Bipeurs du Hezbollah : le parquet de Taïwan confirme deux auditions
Le parquet a également indiqué que quatre sites avaient été perquisitionnés et assure prendre l'affaire "très au sérieux"
Deux représentants de sociétés taïwanaises ont été auditionnés à Taïwan dans le cadre de l’enquête sur l’origine des bipeurs piégés du Hezbollah au Liban, a confirmé vendredi le parquet, sans toutefois livrer de noms.
« Nous avons demandé au Bureau d’enquêtes de poursuivre hier (jeudi, ndlr) l’audition en tant que témoins de deux personnes rattachées à des entreprises taïwanaises », a indiqué le bureau des procureurs du district de Shilin, à Taipei.
Le New York Times a affirmé que les bipeurs qui ont explosé mardi, tuant des responsables du Hezbollah, avaient été fabriqués par l’entreprise taïwanaise Gold Apollo et piégés par Israël.
Mais Gold Apollo a démenti ces informations, pointant du doigt son partenaire hongrois BAC, qui est autorisé à utiliser sa marque. « Ce ne sont pas nos produits (…) du début à la fin », a affirmé mercredi son directeur, Hsu Ching-kuang, à des journalistes à Taipei.
Le gouvernement hongrois a de son côté assuré que BAC était « un intermédiaire commercial, sans site de production ou opérationnel en Hongrie ».
Jeudi, des journalistes de l’AFP avaient vu M. Hsu pénétrer dans les locaux des enquêteurs en compagnie d’une femme. Des médias locaux ont identifié cette femme comme étant la représentante d’une société basée à Taipei, Apollo Systems, liée à BAC.
Le parquet de Taïwan, qui n’a pas dévoilé d’identités, a dit vendredi prendre l’affaire « très au sérieux ». « Nous clarifierons les faits dès que possible, notamment en ce qui concerne l’implication ou non d’entreprises taïwanaises », a souligné le bureau du procureur.
Les deux témoins entendus jeudi ont été autorisés à quitter les lieux après leur interrogatoire, a précisé cette source.
Le parquet a également indiqué que quatre sites avaient été perquisitionnés, notamment dans les districts de Xizhi et de Neihu, à Taipeh. Le siège de Gold Apollo est situé dans le premier et celui d’Apollo Systems dans le second, selon le registre du commerce.
Le ministre de l’économie, Kuo Jyh-huei, a indiqué vendredi à des journalistes que les bipeurs de Gold Apollo fabriqués à Taïwan étaient composés d’éléments bas de gamme, tels que des circuits intégrés et des piles. « Ces appareils ne peuvent pas exploser », a-t-il affirmé, indiquant que Gold Apollo avait exporté 260 000 bipeurs ces des deux dernières années sans aucun incident.
Interrogé sur les bipeurs utilisés au Liban par le Hezbollah, il a déclaré que l’on pouvait « être sûr qu’ils ne sont pas produits à Taïwan ».
Le premier ministre Cho Jung-tai a pour sa part réaffirmé vendredi que « la société et Taïwan n’ont pas exporté directement des ‘pagers’ vers le Liban ».
Des centaines de bipeurs et talkies-walkies utilisés par le mouvement islamiste libanais Hezbollah, soutenu par l’Iran et allié du Hamas , ont explosé à travers le Liban mardi et mercredi lors d’une attaque sans précédent, ayant fait 37 morts et près de 3 000 blessés.
Le chef du Hezbollah a promis une « terrible » riposte à cette spectaculaire attaque attribuée à Israël.
Depuis le 8 octobre, au lendemain du pogrom perpétré par le Hamas, les forces dirigées par le Hezbollah ont attaqué presque quotidiennement des communautés israéliennes et des postes militaires le long de la frontière, le groupe affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza pendant la guerre qui s’y déroule.
Jusqu’à présent, les escarmouches à la frontière ont causé la mort de 26 civils du côté israélien, ainsi que celle de 20 soldats et réservistes de l’armée israélienne. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.
Près de 60 000 Israéliens ont été contraints de quitter leurs maisons situées près de la frontière nord en raison des tirs de roquettes incessants du Hezbollah, et ont été relogés plus au sud au cours des 11 derniers mois.
Le Hezbollah a nommé 443 membres qui ont été tués par Israël au cours des accrochages en cours, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 78 autres agents d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués.