Blinken : Israël a « effectivement perdu sa souveraineté dans le nord »
L'obtention d'un cessez-le-feu à Gaza est le meilleur moyen de mettre fin aux attaques du Hezbollah et des Houthis, a fait valoir le chef de la diplomatie américaine
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré mardi que la réponse du Hamas à la dernière proposition de cessez-le-feu d’Israël peut être qualifiée de « oui, mais », le groupe terroriste « essayant d’imposer de nouvelles conditions, de faire bouger les lignes, de revenir sur des positions qu’il avait déjà acceptées et d’essayer d’en obtenir davantage ».
« Nous avons déployé des efforts intenses avec les Égyptiens et les Qataris pour voir si nous pouvions combler les lacunes créées par le Hamas », a expliqué Blinken lors d’un entretien à la Brookings Institution, tout en reconnaissant qu’en fin de compte, c’est au chef du Hamas, Yahya Sinwar, à qui il revient de décider si la guerre se poursuivra ou non.
Blinken a également déclaré que récemment, « les Israéliens parlent d’une réduction significative de leurs opérations à Gaza. Cela reste à voir ».
« Lorsque ce conflit prendra fin, il ne peut pas et ne doit pas se terminer par un vide à Gaza. Il doit se terminer de manière à ce qu’il y ait des plans clairs, cohérents et réalisables pour la gouvernance, la sécurité et la reconstruction de Gaza », a affirmé Blinken.
« Les plans d’après-conflit sont essentiels, car si nous arrivons à un moment où le conflit évolue de manière spectaculaire dans notre pays – [espérons-le]… par le biais d’un cessez-le-feu – si nous ne sommes pas prêts, si la région n’est pas prête, il y aura un vide, et les vides ont tendance à être comblés par de mauvaises choses avant d’être comblés par de bonnes choses. »
« Nous avons dit aux Israéliens que nous attendions d’eux qu’ils développent leurs propres plans, leurs propres idées. Nous n’avons pas vu suffisamment de choses de ce genre de la part d’Israël », a regretté Blinken.
Le secrétaire d’État américain a ajouté qu’Israël « a effectivement perdu sa souveraineté dans le quadrant nord de son pays parce que les gens ne se sentent pas en sécurité pour rentrer chez eux ».
Blinken a réaffirmé sa conviction qu’Israël ne veut pas d’une guerre au Liban, mais admet que l’Etat hébreu « pourrait bien être prêt à s’engager dans une guerre si nécessaire – de son point de vue – pour protéger ses intérêts ».
Il a également fait valoir que le Hezbollah ne souhaite pas réellement une guerre, que le Liban ne la souhaite pas non plus parce qu’il en serait la première victime, et que l’Iran ne souhaite pas une guerre parce qu’il préfère préserver le Hezbollah pour un scénario dans lequel il aurait un conflit direct avec Israël.
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« D’une part, personne ne souhaite une guerre. D’autre part, il y a une dynamique qui peut conduire à cette direction que nous sommes déterminés à essayer d’arrêter », a résumé Blinken.
Il a ajouté que les Etats-Unis ont travaillé sans relâche pour négocier un accord qui inclurait de « s’assurer que les forces … soient retirées afin qu’elles ne puissent pas mettre en danger les gens chaque jour » – une reconnaissance apparente de la demande d’Israël que le Hezbollah se retire au nord de la rivière Litani, à 30 kilomètres de la frontière.
Selon Blinken, l’obtention d’un cessez-le-feu à Gaza est le meilleur moyen de mettre fin aux attaques du Hezbollah et des Houthis.
Depuis le lendemain des attaques barbares et sadiques commises par le Hamas palestinien aidé par des civils palestiniens complices, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens.
Israël a menacé d’entrer en guerre pour forcer le Hezbollah à s’éloigner de la frontière s’il ne recule pas et continue de menacer les communautés du nord, d’où quelque 70 000 personnes ont été évacuées pour échapper aux combats.
Selon la Treizième chaîne israélienne, le conseiller à la sécurité nationale Tzahi Hanegbi a récemment déclaré aux députés que « le gouvernement n’a défini aucun objectif clair concernant le nord, ni dates, ni cibles, ni objectifs stratégiques ».
« Il ne peut pas y avoir une situation où nous, les résidents de la Galilée, payons le prix de l’échec des accords diplomatiques qui n’ont pas été appliqués », a déclaré un kibboutznik à l’AFP, faisant référence à la fameuse résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Celle-ci avait mis fin à la Seconde Guerre du Liban en 2006 et appelle au désarmement de toutes les forces armées non étatiques au Liban, ainsi qu’à la libération de la région située entre la frontière israélo-libanaise et le fleuve Litani de toutes les forces armées autres que l’armée libanaise et la mission de maintien de la paix de l’ONU, la FINUL.
Ces clauses de la résolution n’ont jamais été appliquées et le Hezbollah est devenu un groupe terroriste lourdement armé. Il affirme disposer de dizaines de milliers de terroristes et posséderait un arsenal de quelque 150 000 roquettes et missiles de différents types.