Brexit : six éléments à connaître
Les juifs britanniques pourraient profiter de la sortie de l’UE, bien que la démission du pro-Israélien Cameron est un coup dur

JTA – Le Royaume-Uni et le reste de l’Europe se sont réveillés mardi sur une nouvelle réalité, alors qu’une faible majorité d’électeurs britanniques avait dit que leur pays devait quitter l’Union européenne (UE). Les marchés ont tremblé, la devise britannique s’est effondrée, et le Premier ministre David Cameron a annoncé son intention de démissionner. C’était un coup dur porté à une alliance formée spécifiquement pour éviter la répétition des rivalités nationalistes qui avaient entraîné la Première et la Deuxième Guerres Mondiales.
Même si les juifs britanniques semblaient aussi diviser que le reste du pays au sujet du « Brexit », au moins une voix importante, Stephen Pollard, le rédacteur en chef du journal The Jewish Chronicle, a salué le vote comme « un merveilleux jour pour la Grande-Bretagne, et ses juifs ».
L’argument de Pollard : la Grande-Bretagne est maintenant libre d’établir sa propre charte lorsqu’il s’agit des intérêts juifs, de freiner l’extrémisme et de soutenir Israël.
« Loin des marchandages et des négociations de Bruxelles qui sont à l’origine de la politique étrangère de l’UE, la Grande-Bretagne est à présent libre de se tailler une position encore plus favorable, si nous le souhaitons », a-t-il écrit.
Mais Pollard parlait à peine pour tous les juifs britanniques, et l’impact du vote pourrait ne pas être aussi clair qu’il semble l’être pour lui. Voici six éléments à onnaître à propos du vote du Brexit.
Pas de commentaire, s’il-vous-plaît – nous sommes des juifs britanniques.
Les représentants de la communauté juive britannique sont restés strictement neutres sur le sujet du Brexit, parce qu’il divise une communauté d’environ 250 000 personnes aussi bien que la population générale, selon un sondage de Jewish Chronicle du mois dernier.
Et bien que d’importants personnages juifs anglais comme le sociologue David Hirsch ait déploré le résultat, une conséquence de peur et de xénophobie, d’autres juifs importants l’ont célébré comme une libération des diktats de Bruxelles, dont le député européen conservateur Daniel Hannan.
Ce n’est pas terminé.
Le référendum du 23 juin, dans lequel 52 % des votants se sont exprimés en faveur de la sortie de l’UE, n’est pas contraignant. Le Premier ministre pourrait organiser un vote à ce sujet au Parlement, où la majorité devrait être en faveur du maintien dans l’UE. Ceci dit, jeter cette politique à la tête des électeurs serait très controversé, si ce n’est incendiaire. Mais une fois encore, quitter l’UE aussi.
Au revoir, copain.

David Cameron, qui a parié son futur politique sur un vote en faveur du maintien et a annoncé sa démission suite au résultat, a été un ami exceptionnel des juifs britanniques et d’Israël, ce que lui accordent ses partisans et ses détracteurs.
Pendant son mandat, la Grande-Bretagne a commencé à rédiger des projets de loi rendant illégal le boycott contre Israël, et a alloué 17 millions de dollars supplémentaires à la protection des communautés juives.
Salut les gars, à un de ces soirs.
Les personnes qui vont probablement remplacer Cameron au sein du parti conservateur ont aussi des références pro-Israël et pro-juives sérieuses.
Boris Johnson, ancien maire de Londres à la langue acérée qui a soutenu le Brexit, a rejeté l’année dernière ceux qui cherchaient à isoler Israël via le mouvement BDS [Boycott, Désinvestissements et Sanctions] comme des « universitaires gauchistes » qui n’avaient aucune chance d’avoir une influence en Grande-Bretagne, poussant ses hôtes palestiniens à annuler une rencontre prévue avec lui en Cisjordanie.
Michael Gove, un autre soutien conservateur du Brexit, et secrétaire à la Justice de Grande-Bretagne, a eu un rôle central dans la législation anti-boycott.
Dommage collatéral.
Le vote a nui non seulement au chef du parti conservateur, mais aussi à Jeremy Corbyn, dirigeant du Labour. Ancien partisan de moins d’intervention de l’UE dans la politique britannique, il a néanmoins soutenu le maintien dans l’Union européenne et a fait campagne en ce sens.
A présent, il affronte des critiques internes pour ce qui est perçu comme son échec. Les nombreux électeurs travaillistes qui ont soutenu le Brexit sont cités par ses rivaux au sein du Labour comme une preuve supplémentaire que Corbyn, qui affronte déjà une opposition interne pour avoir minimisé le problème d’antisémitisme du Labour, souffre d’un problème de leadership.
Bonne nouvelle pour Trump ?

Le vote du Brexit a choqué la Grande-Bretagne parce que beaucoup le jugeaient impensable ou infaisable, pensant que, malgré les sondages, les partisans du Brexit finiraient par voter pour le maintien, pour ne pas secouer le bateau ou ne pas entraîner un écrasement de la devise (c’est arrivé : la livre est tombée à son plus bas contre le dollar depuis 31 ans à 1,35 dollar).
Donald Trump, arrivé vendredi en Ecosse pour l’inauguration de l’un de ses parcours de golf, a très rapidement interprété le Brexit comme un signe d’espoir pour sa propre tentative présidentielle, qui l’a emmené d’outsider du parti républicain à nominé probable pendant une campagne concentrée sur l’isolationnisme et l’opposition à l’immigration.
« Je vois vraiment un parallèle entre ce qu’il se passe aux Etats-Unis et ce qu’il se passe ici, les gens veulent voir des frontières, a-t-il déclaré en Ecosse. Cela se passe aux Etats-Unis, cela se passe par le fait que j’ai été si bon pendant les primaires. »
Il n’a pas été le seul à voir le parallèle : Bill Kristol, important néo-conservateur juif, a déclaré que le résultat surprenant pouvait refléter une tendance de la part des sondeurs à sous-estimer vote de droite, comme ils l’ont fait quand Cameron et Benjamin Netanyahu en Israël ont gagné les élections en 2015, et que Trump pourrait obtenir plus que ce qui lui est promis.
Polls consistently underestimating right-wing support — Cameron & Bibi, now Brexit. So if polls show Clinton up 5, could Trump be even?
— Bill Kristol (@BillKristol) June 24, 2016