Bennett défie Netanyahu sur l’Etat palestinien
"La porte se referme sur les deux Etats et le monde se pliera à l'annexion des implantations," a affirmé le chef du parti HaBayit HaYehudi
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le ministre de l’Education, Nafatali Bennett, a écarté mardi les déclarations du Premier ministre à Washington sur son soutien à une solution à deux États et a affirmé que la notion d’un Etat palestinien indépendant était une idée en déclin.
« L’ère d’un Etat palestinien est arrivé à son terme », a déclaré Bennett, qui dirige le parti pro-implantation HaBayit HaYehudi, sur Israel Radio.
« Je crois qu’il est absurde de former juste un autre Etat arabe qui est appelé à devenir un avant-poste islamique », a-t-il ajouté, tout en admettant que c’était un sujet sur lequel il était profondément en désaccord avec le Premier ministre.
« Je pense que [l’importance de] la question palestinienne baisse et il est temps de se préparer pour le lendemain et de déterminer pour nous-mêmes ce qu’est l’intérêt national israélien ».
Bennett a appelé à l’application de la loi israélienne dans le Gush Etzion et dans d’autres grandes implantations dans la zone C en Cisjordanie, qui est sous la pleine administration militaire israélienne, et a déclaré qu’Israël ne devrait pas craindre une réponse internationale sévère pour une telle démarche, parce qu’avoir l’Etat juif comme allié était très bénéfique pour l’Occident.
« L’intérêt américain en Israël est beaucoup plus profond que la question palestinienne », a-t-il soutenu, expliquant qu’ « Israël est la position avant du monde libre dans la campagne contre le djihad ».
En échange de son soutien à Israël, les Etats-Unis et l’Occident maintiennent un allié précieux dans la lutte contre l’islamisme radical, a-t-il poursuivi. « Chaque jour, nous luttons dans la lutte du monde libre pour nous proteger nous-mêmes et le monde libre du djihad ».
Netanyahu avait exprimé son soutien à la création d’un Etat palestinien lors d’une conférence de presse avec le président américain Barack Obama dans le Bureau ovale avant une réunion lundi, la première rencontre entre les deux hommes en un an.
Au cours de la réunion à huis clos, que les assistants de Netanyahu ont décrit comme étant « bonne », les deux dirigeants se seraient mis d’accord sur une augmentation de l’aide de la défense américaine à Israël, à la fois immédiate et dans la décennie à venir. Les détails de l’accord, cependant, doivent être négociés.
Bennett s’est également déclaré contre un projet de gestes de bonne volonté envers les Palestiniens, que Netanyahu devrait présenter au secrétaire d’Etat américain John Kerry lors d’une réunion mardi.
Ces initiatives font partie de l’effort d’Israël pour lutter contre la récente flambée de violence qui a vu des attaques palestiniennes presque quotidiennes en Israël et en Cisjordanie.
« La dernière chose que vous devez faire face à une vague de terreur est de faire des gestes », a-t-il dit. « Pourquoi l’approche américaine doit toujours être accompagnée de cadeaux pour le côté qui nous assassinent ? ».
Netanyahu avait décrit sa rencontre avec Obama lundi aux journalistes israéliens comme « l’une des meilleures » rencontres qu’il ait jamais eu avec le président, disant qu’il n’y avait aucune tension entre eux, malgré leur histoire houleuse – qu’ils étaient seulement concentrés sur la voie à suivre.
Cependant, le leader de l’opposition, le député Isaac Herzog de l’Union sioniste, a mis en garde contre l’annonce d’une nouvelle ère dans les relations américano-israéliennes, et a déclaré qu’il était trop tôt pour dire si la réunion avait vraiment été un succès.
« Aucun de nous ne sait vraiment ce qu’est le résultat de la réunion, » a-t-il déclaré à Israel Radio.
Herzog, qui est également à Washington, a rencontré, lundi, Kerry. Il a déclaré que l’impression qu’il avait eue était que « les Américains insistent sue le fait qu’en plus de calmer les esprits dans la région et sur le mont du Temple, il y a un besoin d’un changement complet de direction dans tout ce qui concerne la situation avec les Palestiniens ».
Les récents troubles ont été alimentés par les affirmations palestiniennes persistantes qu’Israël a cherché à modifier les dispositions du point sensible au mont du Temple de Jérusalem, qui est sainte pour les Juifs et les Musulmans. Israël nie ces affirmations.
Herzog a salué l’information que les États-Unis prévoient d’augmenter leur aide en matière de sécurité à Jérusalem. « Si Israël obtient les [ressources] de qualité dont il a besoin pour protéger ses priorités contre les menaces stratégiques dans la région, qui est la chose la plus importante de tous », a-t-il dit à ce sujet.
Comme Bennett, Herzog était peu enthousiaste au sujet des gestes de bonne volonté envers les Palestiniens, qu’il a décrit comme étant un « maquillage [un peu plus que] lourd » pour masquer les problèmes plus graves.
« Nous sommes dans une période où il est nécessaire de prendre des décisions fatidiques et historiques à savoir est-ce que nous voulons ou non nous séparer des Palestiniens », a-t-il ajouté.
« Je pense que tout le monde en a assez des jeux. Le fardeau de la preuve repose sur les dirigeants, le Premier ministre et [le président de l’AP Mahmoud Abbas] doivent aller de l’avant dans le processus historique. S’ils ne sont pas en mesure de le faire, l’Histoire les jugera ».
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.