Blinken : Il faut faire beaucoup plus pour protéger les civils palestiniens à Gaza
"On peut, et on doit faire plus", a déclaré le secrétaire d'État américain à la presse en marge du dialogue ministériel entre les États-Unis et l'Inde à New Delhi
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré vendredi qu’il fallait « faire beaucoup plus pour protéger les civils et s’assurer que l’aide humanitaire leur parvienne » à Gaza.
« Beaucoup trop de Palestiniens ont été tués, beaucoup trop ont souffert ces dernières semaines, et nous voulons faire tout ce qui est possible pour éviter de leur faire du mal et pour maximiser l’aide qui leur parvient », a déclaré Blinken à la presse en marge du dialogue ministériel entre les États-Unis et l’Inde à New Delhi. « On peut, et on doit faire plus. »
Blinken s’est félicité de la décision prise jeudi par Israël d’instaurer des pauses humanitaires quotidiennes de quatre heures dans certaines zones du nord de Gaza afin de permettre aux Palestiniens d’évacuer ou de faire des réserves de nourriture, d’eau, de médicaments ou d’autres produits de première nécessité au milieu des combats.
Il a demandé que des camions supplémentaires d’aide humanitaire soient instamment autorisés à entrer dans la bande de Gaza et que l’on veille à ce qu’il y ait un « approvisionnement adéquat » en carburant pour alimenter des installations telles que les hôpitaux et les usines de dessalement.
Le secrétaire d’État a déclaré que les États-Unis continueraient à discuter des mesures concrètes qu’Israël peut prendre pour protéger les civils pendant les combats à Gaza, tout en travaillant « sans relâche » pour ramener les 241 otages chez eux, en intensifiant les efforts pour élargir l’accès de l’aide humanitaire à la bande de Gaza, en dissuadant les adversaires d’ouvrir de nouveaux fronts contre Israël et en œuvrant pour une solution à deux États à la fin de la guerre.
Selon Blinken, les États-Unis ont élaboré une série de « principes de base » qui guideront les efforts de paix après la guerre : pas de déplacement forcé des Palestiniens de Gaza ; pas d’utilisation de Gaza comme plate-forme pour des attaques terroristes contre Israël ; pas de réduction du territoire de Gaza ; et un engagement en faveur d’une gouvernance dirigée par les Palestiniens pour Gaza et la Cisjordanie, et ce, de manière unifiée.
« Ces idées et d’autres que nous avons avancées, que d’autres partagent et qui, je pense, peuvent commencer à constituer la base de ce que nous devons faire », a déclaré Blinken.
Israël ne semble toutefois pas adhérer à certains de ces principes. Des responsables israéliens, dont le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen, ont indiqué que Tsahal devrait créer une zone tampon à l’intérieur de Gaza afin de prévenir de futures attaques terroristes.
Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu affirme qu’Israël ne veut pas réoccuper ou gouverner Gaza après la guerre, il déclare également que Tsahal restera sous le contrôle de Gaza après la guerre et qu’Israël conservera la responsabilité globale de la sécurité dans la bande de Gaza pour une période indéfinie après la guerre, et il n’est pas clair si ces déclarations se contredisent.
Face aux critiques selon lesquelles l’administration Biden s’était contentée de belles paroles sur la solution à deux États avant la guerre, Blinken a affirmé que les États-Unis « se sont engagés depuis longtemps en faveur de deux États ».
Ces critiques ont été renforcées après la publication par Foreign Affairs d’une version imprimée d’un article rédigé par le conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, avant l’assaut du 7 octobre, qui vantait les efforts des États-Unis pour maintenir le calme au Moyen-Orient, sans faire la moindre mention de la solution à deux États. La version web, qui a été mise en ligne après le massacre du Hamas, a supprimé la ligne affirmant que la région n’avait jamais été aussi calme depuis des décennies et a ajouté une ligne sur l’importance d’une solution à deux États.
« Lorsque nous sommes entrés en fonction, les conditions ne semblaient certainement pas réunies pour faire avancer ce dossier dans l’immédiat. Nous devions d’abord nous assurer que le calme régnait autant que possible, puis essayer de construire à partir de là », a déclaré le secrétaire d’État.
Il a noté qu’au cours des deux dernières années et demie, les États-Unis se sont opposés aux mesures prises par Israël pour étendre les implantations, légaliser les avant-postes sauvages, démolir les maisons palestiniennes, expulser les Palestiniens, porter atteinte au statu quo sur les lieux saints de Jérusalem, ainsi qu’aux violences commises par les résidents d’implantations.
Blinken a attiré l’attention sur les réunions régionales organisées par les États-Unis en Égypte et en Jordanie au début de l’année, qui ont rassemblé les dirigeants israéliens et palestiniens pour des discussions politiques et économiques, les premières de ce type depuis plus de dix ans.
Il a également souligné les efforts déployés par les États-Unis pour favoriser l’intégration d’Israël dans la région, notamment les pourparlers avec l’Arabie saoudite en vue d’une normalisation des relations avec Israël qui, selon les deux parties, progressaient rapidement avant que la guerre n’éclate. Blinken a insisté sur le fait que ces négociations n’étaient « pas un substitut à un État palestinien, mais en réalité un moyen de le faire progresser ».
« Mais maintenant, nous avons vécu (…) l’horreur – presque au-delà de l’imagination humaine – du 7 octobre. Cela ne fait que renforcer notre conviction et notre engagement en faveur d’une paix durable, que nous envisageons, une fois encore, à travers la création de deux États », a déclaré Blinken.