Beer Sheva : Une ado suspendue de son collège après s’être inquiétée pour les enfants gazaouis
Le collège et le ministère de l'Éducation ont affirmé que la suspension visait à protéger l'adolescente de 13 ans du harcèlement pendant l'enquête sur l'incident
Une adolescente de 13 ans a été suspendue, la semaine dernière, de son collège après avoir fait part de son inquiétude pour les enfants de Gaza lors d’un débat sur le pogrom du 7 octobre qui était organisé dans sa classe, selon les médias israéliens.
La Douzième chaîne a fait savoir qu’alors qu’elle prenait la parole dans le cadre de la discussion, la jeune fille, qui appartient à la communauté bédouine, avait déclaré que des enfants innocents trouvaient la mort dans l’enclave palestinienne. « Il y a des enfants affamés à Gaza, il y a des enfants qui n’ont plus de foyer », aurait-elle dit devant ses camarades.
Après le cours, des dizaines d’autres élèves avaient insulté la jeune fille et avaient jeté des objets dans sa direction.
Elle a été suspendue pendant trois jours suite à cet incident.
Elle a également raconté que depuis le 7 octobre, les autres adolescents lui demandaient de manière répétée si elle soutenait le groupe terroriste du Hamas parce qu’elle portait le hijab.
« Je ne leur réponds pas, je m’en vais », aurait-elle confié au quotidien Haaretz.
Des images postées sur les réseaux sociaux montrent les collégiens en train de fêter la suspension de l’adolescente, chantant notamment « Am Yisrael Chai » (la nation d’Israël vivra »).
« Les élèves ont commencé à me dire que ‘nos soldats ne sont pas des meurtriers’, mais c’est quelque chose que je n’avais jamais dit… et d’autres m’ont insultée », a confié la jeune fille à Haaretz. « Ils m’ont demandé si je soutenais la Palestine et j’ai répondu que non, que je soutiens seulement les petits enfants de Gaza qui doivent pouvoir rentrer chez eux ».
Le père de l’élève a indiqué à Haaretz que l’enseignant, pour sa part, n’avait pas tenté d’apaiser la discussion mais qu’il avait laissé sa fille gérer la situation seule. Un autre professeur est finalement intervenu suite au chahut et il a amené la jeune Bédouine chez le principal de l’établissement.
« C’est ridicule qu’au cours d’une discussion qui a été lancée par le collège – un débat où les élèves étaient invités à exprimer leur opinion – une adolescente ait été agressée parce qu’elle voulait dire quelque chose », a commenté l’avocat Shahada Ibn Bari, des propos qui ont été rapportés par la Douzième chaîne.
Ibn Bari a estimé que la décision prise par l’établissement de suspendre l’enfant était « extrême et illégale », ajoutant que les autres élèves avaient entonné le slogan : « Que ton village brûle ». Ils ont aussi accusé l’adolescente de manquer de respect à l’égard des troupes qui servent actuellement à Gaza.
La chaîne de télévision N12 a rapporté que les élèves arabes du collège Zilberman, qui accueille à la fois des élèves juifs et arabes, avaient peur d’aller à l’école depuis l’incident, craignant des attaques verbales.
« Ils ont peur d’aller à l’école, et ceux qui sont venus ont été injuriés et calomniés », aurait déclaré Ibn Bari.
L’école et le ministère de l’Éducation auraient tous deux déclaré que la jeune fille avait été suspendue pour la protéger d’un éventuel harcèlement jusqu’à ce que l’incident ait fait l’objet d’une enquête.
Selon N12, une discussion sur cette affaire devrait avoir lieu mardi à la municipalité de Beer Sheva.