Israël en guerre - Jour 526

Rechercher

Berlinale : Des huées anti-Israël et un prestigieux prix pour « A Letter to David »

"Holding Liat" a remporté le grand prix ; le documentaire de Tom Shoval a été projeté en première mondiale ; le festival a fait en sorte d'éviter les manifestations, comme en 2024

Des acteurs et actrices allemands tenant des photos de l'otage israélien David Cunio à leur arrivée à l'ouverture du Festival International du Film de Berlin, à Berlin, le 13 février 2025. (Crédit : Markus Schreiber/AP)
Des acteurs et actrices allemands tenant des photos de l'otage israélien David Cunio à leur arrivée à l'ouverture du Festival International du Film de Berlin, à Berlin, le 13 février 2025. (Crédit : Markus Schreiber/AP)

JTA – BERLIN — C’est un film fort sur le calvaire d’une famille israélienne depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre 2023, qui a remporté le premier prix du documentaire au Festival du film international de Berlin, cette année, un an après qu’un film sur les Palestiniens de Cisjordanie eut remporté le même prix.

« Holding Liat », une production américaine diffusée en avant-première mondiale, ici, le 16 février, raconte l’histoire de la famille de Liat Beinin Atzili après que des terroristes palestiniens l’ont enlevée du kibboutz Nir Oz. Son époux, Aviv, a été tué. Liat est rentrée chez elle au moment de la première trêve, fin novembre 2023.

Le documentaire primé, du réalisateur américain Brandon Kramer, est l’un des deux films traitant du 7 octobre qui ont été présentés en première mondiale au festival. Le second, « A Letter to David » (« Une lettre à David »), du réalisateur israélien Tom Shoval, rapproche les spectateurs de la famille Cunio, dont plusieurs membres, dont les frères David et Ariel Cunio, ont également été enlevés à Nir Oz. À la demande de Shoval, ce documentaire ne concourait pas pour un prix.

Le prix décerné à « Holding Liat », annoncé le 22 février, et les manifestations de solidarité envers les otages des organisateurs du festival et de certaines célébrités ont contrasté avec la Berlinale 2024, entachée de diffamation publique à l’encontre d’Israël restée quasiment sans réponse, selon les critiques.

La nouvelle directrice du festival, Tricia Tuttle, a déclaré avoir fait en sorte de maîtriser les protestations, cette année, en avertissant les participants que certains propos pourraient leur valoir des ennuis, mais il s’est avéré difficile de garder le contrôle.

L’actrice écossaise Tilda Swinton, lauréate de l’Ours d’or d’honneur, cette année, pour l’ensemble de sa carrière, a profité de la cérémonie de remise des prix pour condamner, sans nommer Israël, « la domination arrogante et la sauvagerie stupéfiante de la haine, des meurtres de masse perpétrés par un État et facilités par la communauté internationale ».

De son côté, le réalisateur hongkongais Jun Li, dont le film n’a rien à voir avec Israël, a scandé depuis la scène « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre », slogan contraire à la loi allemande dans certaines circonstances. Suite à des plaintes, la police a ouvert une enquête.

Tuttle a déclaré que la Berlinale regrettait ce qui s’était passé. « Nous avions indiqué à nos invités quelles déclarations politiques étaient particulièrement sensibles, et lesquelles étaient même susceptibles d’être criminelles. »

Jenny Havemann, entrepreneuse germano-israélienne qui a co-organisé une veillée, lors du festival, pour les otages israéliens, a déclaré que les critiques allemands d’Israël étaient antisémites.

« Ce double standard est tout simplement insupportable », a déclaré Havemann après le festival.

Les membres du jury documentaire du Festival international du film de Berlin, la Berlinale, Abbas Fahdel (à gauche), Thomas Heise (hors champ), et Verena Paravel (au centre, de dos), portant une affichette « cessez-le-feu maintenant », remettant le prix du documentaire au Palestinien Basel Adra (2ᵉ à partir de la droite) et à l’Israélien Yuval Abraham (à droite), lors de la cérémonie de remise des prix du festival, à Berlin, le 24 février 2024. (Crédit : Markus Schreiber/AP)

« Si quelqu’un proférait un slogan nazi lors de mon événement, je serais outrée et choquée. »

La Berlinale est réputée pour son côté politique. Le documentaire gagnant de l’édition 2024, No Other Land, réalisé par une équipe israélo-palestinienne, fustigeait Israël pour sa façon de traiter les Palestiniens de Cisjordanie. Les spectateurs avaient scandé des slogans anti-Israël lors des projections. Les réalisateurs avaient « parlé des violations des droits de l’Homme prétendument commises par Israël », mais personne n’avait mentionné les violences et enlèvements d’Israéliens survenus cinq mois plus tôt, a déclaré Havemann.

Cette année, les familles des otages ont exhorté les organisateurs de la Berlinale à parler publiquement de David Cunio qui, en plus d’avoir été présenté dans « Letter to David », avait joué avec son frère jumeau Eitan dans le film de fiction de Shoval « Youth », projeté à la Berlinale en 2013. David et son plus jeune frère Ariel ont été enlevés par le Hamas lors de l’assaut barbare et sadique du 7 octobre. La semaine dernière, sa famille a reçu des preuves suggérant que David était toujours en vie, selon les informations disponibles. Sharon, la femme de David, et leurs filles jumelles avaient été libérées lors du cessez-le-feu de novembre 2023.

Eitan, qui n’a pas été enlevé le 7 octobre, milite activement pour la libération de ses frères.

Sharon Aloni Cunio, David Cunio et leurs jumelles, Yuli et Emma, avant que toute la famille ne soit prise en otage le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Le soir de la Première, la directrice de la Berlinale, Tuttle, ainsi que plusieurs acteurs de renom, militants des droits de l’Homme et autres personnalités se sont rassemblés sur le tapis rouge devant le théâtre Berlinale Palast et ont manifesté en faveur de la libération des Cunio. La photo a été largement diffusée.

Eitan et d’autres membres de la famille Cunio ne sont pas venus au festival, car ils espèrent avoir des nouvelles d’Ariel et David de la part des otages sur le point d’être libérés, a expliqué Shoval à la JTA.

« Le festival s’est excusé à plusieurs reprises de ne pas avoir fait preuve de plus d’empathie envers les otages », a-t-il précisé.

« J’ai trouvé que le festival était très accueillant et faisait preuve d’empathie. J’ai eu l’impression d’être entouré à la fois par le festival et par les gens. »

Des manifestants réclamant la libération des otages toujours détenus par le Hamas, lors d’une veillée organisée le soir de l’ouverture du Festival international du film de Berlin, la Berlinale, près du cinéma Palast, à Berlin, le 13 février 2025. (Crédit : Toby Axelrod/JTA)

« Holding Liat » a également remporté un prix dans la catégorie « Forum », pour les productions cinématographiques internationales contemporaines « non conventionnelles ». Dans le film, le père de Liat, Yehuda Beinin, se bat pour la libération de sa fille sans renier sa position politique pacifiste. Sa famille le décrit comme quelqu’un d’impassible, mais il finit par craquer lorsque le stoïcisme n’est plus de mise. Comme une rivière laissée à son libre cours, il entraîne le spectateur avec lui.

Son épouse Chaya, en revanche, fait preuve d’une empathie à toute épreuve. Elle dit qu’elle ressentirait dans son propre corps si sa fille était blessée physiquement.

Cette connexion physique se retrouve également dans « Letter to David », qui inclut des séquences tournées en 2013 pour « Youth ».

Shoval a inclu un extrait d’un test caméra de 2013 avec les jumeaux Cunio, dans lequel « ils disent qu’ils ont une sorte de relation télépathique, qu’ils savent exactement ce que l’autre pense à tout moment », a raconté Shoval à la JTA lors d’une interview via Zoom.

Eitan et David Cunio, stars de « Youth » de Tom Shoval. (Crédit : Match Factory)

« Évidemment, cette connexion est évidente, visuellement parlant, dans le film, mais on la voit aussi sur le visage d’Eitan. On peut réellement voir ce que c’est que d’être privé de sa moitié. »

Récemment, Eitan a dit à Shoval qu’il « ne voulait pas ressentir ça […] Tant que je ne ressens rien, je sais qu’il va bien ».

Dans l’un des moments les plus saisissants du film, Shiri et Yarden Bibas et d’autres résidents du kibboutz Nir Oz – qui, pour beaucoup d’entre eux, comme Shiri Bibas et ses deux enfants, sont aujourd’hui officiellement décédés – apparaissent à l’écran. Les prises de vue, réalisées pour la plupart par David Cunio en 2012 ou 2013, étaient restées telles quelles dans une caisse de la société de production, a ajouté Shoval.

« J’ai retrouvé cette boîte, je l’ai ouverte et voilà le trésor », a-t-il déclaré.

« C’est un choc de voir Shiri Bibas et tous les autres. Il y a quelque chose de tellement innocent et tellement libre, et d’un avenir tellement prometteur pour tous ces jeunes qui s’amusent, se promènent dans le kibboutz qu’ils aiment et dans lequel ils ont grandi, que cela donne l’impression que c’est ainsi qu’il faut les voir. »

« La vie et le cinéma sont comme David et Eitan », a-t-il ajouté.

« Ce sont des frères jumeaux et ils ne peuvent pas être déconnectés. Je veux et j’espère que David et Ariel reviendront dès que possible, et que la vie et le cinéma pourront enfin être réunis comme ils le devraient. »

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.