Ben Gvir ne veut pas des « conseils » du Shin Bet, mais seulement ses outils
Selon un reportage télévisé, son ministère a refusé l'offre de l'agence de sécurité intérieure de fournir des conseillers pour contrer la vague d'homicides dans la communauté arabe

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit, a déclaré samedi qu’il ne demandait pas l’avis de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet sur la vague de criminalité incessante qui frappe la communauté arabe, et qu’il envisageait plutôt de déployer les outils anti-terroristes avancés de l’agence contre les criminels israéliens présumés.
Le ministre d’extrême-droite en charge de la police répondait à un reportage de la Douzième chaîne samedi soir, selon lequel le Shin Bet avait élaboré un plan pour un comité d’anciens agents qui travailleraient avec la police et partageraient leurs expériences dans la lutte contre les organisations terroristes. Selon le reportage, le ministère de la Sécurité nationale de Ben Gvir n’a pas donné suite à ce projet, qui reste à l’état de proposition.
Ben Gvir, qui s’est présenté sur un programme de lutte contre la criminalité, a été vivement critiqué pour la forte augmentation des meurtres dans les communautés arabes d’Israël depuis le début de l’année. Selon The Abraham Initiatives, une organisation à but non lucratif qui recense les crimes violents dans la communauté arabe, 123 personnes sont mortes jusqu’à présent, soit plus du double du chiffre enregistré à la même époque l’année dernière, et déjà plus que le nombre total de décès pour 2022. Le crime organisé serait à l’origine de la grande majorité de ces homicides.
Dans une déclaration citée par la chaîne, le bureau de Ben Gvir a indiqué que le ministère « apprécie beaucoup que le Shin Bet veuille apporter ses bons conseils, mais le ministre Ben Gvir ne demande pas de conseils. Il insiste pour recevoir les outils, les capacités et la technologie avancée dont dispose le Shin Bet. Personne ne trompera le ministre avec un autre comité de personnes qui, dans deux ans, recommanderont une activité ou une autre ».
Le mois dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a demandé aux autorités de se préparer à ce que l’agence de sécurité soit impliquée dans la lutte contre la criminalité, malgré les objections signalées du chef du Shin Bet, Ronen Bar, et de la procureure générale, Gali Baharav-Miara.
Dans la déclaration de samedi, le bureau de Ben Gvir a déclaré que le Shin Bet « cherchait des excuses pour expliquer pourquoi il ne participait pas aux efforts visant à mettre fin à la criminalité au sein de la communauté arabe ».
« Le chef du Shin Bet [Ronen Bar] m’a laissé entendre que si je ne cessais pas d’exiger leur intervention, j’en entendrais parler dans les médias. Le comportement du chef du Shin Bet n’est pas responsable, mais je continuerai à exiger qu’ils interviennent non seulement au sein d’un comité et par des conseils, mais aussi par des actions », peut-on lire dans la déclaration.
Le Shin Bet est connu pour utiliser des technologies avancées de surveillance et de repérage, mais il se garde bien de les utiliser à d’autres fins que la lutte contre le terrorisme.
L’agence de sécurité a pris position contre toute implication directe dans la lutte contre la criminalité ; Bar, aurait cherché à convaincre les politiciens que cela détournerait le Shin Bet de sa tâche principale, qui est avant tout de lutter contre le terrorisme.
De hauts responsables du Shin Bet auraient également exprimé leur inquiétude quant au fait qu’ils n’auraient pas l’autorité légale pour utiliser les outils utilisés dans la lutte contre le terrorisme palestinien sur des civils.
Samedi, le ministre de la Défense Yoav Gallant aurait également tiré la sonnette d’alarme contre un projet de loi qui donnerait à Ben Gvir la possibilité d’ordonner la détention de suspects criminels pour une durée indéterminée sans procès, parmi d’autres pouvoirs élargis, en qualifiant la législation de menace potentielle pour la sécurité.

La détention administrative est principalement utilisée à l’encontre des Palestiniens soupçonnés de terrorisme, dont environ un millier sont actuellement détenus en vertu de cette pratique. Ces dernières années, cette pratique a également été utilisée pour une poignée de Juifs israéliens soupçonnés de terrorisme, bien que Ben Gvir et d’autres leaders d’extrême droite se soient prononcés contre son utilisation dans de tels cas.
On ne sait pas s’il est juridiquement possible d’utiliser cette pratique pour les délits criminels.
La semaine dernière, six membres de la communauté arabe ont été abattus dans des événements distincts en moins de deux jours.
De nombreux dirigeants communautaires critiquent la police, selon eux impuissante à réprimer les organisations criminelles et souvent aveugle aux violences, qu’elles soient familiales, mafieuses ou de genre. Les communautés ont également souffert d’années de négligence de la part des autorités et de discrimination de la part des bureaux gouvernementaux.