Chypre fait « partie de la solution, pas du problème », dit son président au Hezbollah
Nikos Christodoulides a fait valoir que son pays jouait un rôle "reconnu" dans le déploiement d'un corridor maritime permettant d'acheminer de l'aide humanitaire à Gaza
Le président chypriote Nikos Christodoulides a réagi jeudi aux menaces proférées par le chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, en répondant que son pays n’était « impliqué d’aucune façon dans cette guerre ».
« J’ai lu les commentaires (du chef du Hezbollah, ndlr) et je tiens à dire que la république de Chypre n’est impliquée d’aucune façon dans cette guerre », a déclaré dans un communiqué le président chypriote.
Chypre fait « partie de la solution, pas du problème », a-t-il dit, faisant valoir que ce pays jouait un rôle « reconnu par le monde arabe et l’ensemble de la communauté internationale » dans le déploiement d’un corridor maritime en Méditerranée permettant d’acheminer de l’aide humanitaire à Gaza.
Hassan Nasrallah a menacé, pour la première fois, Chypre, une île méditerranéenne membre de l’Union européenne (UE) située en Méditerranée à quelque 300 kilomètres d’Israël et environ 200 du Liban, et qui entretient de bonnes relations avec ces deux pays, en disant que le groupe terroriste pourrait la considérer comme « partie prenante de la guerre » et y frapper des cibles si elle permettait à Tsahal d’utiliser l’infrastructure logistique du pays en cas de guerre.
« L’ouverture des aéroports et des bases chypriotes à l’ennemi israélien pour cibler le Liban signifierait que le gouvernement chypriote est partie prenante de la guerre dans cette guerre et que la Résistance [mot détourné par les groupes terroristes anti-Israël] le traitera comme tel », a-t-il averti dans un discours retransmis en direct à la télévision.
Après les menaces du chef du Hezbollah contre Chypre, le ministère libanais des Affaires étrangères déclare que « les relations entre le Liban et Chypre sont basées sur une riche histoire de coopération diplomatique ».
Les contacts et les consultations se poursuivent entre les deux pays « au plus haut niveau », indique un communiqué du ministère des affaires étrangères, sans faire spécifiquement référence aux remarques de Nasrallah.
Lors d’une conversation avec son homologue chypriote, le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a exprimé « la confiance constante du Liban dans le rôle positif que joue Chypre dans le soutien de la stabilité régionale », selon l’Agence nationale de presse libanaise
Un porte-parole de l’organe exécutif de l’Union européenne a déclaré jeudi que toute menace contre Chypre est une menace contre les 26 autres pays membres de l’Union.
Peter Stano s’exprimait en réponse à une question concernant la menace du chef du Hezbollah
Stano a déclaré que l’UE soutenait pleinement Chypre et que le bloc commercial était en contact avec « un certain nombre de partenaires dans la région », y compris le Liban et le Hezbollah, afin de désamorcer la tension.
Chypre a entretenu des relations de plus en plus étroites avec Israël ces dernières années, suite à la découverte de gisements sous-marins de gaz naturel dans les eaux situées entre les deux voisins. Le pays a également accueilli des exercices militaires conjoints israélo-chypriotes, mais n’a participé à aucune opération militaire.
Le porte-parole du gouvernement chypriote, Konstantinos Letymbiotis, a répété que toute suggestion selon laquelle Chypre – par le biais de ses infrastructures ou de son territoire – serait impliquée dans une opération militaire au Liban est « totalement infondée ».
Letymbiotis s’est fait l’écho de son président, en réaffirmant que la nation insulaire « ne fait pas partie du problème » mais « de la solution » grâce à son empreinte diplomatique régionale.