Chicago : L’agresseur des étudiants juifs de l’université DePaul, inculpé de crime de haine
L’un des étudiants attaqué en novembre par Adam Erkan, 20 ans, dit ne plus oser aller en cours en raison des menaces antisémites dont il fait l'objet
JTA — L’un des hommes accusés d’avoir passé à tabac deux étudiants juifs de l’université DePaul en novembre dernier, après que l’un d’entre eux a exprimé son soutien à Israël, a été inculpé de crime de haine.
Adam Erkan, 20 ans, a été mis en examen sur la base de deux chefs d’accusation pour coups et blessures aggravés, ainsi que pour crime de haine, a annoncé cette semaine le bureau du procureur du comté de Cook.
Cette inculpation intervient alors que le président de l’université DePaul a été convoqué devant le Congrès pour témoigner de l’antisémitisme au sein de son établissement. Robert Manuel doit comparaître le 7 mai devant une commission de la Chambre, laquelle a lancé un examen fédéral sur l’antisémitisme sur les campus universitaires, en réponse à la flambée de haine qui a suivi le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023.
Elle intervient également deux semaines après le dépôt de plaintes de Max Long et de Michael Kaminsky, les deux étudiants victimes de l’agression du mois de novembre, qui ont accusé l’université jésuite DePaul de n’avoir pas protégé ses étudiants juifs.
Au moment des faits, l’université DePaul avait condamné l’agression, se disant « outrée » et affirmant coopérer avec la police de Chicago pour identifier les agresseurs et pour déterminer si les étudiants avaient été pris pour cible en raison de leur identité juive.
Jeudi, l’université a précisé qu’Erkan n’entretenait aucun lien avec DePaul et elle a exprimé sa gratitude envers les forces de l’ordre. « Les actes de haine et de violence n’ont pas leur place à DePaul », a déclaré l’université dans un communiqué. « Nous condamnons l’antisémitisme sous toutes ses formes et nous nous tenons aux côtés des personnes touchées par cet acte répréhensible. »

Long est réserviste de Tsahal et il se trouvait en Israël lors de l’attaque du Hamas. Il dirige une organisation à but non lucratif qui vise à soutenir les soldats seuls, ces jeunes ayant émigré en Israël pour s’engager dans l’armée, quittant leur famille pour servir l’État juif.
Depuis le 7 octobre, alors que les critiques à l’encontre de Tsahal et les démonstrations d’hostilité envers ses soldats à l’étranger se sont multipliées, il organise des visites de réservistes au sein des universités où ils partagent leurs expériences.
À l’université DePaul, il se promenait régulièrement, drapé des couleurs israéliennes, tenant une pancarte invitant à « venir parler d’Israël avec un soldat de Tsahal ».
C’est alors qu’il se trouvait devant le centre étudiant de DePaul, au mois de novembre, que deux individus masqués l’avaient, semble-t-il, agressé en proférant des insultes antisémites avant de le frapper. Kaminsky était apparemment intervenu pour lui porter secours.
Les deux étudiants avaient refusé de recevoir des soins sur place, a indiqué l’université, mais Kaminsky avait ensuite découvert qu’il souffrait d’une fracture du poignet nécessitant une opération chirurgicale. Long, de son côté, a affirmé avoir subi une commotion cérébrale avec des séquelles durables.
À la suite de cette agression, plusieurs organisations juives avaient manifesté à DePaul pour réclamer des mesures contre l’antisémitisme.
Le mois dernier, l’université a interdit d’accès à son site le groupe activiste pro-palestinien de Chicago, Behind Enemy Lines.
L’organisation à but non lucratif Lawfare Project, spécialisée dans la défense des droits civils des Juifs, a également pris en charge la défense des deux étudiants.
Dans leur plainte contre DePaul, Long et Kaminsky accusent l’université de ne pas les avoir protégés malgré les menaces et le harcèlement dont Long avait déjà fait l’objet auparavant. La plainte indique que depuis l’agression, des étudiants ont publié des tracts le présentant comme « recherché » et le qualifiant de « boucher de Tsahal », des prospectus qui auraient été distribués sur le campus. Long a déclaré à la presse locale qu’il craignait tellement d’être à nouveau agressé physiquement qu’il avait abandonné un cours nécessitant sa présence à l’université.
Aujourd’hui, avec l’arrestation d’Adam Erkan, Kaminsky, un étudiant en droit pénal qui a récemment été désigné « Militant étudiant de l’année » par le Combat Antisemitism Movement, a confié ressentir un certain soulagement.
« J’ai un petit soupir de soulagement en sachant que l’un des deux agresseurs violents qui s’en sont pris à deux étudiants juifs n’est plus en liberté pour le moment », a-t-il déclaré à ABC News après l’arrestation de Erkan.

L’antisémitisme est en forte hausse aux États-Unis depuis le pogrom du 7 octobre 2023. Lors de nombreuses manifestations, campements et autres rassemblements organisés dans les universités à travers le pays, des étudiants ont exprimé ouvertement leur soutien au Hamas et appelé à la destruction de l’État d’Israël.
Cette recrudescence a conduit l’administration du président américain Donald Trump à prendre des mesures contre certaines universités – mesures qui ont compris le gel de financements fédéraux, la menace de leur retirer leur statut d’exonération fiscale, ainsi que la révocation de visas d’étudiants internationaux.
Les détracteurs de cette politique estiment qu’elle est motivée par des considérations partisanes et qu’elle porte atteinte à l’indépendance des établissements d’enseignement supérieur.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.