Cinéma : Varsovie dément l’existence d’une « liste noire » évoquée par Pawlikowski
"Il n'y a en Pologne aucune liste noire d'artistes et le ministre de la Culture n'a jamais accusé M. Pawlikowski de quoi que ce soit", a déclaré le ministre polonais de la Culture

Le ministre polonais de la Culture Piotr Glinski a fermement démenti dimanche l’existence d’une « liste noire » d’œuvres ou d’artistes mal vus par le pouvoir conservateur, qu’avait dénoncée le réalisateur oscarisé du film « Ida » Pawel Pawlikowski.
« Il n’y a en Pologne aucune liste noire d’artistes et le ministre de la Culture n’a jamais accusé M. Pawlikowski de quoi que ce soit », a écrit M. Glinski, qui est aussi vice-Premier ministre, sur son compte Twitter.
« Il règne en Pologne la plus complète liberté de création. Je souhaite aux artistes polonais des succès à Cannes et pas seulement à Cannes », a-t-il souligné.
Dans une interview accordée à l’AFP au cours du Festival de Cannes, le réalisateur polonais avait dit que son film « Ida », couronné par un Oscar en 2015, figurait sur « une liste noire » des œuvres « à ne pas soutenir » en Pologne et dans « les instituts culturels » polonais à l’étranger.
Ses propos ont été largement diffusés et repris en Pologne par le portail d’information Onet.pl, suscitant des réactions indignées d’hommes politiques et de médias proches du pouvoir conservateur nationaliste.
« Il semble – c’est incroyable – que l’interview de Pawlikowski et l’attaque contre moi soient une manipulation d’un portail allemand », a ajouté M. Glinski dans un autre message sur Twitter, faisant allusion au fait qu’Onet appartient au groupe germano-suisse Ringier Axel Springer.
« Les bras m’en tombent. D’autant plus qu’en mars nous avons soutenu le film « Cold War » (actuellement en compétition à Cannes, cité parmi les candidats à la Palme d’Or – NDLR) avec un million de zlotys supplémentaire (234 000 euros) pour qu’on puisse terminer la production », a-t-il déclaré.
Un vice-ministre de la Culture, Pawel Lewandowski, a ajouté que l’Institut national du film (PISF) « aurait donné semble-t-il six millions de zlotys (1,4 million d’euros) au dernier film de Pawlikowski », selon la chaîne de télévision publique TVP info, proche du pouvoir.
Dans son entretien avec l’AFP, M. Pawlikowski avait déclaré que « Ida » était « sur une liste noire de toutes les instituts culturels polonais de par le monde. Il y a une liste noire de quels livres, quels metteurs en scène, quels auteurs il ne faut pas soutenir. J’ai l’honneur d’être sur cette liste », avait assuré le cinéaste.
« Ida » touche à de douloureux tabous qui pèsent sur la vie des Juifs en Pologne, une audace qui lui a valu d’être attaqué tant par la droite nationaliste que par la gauche dans son pays.