Bennett : Netanyahu doit démissionner à cause des paiements qataris à son assistant
L'ex-Premier ministre a ajouté que si le cabinet était au courant, il y avait "trahison" ; le Likud l'a traité, en réponse , "d'escroc qui a volé les votes de la droite"

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a plus l’autorité morale pour envoyer des soldats au combat et il doit démissionner compte tenu des récentes informations laissant entendre que le salaire de l’un de ses principaux collaborateurs aurait été payé par le Qatar, a déclaré l’ex-Premier ministre Naftali Bennett – affirmant que le fait d’accepter sciemment de tels fonds constituait une « trahison ».
Selon des enregistrements qui ont été diffusés aujourd’hui par la chaîne publique Kan, un homme d’affaires israélien installé dans le Golfe a déclaré avoir transféré de l’argent appartenant à un lobbyiste américain employé par le Qatar à Eli Feldstein, alors que ce dernier travaillait comme porte-parole de Netanyahu.
De leur côté, les avocats de Feldstein ont déclaré que les paiements qu’il a reçus de l’homme d’affaires correspondaient à des services qu’il a fournis « au bureau du Premier ministre, et non au Qatar ».
« Ce matin, il est apparu que le salaire du conseiller médiatique de Netanyahu pour les questions de sécurité a été réglé par le gouvernement qatari », a tweeté Bennett.
« Je le redis, parce que c’est difficile à croire : le gouvernement terroriste du Qatar a financé le porte-parole de la sécurité du Premier ministre israélien, en temps de guerre. Ce n’est plus une rumeur, mais c’est un fait qui a été rendu public ce matin. Toute la question est maintenant de savoir qui savait quoi. »
Kan a noté dans son reportage que pendant au moins une partie du temps que Feldstein a passé à travailler pour Netanyahu, l’assistant n’a reçu aucun salaire de la part du cabinet du Premier ministre en l’absence de l’habilitation de sécurité nécessaire. Dans l’enregistrement, l’homme d’affaires, Gil Birger, affirme que le service rendu par Feldstein en échange du paiement était lié aux otages. Le Qatar a été un médiateur clé entre Israël et le Hamas.
Décrivant les mains du Qatar – comme « entachées de rivières de sang juif » – Bennett a indiqué que s’il avait découvert que l’un de ses collaborateurs avait accepté de l’argent d’un pays comme la Belgique, il l’aurait immédiatement licencié et qu’il aurait exigé que le Shin Bet et la police enquêtent sur ses services pour savoir quels intérêts étrangers ont pu l’infiltrer.
« Mais ce n’est pas la Belgique, c’est le Qatar… C’est cent fois pire », a-t-il déclaré. « Si cela a été fait sciemment, c’est de la trahison envers Israël. C’est aussi simple que cela ».
« Si ce n’était pas intentionnel, c’est-à-dire que le conseiller ne savait pas que la source de son salaire provenait du Qatar, cela veut dire que le Qatar a des agents à sa solde au sein du cabinet du Premier ministre israélien, et c’est un échec de sécurité au plus haut niveau », a-t-il affirmé.

« Malgré tout, aucune personne impliquée dans le scandale du Qatargate n’a été licenciée et « Netanyahu, pour une raison que lui seul connait, continue de dissimuler les choses et il continue de se battre contre les enquêteurs », a poursuivi Bennett.
Le Shin Bet enquête actuellement sur plusieurs membres du personnel du cabinet du Premier ministre pour des liens inappropriés présumés avec le Qatar.
Netanyahu a annoncé son intention de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, et il envisagerait de réunir le Conseil des ministres pour mener à bien cette tâche, possiblement demain. Le bureau de la procureure générale a déclaré mercredi qu’avant de prendre une telle mesure, le gouvernement devait recevoir une recommandation du comité consultatif des nominations aux postes d’encadrement supérieur.

Compte tenu de ce qui se passe, « le gouvernement et son chef ont complètement perdu la confiance de la population » et « ils n’ont plus aucune autorité morale pour envoyer des soldats au combat », a ajouté Bennett – en demandant au gouvernement de démissionner « aujourd’hui » de façon à « permettre au peuple d’Israël d’élire une nouvelle direction chargée de reconstruire le pays ».
En réponse à ces propos, le parti au pouvoir, le Likud, a publié un communiqué qui a qualifié l’ancien Premier ministre « d’escroc qui a volé les votes de la droite et qui a formé un gouvernement avec Mansour Abbas [chef du parti Ra’am] et les Frères musulmans ».
Bennett « a fait entrer des travailleurs gazaouis en Israël pour la première fois depuis l’Opération Bordure protectrice », a dit le porte-parole, faisant référence à la décision qui avait été prise d’autoriser l’entrée des employés palestiniens- une décision que le gouvernement actuel de Netanyahu avait maintenue lors de son entrée en fonction.
Il a également « multiplié par deux et par trois les fonds destinés à Gaza [et] il débite des absurdités sur une fausse affaire qui n’a jamais eu lieu », a poursuivi le Likud, sans donner plus de détails sur le bien-fondé des accusations lancées par Bennett.
« Sur toutes les autres questions, il est silencieux comme un poisson, et pour cause », a conclu le parti.
Peu après la publication de la déclaration du Likud, la police a confirmé avoir arrêté deux suspects dans le scandale du Qatargate.
Bennett a occupé le poste de Premier ministre après avoir formé une alliance avec Yair Lapid et une coalition de partis de droite, de centre et de gauche, et pour la première fois depuis des décennies, un parti arabe majoritaire – l’islamiste Raam – de 2021 à 2022.

Cette coalition a interrompu pour la première fois le mandat de Premier ministre de Netanyahu depuis 2009, et de nombreux membres de la droite se sont fermement opposés à cette décision et ont fait pression sur les membres du parti Yamina de Bennett pour qu’ils le quittent. Ils ont réussi au bout d’un an, lorsque les députés du parti ont renversé le gouvernement, déclenchant des élections qui ont permis à Netanyahu de revenir au pouvoir.
Bennett est considéré comme susceptible de revenir en politique avant les prochaines élections, et de nombreux sondages d’opinion récents ont prédit une forte performance de sa part. Un sondage de la chaîne N12 publié au début du mois a révélé que si des élections avaient lieu maintenant, avec Bennett en lice, l’ancien Premier ministre pourrait constituer une coalition au pouvoir de 62 sièges sans avoir à compter sur le parti Raam ou sur une quelconque faction du bloc pro-Netanyahu.
L’enquête a également comparé Netanyahu à ses rivaux politiques pour déterminer qui serait le meilleur Premier ministre. Bennett est le seul à avoir obtenu plus de voix que le Premier ministre, recueillant 36 % des suffrages contre 34 % pour Netanyahu.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.