonnés, et non par le biais de provocations ».
Le gouvernement israélien a par ailleurs accusé lundi « Greta Thunberg et les autres (d’avoir) essayé de mettre en scène une provocation médiatique dans le seul but de se faire de la publicité ».
Le ministère avait précédemment déclaré que le bateau Madleen était remorqué vers les côtes israéliennes, que les militants seraient expulsés et que la « petite quantité d’aide » qu’il transportait serait envoyée à Gaza.
Dimanche, le ministre de la Défense Israel Katz avait donné instruction à l’armée d’empêcher la mission militante d’atteindre Gaza.
« J’ai donné pour instruction à l’armée israélienne d’agir pour que le Madleen n’atteigne pas Gaza. À l’antisémite Greta et à ses amis, je dis clairement : vous devez faire demi-tour, car vous n’atteindrez pas Gaza », a déclaré Katz dans un communiqué.
« L’État d’Israël ne permettra à personne de violer le blocus naval de Gaza, dont l’objectif premier est d’empêcher le transfert d’armes au Hamas, un groupe terroriste meurtrier qui détient nos otages et commet des crimes de guerre », a-t-il ajouté.
Réactions
L’Espagne a convoqué le chargé d’affaires israélien à Madrid, Dan Poraz, après l’interception du navire pour une réprimande en début d’après-midi, a déclaré un responsable israélien.
Sergio Toribio, un citoyen espagnol, se trouvait à bord du bateau, parmi les douze militants.
La Turquie a qualifié l’interception de la flottille d’ »attaque odieuse », selon un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères.
« L’intervention des forces israéliennes sur le navire Madleen (…) alors qu’il naviguait dans les eaux internationales est une violation flagrante du droit international », a déclaré le ministère, pour lequel il s’agit d’une « attaque odieuse » de la part du gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
L’Iran a pour sa part dénoncé un acte de « piraterie ».
« L’attaque contre ce bateau est considérée comme une forme de piraterie au regard du droit international », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, lors d’un point de presse hebdomadaire. La Coalition de la flottille a assuré que l’arraisonnement survenu avant l’aube s’est déroulé dans les eaux internationales.