Black Friday est désormais un événement en Israël
Comment la cohue les soldes de Noël qui démarrent au lendemain de Thanksgiving ont-elles pu arriver en Israël ? C'est la faute d'Internet

JTA – Je regardais la télévision en fin de soirée samedi soir – ce n’est pas très excitant jusqu’ici – quand j’ai été submergée par une série de publicités qui m’ont donné l’impression que j’étais de retour en Amérique.
Les messages étaient en hébreu et hurlaient, mais je pouvais discerner les deux mêmes mots anglais dans chacun d’eux : Black Friday. (Il faut le prononcer avec l’accent israélien, un genre de Blek Fridey). Vêtements, électroménagers, décoration de la maison – toutes les publicités annonçaient les soldes du Black Friday.
Et l’irruption du Black Friday ne s’est pas limitée à ma télévision. Soudain, chaque SMS sur mon téléphone portable (et j’en reçois beaucoup parce que j’ai des cartes de fidélité dans tous les magasins des centres commerciaux de Kfar Saba où je fais mes achats) est un message d’une chaîne de magasins qui me rappelle que ses soldes Black Friday ont déjà démarré !
Je ne vais pas mentir, j’ai profité de ces soldes. En fait, je suis allée dans mon centre commercial préféré aujourd’hui et il y avait des affiches de soldes du Black Friday devant chaque magasin.
Mais la différence ici : Les magasins ne sont pas submergés de clients comme en Amérique (bien que le rythme des achats soit remarquablement rapide).
Ce n’est pas la première année que je remarque les soldes du Black Friday en Israël. C’est juste que cette année, c’est devenu… normal.
Comment cette tradition des plus américaines – les soldes de Noël qui ont lieu le lendemain de Thanksgiving – est-elle arrivée en Israël ? C’est la faute d’Internet. Les Israéliens commandent une tonne de marchandises en ligne, et tous les sites Web qu’ils visitent annoncent les soldes du Black Friday et du Cyber Monday. Si c’est bon pour les Américains, c’est bon pour les Israéliens, non ?
Alors que les Israéliens en sont venus à attendre ces soldes de novembre, qui ont lieu cette année, comme par hasard moins de deux semaines avant Hanoukka, je ne pense pas que la plupart d’entre eux savent pourquoi il y a un Black Friday ni que ce sera le lancement des soldes de la saison du shopping de Noël.

Et pourquoi le feraient-ils ? En tant que nation, nous ne célébrons pas Noël même si c’est le pays où s’est déroulée l’histoire.
Mais tout le monde aime les soldes.
Pour ce qui est de Thanksgiving, lorsque nous avons fait notre alyah des États-Unis il y a plus de 18 ans, mon mari et moi avons décidé de perpétuer la tradition de Thanksgiving. Ces fêtes ont été particulièrement significatives pour son grand-père immigré, qui a fui l’Europe juste avant la Shoah, et pour mon père immigré, un survivant de la Shoah.
La première fois que j’ai essayé d’acheter une dinde entière pour notre dîner de Thanksgiving, les bouchers de trois quartiers m’ont regardé comme si j’étais une folle. « Ein davar kazeh po ! » (il n’y a pas de telle chose ici), a dit l’un d’eux, et m’a suggéré d’emporter une belle poitrine de dinde à la maison.
« Pourquoi tu veux ça ? » demanda un autre.

Quant à la sauce aux cranberries, oubliez ! Dans les dernières années, les magasins des quartiers anglophones de villes comme Jérusalem et Raanana ont commencé à faire des réserves de sauce aux cranberries. Et cette année, mon supermarché local a aussi commencé à en vendre, probablement par déférence envers un nouveau groupe de jeunes immigrants des États-Unis qui ont déménagé dans notre communauté ces dernières années et qui continuent, apparemment, à célébrer Thanksgiving.
Dimanche, quand je suis allée commander une dinde entière chez le boucher local, la femme au comptoir m’a dit que j’étais la troisième commande ce matin-là !
« Pour Chag Hahodaya, n’est-ce pas ? » m’a-t-elle demandé, en utilisant une traduction littérale de « Fête de l’action de grâce ». (Dans une étrange coïncidence linguistique, le mot hébreu pour dinde, hodou, peut aussi signifier « rendre grâce ». C’est un fait amusant pour tout le monde sauf pour la dinde.)
Le terme « Black Friday » est devenu largement reconnu dans les années 1980. Selon plusieurs sources, la police de Philadelphie a surnommé ce vendredi de « noir » (de façon péjorative, comme dans « faire les yeux noirs » ou « mouton noir ») pour décrire la foule et le trafic le jour suivant Thanksgiving et le jour précédant le match de football Army-Navy.
Afin de rendre le terme plus gai, les commerçants ont expliqué que le succès de la journée fait la différence entre finir dans le rouge, ou travailler à perte, ou être dans le noir, et faire des bénéfices.
Les Israéliens le savent-ils ? Je n’en ai aucune idée. Mais chaque fois que j’entends ou que je vois une publicité du Black Friday, j’ai l’impression qu’une trop grande partie de l’Amérique s’est glissée dans notre société. Nous avons déjà des soldes de pré-Rosh HaShana et de pré-Pessah, car elles sont aussi devenues des occasions de faire des cadeaux. Mais Black Friday ? Ce n’est vraiment pas Israël.

Tout ce que je sais, c’est que j’ai hâte d’être vendredi et de voir cesser le matraquage publicitaire. D’ailleurs, les soldes de fin de saison débuteront d’ici peu.
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