Israël en guerre - Jour 495

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‘C’est un régime qui a toujours été antisémite, anti-Israël, pro-palestinien’

Castro est toujours l’ennemi d’Israël, prévient un important dissident cubain

Pas dissuadé par la torture et la prison, Oscar Biscet attire l’attention sur la nature totalitaire du régime de la Havane. "Je pourrais être tué en rentrant mais je dois continuer mon combat", déclare-t-il

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Oscar Biscet, militant cubain des droits civiques, à Jérusalem, en août 2016. (Crédit : Raphael Ahren/Times of Israel)
Oscar Biscet, militant cubain des droits civiques, à Jérusalem, en août 2016. (Crédit : Raphael Ahren/Times of Israel)

Oscar Biscet, un militant connu des droits de l’Homme de La Havane, a passé plus de dix ans dans les prisons cubaines pour une série de crimes supposés : irrespect à l’égard des symboles nationaux, troubles à l’ordre public, incitation à un comportement délinquant, et finalement, crimes contre la sécurité de l’Etat.

« Ils m’ont mis dans une toute petite cellule pleine de tuberculeux », a-t-il raconté la semaine dernière.

Dans une autre affaire des traitements sadiques qu’il a subis pour son opposition publique au régime, les gardiens de la prison l’ont jeté dans une petite cellule avec des patients souffrant de troubles psychiatriques qui n’avaient pas eu leurs médicaments.

« Ils sont plus subtiles que Staline et Hitler, mais ils ont les mêmes mécanismes », a-t-il déclaré en parlant des dirigeants de son pays.

Bien qu’il ait été témoin des tortures subies par ses co-détenus, électrocution et agressions physiques, Biscet n’a été soumis qu’à ce qu’il appelle de la « torture blanche », qui comprend un isolement prolongé, de longues périodes de silence totale suivie de musique très forte, et d’autres agressions psychologiques. « Ils me rappelaient constamment qu’ils pouvaient me faire tout ce qu’ils voulaient à n’importe quel moment. »

‘Ils peuvent me tuer. Je sais que je prends un risque. Mais je dois continuer à me battre pour la liberté’

Lundi, Biscet, qui a été libéré de prison il y a cinq ans mais n’avait pas été autorisé, jusqu’à présent, à quitter le pays, a terminé son premier voyage en Israël.

A Jérusalem, il a rencontré des responsables des gouvernements actuels et passés, dont l’ancien chef du Mossad à Téhéran, le diplomate du ministère des Affaires étrangères chargé de l’Amérique centrale, et le député du Likud Avi Dichter, ancien chef du Shin Bet et actuel président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset.

Père jovial de deux enfants et grand-père de trois petits-enfants, Biscet, qui est actuellement en Floride, compte rentrer dimanche à Cuba, malgré un danger tangible. Il pourrait être à nouveau incarcéré, ou pire. « Bien sûr que j’ai peur. Ils pourraient me tuer. Je sais que je prends un risqué. Mais je dois continuer de me battre pour la liberté », a-t-il dit en espagnol, via un traducteur.

L’objet principal de son voyage, pour lequel il a quitté son pays natal pour la première fois de sa vie, est de prévenir le monde, et particulièrement Israël, contre le régime de La Havane.

Malgré le récent rapprochement avec les Etats-Unis, Cuba est toujours un régime cruel et totalitaire qui viole systématiquement les droits civiques et supprime brutalement l’opposition politique, a-t-il déclaré. Et même s’il a été libéré de prison, personne ne peut penser que la nation insulaire communiste est devenue, ou est sur le point de devenir, une démocratie.

« Le fait que je sois ici n’est pas parce qu’il y a des changements ou des libertés à Cuba », a-t-il déclaré au Times of Israël dans un café de Jérusalem, faisant référence au fait qu’il ait été autorisé à quitter le pays malgré ses critiques du régime.

« Nous sommes ici parce que le gouvernement cubain est intéressé à montrer une nouvelle image, mais parce qu’il y a un quelconque changement réel dans le gouvernement cubain. »

En décembre 2014, les Etats-Unis ont rétabli des relations diplomatiques avec La Havane, déclarant la fin de décennies d’hostilité. « L’isolation n’a pas fonctionné », avait déclaré à l’époque le président américain Barack Obama, annonçant une « nouvelle approche ». En mars, Obama était devenu le premier dirigeant américain à se rendre sur l’île depuis 1928.

Aux côtés du président cubain Raul Castro, à droite, le président américain Barack Obama assiste à un dîner d'Etat au Palais de la Révolution à La Havane, le 21 mars 2016. (Crédit : AFP/Adalberto Roque)
Aux côtés du président cubain Raul Castro, à droite, le président américain Barack Obama assiste à un dîner d’Etat au Palais de la Révolution à La Havane, le 21 mars 2016. (Crédit : AFP/Adalberto Roque)

« Cette nouvelle politique américaine d’engagement diplomatique avec Cuba est une erreur », a déclaré Jose Azel, chercheur à l’Institut pour les études cubaines et cubo-américaines de l’université de Miami, qui a accompagné Biscet en Israël.

« Parce que c’est une politique qui adopte l’oppresseur et ignore les oppressés. C’est une politique qui choisit d’être aux côtés des méchants et pas de ceux qui luttent pour la démocratie. »

Contrairement à ce que pense beaucoup de personnes, Cuba ne s’est pas amélioré depuis que Fidel Castro a remis le pouvoir à son frère Raul il y a dix ans, a-t-il déclaré. « Il n’y a absolument aucun mouvement vers la démocratie, ni de changement politique quelconque », a affirmé Azel.

L’argument du gouvernement américain est qu’une ouverture diplomatique et un certain engagement économique entraîneront la démocratisation à un certain moment est faux, a déclaré Azel. La Chine et le Vietnam ont ouvert leur marché à l’Occident il y a des décennies, et en sont certainement plus riches aujourd’hui, a-t-il dit. « Cela parle bien du capitalisme, mais ils n’ont pas avancé d’un pas vers la liberté politique. Suggérer que les changements économiques entraînent une liberté politique est manifestement faux. »

Il est vrai que les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis depuis des dizaines d’années n’ont pas réussi à changer la nature dictatoriale du régime, a reconnu Azel. Mais il y a 190 pays dans le monde qui ont toujours eu des relations diplomatiques et économiques avec Cuba, et cela n’a pas entraîné non plus la démocratisation, a-t-il expliqué. « Donc, si vous me citez un exemple d’échec politique, je répondrais qu’il y a 190 exemples d’échecs politiques. Les deux politiques ont échoué. »

Biscet, médecin de profession, a commencé sa carrière de dissident au milieu des années 1980 en organisant une manifestation contre le droit à l’avortement pour protester contre ce qu’il appelle le système d’ « avortements abusifs » du gouvernement cubain.

Depuis, il est devenu un militant respecté. En 1997, George W. Bush lui a remis la Médaille présidentielle de la Liberté, l’appelant « un champion du combat contre la tyrannie et l’oppression ».

Quatorze ans plus tard, en 2011, le groupe de rock U2 a rendu hommage à Biscet pendant un concert à Miami, saluant son combat courageux. « Gardez-le dans vos pensées, Gardez-le dans vos prières », a demandé le chanteur Bono au public.

Cette semaine, il s’est rendu dans l’Etat juif pour prévenir les Israéliens de ne pas baisser la garde. « Castro est le premier ennemi d’Israël », a-t-il déclaré. Le régime a l’un des meilleurs services de renseignement du monde, et vend des informations aux pays et aux organisations qui veulent détruire l’Etat juif. Il a également accueilli des camps d’entraînement du Hamas et du Hezbollah, a-t-il noté.

De gauche à droite : le dissident cubain Oscar Biscet, le député Avi Dichter, et le chercheur américano-cubain Jose Azel, à Jérusalem, en août 2016. (Crédit : Lily Azel)
De gauche à droite : le dissident cubain Oscar Biscet, le député Avi Dichter, et le chercheur américano-cubain Jose Azel, à Jérusalem, en août 2016. (Crédit : Lily Azel)

« Je suis préoccupé par Israël [et sa relation avec Cuba], parce que c’est le seul exemple de démocratie, de liberté, et de liberté religieuse au Moyen Orient. Et Cuba est une dictature qui viole tous les droits fondamentaux, a déclaré Biscet. Alors que des Israéliens vont à Cuba et profitent des beaux paysages et des belles plages, ils ne réalisent peut-être pas que cette dictature compromet l’Etat d’Israël dès qu’il le peut. »

La Havane avait unilatéralement rompu ses relations avec Jérusalem il y a 40 ans, et était devenu un critique sévère des politiques israéliennes depuis. Pendant des décennies, Israël et les Etats-Unis ont été les seuls pays soutenant un embargo économique contre le pays. Etant donné les relations étroites entre Jérusalem et Washington, il était très largement attendu qu’Israël suive la détente d’Obama avec Cuba.

« Nous n’avons pas de conflit avec Cuba ; la déconnexion entre nos deux pays n’est pas naturelle », avait déclaré l’année dernière un responsable diplomatique de Jérusalem au Times of Israël.

‘Si vous voulez coucher avec l’ennemi, allez-y. Mais comprenez que vous couchez avec l’ennemi’

Biscet et Azel ne disent pas qu’Israël ne doit pas établir de relations diplomatiques avec Cuba (ce qui intéresserait Jérusalem, mais que La Havane ne semble pas favoriser), puisque que tous les autres pays du monde ont déjà de telles relations. Cependant, ils veulent que les Israéliens soient pleinement conscients de la position hostile de La Havane et de son influence destructrice sur le monde.

« Si vous voulez coucher avec l’ennemi, allez-y. Mais comprenez que vous couchez avec l’ennemi. Cuba est toujours absolument l’ennemi d’Israël », a déclaré Azel.

« C’est un régime qui a toujours été antisémite, anti-Israël, pro-palestinien, a-t-il déclaré. C’est un régime qui a une alliance très forte avec l’Iran, et un régime qui représente un danger pour la sécurité nationale des Etats-Unis, et aussi d’Israël. »

En plus de son combat anti-Castro, Biscet, chrétien pieux et fervent partisan du droit du peuple juif à s’installer dans son ancienne patrie, a également gardé du temps pour faire du tourisme. Il voulait particulièrement placer une note dans le mur Occidental. Qu’a-t-il souhaité ? Biscet a répondu en riant, comme si la réponse était évidente. Il a ensuite répondu, « la liberté à Cuba et pour ma famille ».

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