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Ben Gvir et Smotrich s’en prennent à leurs alliés de la coalition et à l’opposition

Les ministres d'extrême droite se plaignent que la politique du gouvernement est trop laxiste à l'égard du terrorisme et s'en prennent à leurs prédécesseurs

Les forces de sécurité sur les lieux d'un attentat terroriste meurtrier dans la vallée du Jourdain, le 7 avril 2023. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)
Les forces de sécurité sur les lieux d'un attentat terroriste meurtrier dans la vallée du Jourdain, le 7 avril 2023. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

Des membres d’extrême-droite de la coalition au pouvoir en Israël ont exhorté leur propre gouvernement à prendre des mesures plus sévères contre le terrorisme palestinien à la suite d’une attaque meurtrière vendredi matin dans laquelle deux sœurs ont été tuées, tout en essayant de se défendre auprès des électeurs frustrés par la sérieuse détérioration de la situation sécuritaire du pays en rejetant la responsabilité sur la coalition précédente.

Itamar Ben Gvir (Otzma Yehudit) et Bezalel Smotrich (HaTzionout HaDatit), tous deux ministres de premier plan et membres du cabinet de sécurité, ont critiqué la politique de la coalition Netanyahu, notamment les décisions qu’ils avaient officiellement soutenues la nuit précédente, Smotrich déclarant que « cela ne pouvait pas continuer ainsi ».

Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, s’est dit frustré par « certaines décisions » prises par le gouvernement, mais a déclaré qu’il n’était « pas envisageable » de démissionner ni de faire tomber le gouvernement.

« Malgré tous ses défauts, ce gouvernement est mille fois meilleur et plus responsable que le précédent », a estimé Ben Gvir.

« Je ne détermine pas seul la politique de sécurité », a ajouté le chef du parti Otzma Yehudit dans une longue déclaration publiée sur les réseaux sociaux. « Il ne fait aucun doute que j’ai une certaine influence, mais elle n’est évidemment pas suffisante, et je me retrouve souvent frustré par certaines décisions. »

Le cabinet de sécurité, dont Ben Gvir et Smotrich font partie, a voté à l’unanimité jeudi soir pour approuver des frappes aériennes à Gaza et au Liban en réponse aux tirs de roquettes de jeudi, et pour prendre d’autres mesures non spécifiées pour faire face à l’escalade de la violence sur plusieurs fronts.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, et le ministre des Finances Bezalel Smotrich arrivant à une réunion du cabinet au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 23 février 2023. (Crédit : Alex Kolomoisky/Pool)

Dans un message adressé à ses partisans, Smotrich a indiqué que sa patience à l’égard de la gestion du terrorisme palestinien par la coalition s’amenuisait, cherchant apparemment à convaincre ses partisans qu’il ne devait pas être tenu pour responsable des manquements de sa coalition.

« Le fait que les postes de contrôle autour de la ville de Naplouse, en Cisjordanie, soient ouverts est un crime intolérable », a-t-il déclaré, faisant apparemment référence à la zone d’où le terroriste de vendredi aurait pu partir pour perpétrer l’attentat meurtrier contre les deux soeurs. « Nous en parlons depuis des semaines. Je m’efforce d’être loyal en apparence et de ne pas attaquer le gouvernement dont je suis membre, mais cela ne peut pas continuer ainsi », a-t-il écrit.

Le chef du parti HaTzionout HaDatit a également déclaré que Tsahal était « prise en otage » par des doctrines opérationnelles datant du processus de paix d’Oslo, affirmant qu’Israël a une part de responsabilité dans la mort de ses citoyens.

La députée HaTzionout HaDatit Orit Strouk au journal télévisé de la Douzième chaîne. (Crédit : Capture d’écran vidéo)

Orit Strouk, membre du parti de Smotrich et ministre des Implantations et des Missions nationales, a demandé au gouvernement de rétablir les barrages routiers en Cisjordanie et de faire en sorte que Tsahal s’attaque aux « nids de terroristes de manière plus efficace, et non avec des pincettes ».

Elle a également appelé à des frappes ciblées contre les dirigeants du groupe terroriste palestinien du Hamas.

Le député Avichaï Bouaron (Likud) a déclaré plus tôt que le gouvernement devrait « envisager sérieusement » l’annexion immédiate de la vallée du Jourdain.

Elisha Yered, le porte-parole de la députée d’Otzma Yehudit Limor Son Har Melech, a déclaré qu’il démissionnait en raison de ce qu’il a qualifié de « faible politique de sécurité du gouvernement, qui fait couler notre sang ».

Lors d’une allocution conjointe prononcée sur les lieux de l’attentat vendredi après-midi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant ont promis de traquer les terroristes à l’origine de l’attentat de vendredi matin et de les traduire en justice.

Le général Yehuda Fuchs, qui commande les soldats en Cisjordanie, a déclaré vendredi en fin d’après-midi que la présence militaire en Cisjordanie avait été considérablement renforcée pour assurer la protection des implantations et des routes qui les desservent.

Deux sœurs âgées de 16 et 20 ans, originaires de l’implantation d’Efrat, ont été tuées lorsque leur voiture a essuyé des tirs alors qu’elles circulaient dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie. Leur mère, qui se trouvait également dans la voiture, a été grièvement blessée.

Cette attaque est la dernière en date en Cisjordanie, après un certain nombre de fusillades qui ont visé des troupes ces derniers jours, et survient au cours de la période particulièrement sensible du ramadan, de Pâques et de Pessah.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir arrivant pour une réunion du cabinet au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 2 avril 2023. (Crédit : Olivier Fitoussi/Pool)

Dans sa déclaration, Ben Gvir s’en est également pris à la précédente coalition Naftali Bennett-Yaïr Lapid, qui a perdu le pouvoir lors des élections législatives du 1er novembre 2022, en lui reprochant d’avoir encouragé les terroristes au Liban en signant un accord maritime avec ce pays l’année dernière, et en fustigeant le ministre de la Défense de l’époque, Benny Gantz, pour avoir accueilli le dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, chez lui.

« Même lorsqu’ils ne sont plus en charge, ils continuent à faire du mal », a-t-il déclaré, affirmant que les ennemis d’Israël avaient été incités à agir par les avertissements de l’opposition concernant la détérioration de l’économie du pays, les dissensions au sein de l’armée et les menaces d’insubordination proférées par certains réservistes de Tsahal pour protester contre les projets de loi de la coalition relatifs à la réforme du système judiciaire. « Leurs messages ont sans aucun doute encouragé nos ennemis à déclencher un conflit militaire contre nous », a-t-il déclaré.

L’opposition n’est pas la seule à avoir mis en garde contre les effets néfastes de la lutte législative sur l’armée ou d’autres secteurs de la nation. Il y a deux semaines, le ministre actuel de la Défense, Yoav Gallant, a lancé l’avertissement public le plus sévère sur la « menace tangible » que les dissensions font peser sur la sécurité d’Israël, et la Banque centrale d’Israël a publié en début de semaine des prévisions détaillées sur la détérioration de l’économie.

Le leader de l’opposition Yaïr Lapid, à gauche, et le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, à droite, à la Knesset, le 20 février 2003. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Lapid s’est moqué de Ben Gvir pour avoir publié une déclaration « quelques heures après l’assassinat de deux jeunes sœurs » dans laquelle il « fuit ses responsabilités et cherche à blâmer les autres » pour ses échecs.

Gantz a également fustigé Ben Gvir. « Il n’y a jamais eu de ministre qui ait autant parlé de sécurité et qui ait compris si peu de choses. Il n’y a jamais eu de ministre qui, alors que des roquettes sont tirées sur nos citoyens et que nos filles sont tuées sur les routes, choisisse de saper la cohésion de la société israélienne et de nuire à notre capacité de dissuasion. »

Avigdor Liberman, chef du parti d’opposition Yisrael Beytenu, a quant à lui qualifié « d’insultante » et de « mauvaise blague » la réponse militaire approuvée par le gouvernement aux tirs de roquettes en provenance de Gaza et du Liban.

« Personne [derrière les roquettes en provenance du Liban] n’a été le moins du monde égratigné – ni ceux qui ont donné l’ordre de tirer sur l’État d’Israël, ni ceux qui ont exécuté les tirs. La consigne était de n’égratigner personne. Il en va de même pour Gaza », a-t-il déclaré à la Douzième chaîne.

« Ils disent qu’il sont en plein ramadan. Eh bien, nous sommes nous aussi en pleine fête », a déclaré Liberman, faisant référence à Pessah. « Au milieu de [notre] fête, ils ont tiré sur le nord, ils ont tiré sur le sud, ils ont assassiné deux sœurs. Et rien [en termes de réponse israélienne efficace]. »

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