Blinken appelle à augmenter la pression sur le Hamas, pas seulement Israël
Le secrétaire d'État américain, qui regrette le "silence" de la communauté internationale sur le Hamas, a dénoncé l'obsession exclusive sur les demandes faites à Israël concernant la guerre
Le secrétaire d’État américain Blinken a critiqué mardi ce qu’il a appelé une obsession exclusive de la part de la communauté internationale sur les demandes faites à Israël concernant la guerre à Gaza, face au silence quant à la responsabilité du Hamas dans le conflit.
« Ce qui me frappe, c’est que même si nous entendons de nombreux pays exhorter à la fin de ce conflit… je n’entends pratiquement personne exiger du Hamas qu’il cesse de se cacher derrière des civils, qu’il pose les armes, qu’il se rende. Ça serait fini demain si le Hamas faisait cela », a déclaré Blinken.
« Il semble y avoir un silence sur ce que le Hamas pourrait faire, devrait faire, doit faire, si nous voulons mettre fin à la souffrance d’hommes, de femmes et d’enfants innocents », a déclaré M. Blinken lors d’une conférence de presse. « Il serait bon que le monde s’unisse autour de cette idée », a-t-il dit.
« Comment se fait-il qu’aucune exigence ne soit formulée à l’agresseur, et que seules des demandes soient faites à la victime ? Ce serait bien s’il y avait une forte voix internationale poussant le Hamas à faire ce qui est nécessaire pour mettre fin à cela », ajoute-t-il.
Le secrétaire insiste sur le fait que « n’importe quel autre pays au monde, confronté à ce qui s’est passé le 7 octobre, ferait la même chose » qu’Israël.
Sur le même sujet, Matthew Miller, porte-parole du département d’État américain, avait déclaré le 4 décembre que, bien que le Hamas n’ait « pas d’armée de l’air, ils disposent d’une puissance de feu suffisante pour tué 1 200 personnes comme ils l’ont fait le 7 octobre. Alors ne me dites pas que le Hamas ne peut pas déposer les armes et prendre des mesures supplémentaires pour protéger les civils, ou quitter les zones dans lesquels ils mettent des civils palestiniens en danger. Ils le pourraient tout à fait. Ils pourraient faire cela dès aujourd’hui s’ils se souciaient un tant soit peu des vies civiles ».
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Blinken a par ailleurs affiché un optimisme prudent au sujet d’un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour améliorer la situation humanitaire catastrophique à Gaza.
« Nous avons travaillé intensément sur ce dossier. Je suis au téléphone à ce sujet depuis deux jours », a déclaré le secrétaire d’Etat lors d’une conférence de presse à Washington.
« J’espère que nous pourrons trouver une solution satisfaisante », a-t-il ajouté.
Le Conseil de sécurité de l’ONU devait se prononcer mercredi sur une nouvelle résolution destinée à améliorer la situation humanitaire catastrophique à Gaza – mais le Conseil a de nouveau reporté le vote.
Washington avait déjà opposé son veto le 8 décembre sur une résolution précédente réclamant un véritable « cessez-le-feu humanitaire ».
La dernière version de la résolution vue par l’AFP appelle à une « suspension urgente des hostilités pour permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave, et à des mesures urgentes vers une cessation durable des hostilités ».
M. Blinken a spécifiquement pointé cette question de l’aide humanitaire comme étant un point d’achoppement.
« L’objectif de la résolution, tel qu’il a été défini par les pays qui l’ont présentée, est de faciliter et d’accroître l’aide humanitaire qui parvient à Gaza. Nous soutenons pleinement cet objectif », a déclaré M. Blinken.
Mais « nous voulons nous assurer que la résolution, dans ce qu’elle demande et exige, fait réellement avancer cet effort et ne fait rien qui pourrait nuire à l’acheminement de l’aide humanitaire et la rendre plus compliquée », a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions.
La guerre, déclenchée à cause des massacres perpétrés par le groupe terroriste du Hamas contre Israël, a provoqué d’immenses destructions à Gaza : la plupart des hôpitaux sont hors service, 1,9 million de personnes, soit 85 % de la population, ont fui leur foyer et la moitié souffre de faim extrême ou sévère, selon l’ONU.