Bennett propose une alternative à la loi sur le service militaire des haredim
Pour le chef de HaYamin HaHadash, les élèves des séminaires devraient être encouragés à travailler et à étudier plus jeunes - ce qui pourrait empêcher un "effondrement économique"

L’ancien ministre de l’Education Naftali Bennett a lancé, mardi, un plan alternatif aux propositions législatives visant l’augmentation du taux de recrutement dans l’armée des ultra-orthodoxes. Il a plutôt appelé à les encourager à apprendre une profession et à intégrer la main-d’oeuvre sur le marché du travail.
Le point essentiel présent dans la proposition du leader de HaYamin HaHadash ferait passer de 24 à 21 ans l’âge auquel les ultra-orthodoxes sont obligés de rester dans une yeshiva pour être exemptés du service militaire obligatoire.
« Quand ils quittent la yeshiva à l’âge de 25 ans, ils sont déjà mariés et ils ont déjà trois ou quatre enfants. Ils n’ont aucune chance de pouvoir avoir une formation professionnelle et ils sont condamnés à vivre une vie de soutien de la part des fonds caritatifs et de l’aide familiale », a écrit Bennett dans un post sur Facebook.
Bennett a expliqué que sa proposition permettrait aux Juifs ultra-orthodoxes qui ne s’intéressent pas aux études religieuses de faire des études et de travailler, ce qui serait une aubaine pour l’économie israélienne.
« Pendant ces années, ils pourront apprendre une profession, aller travailler et créer des revenus fiscaux pour nous tous »,
a-t-il dit.

Tandis que les ultra-orthodoxes bénéficient traditionnellement d’exemptions au service militaire obligatoire, la Haute cour de justice a rejeté, en 2017, un projet de loi évitant aux membres de la communauté d’intégrer l’armée israélienne, contraignant les législateurs à rédiger un nouveau projet de loi régulant leur recrutement.
C’est l’échec de l’adoption d’une de ces législations proposées par le ministère de la Défense – qui officialisait les exemptions au recrutement – qui a été ostensiblement à l’origine de l’organisation d’élections anticipées, l’année dernière.
Et au mois de mai, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a attribué la responsabilité de son incapacité à former un gouvernement, après le scrutin, aux désaccords persistants sur ce texte parmi ses partenaires de coalition officiels.
Notant le taux de natalité élevé au sein de la communauté ultra-orthodoxe et la part croissante de haredim dans la population d’Israël, Bennett a mis en garde contre des conséquences économiques majeures s’ils devaient être plus nombreux à refuser d’intégrer la main-d’oeuvre dans le pays.
« S’ils ne vont pas travailler, l’économie israélienne va s’effondrer. Il n’existe aucune situation semblable à la nôtre dans le monde, » a-t-il dit.
Anticipant apparemment les critiques de son plan, Bennett a expliqué que « la proposition n’est pas juste mais elle a le mérite d’être efficace ».
Il a également appelé à élever les salaires des soldats conscrits en tant « qu’indemnisation appropriée » versée à ces derniers ainsi qu’à la création de programmes religieux à destination des ultra-orthodoxes qui souhaitent rejoindre Tsahal.

Bennett a ajouté que son plan susciterait l’opposition des « extrémistes des deux côtés ».
« Il y a les extrémistes ultra-orthodoxes qui veulent conserver un grand nombre de jeunes hommes dans les yeshivot – même si, en pratique, ils n’apprennent pas la Torah – et les reléguer dans une vie de pauvreté. Ce sera le cas ce tant qu’ils resteront dans un séminaire sans avoir le choix », a-t-il ajouté.
Bennett a affirmé qu’il y avait, de l’autre côté, les « extrémistes anti-ultra-orthodoxes » qui « préfèrent qu’il y ait une cible à attaquer nuit et jour… même en sachant que l’armée israélienne n’est pas du tout prête à absorber des milliers d’ultra-orthodoxes en raison de leurs exigences religieuses particulières ».
Cette annonce survient alors que Bennett lance sa campagne pour les élections générales du 17 septembre, après que HaYamin HaHadash a échoué à franchir le seuil électoral au cours du scrutin du mois d’avril pour entrer à la Knesset, forte de 120 membres.